dimanche 20 mai 2012

Les Grecs vident les comptes courants

Capitaine Martin  

Les premiers à croire que la Grèce sortira de la zone euro sont les Grecs eux-mêmes qui, en proie à la panique, se sont présentés aux guichets bancaires pour retirer, en quelques jours, quelque 700 millions d’euros des comptes courants. La banque centrale a sonné l’alarme pour éviter la fuite des capitaux, sachant que le phénomène ne pourra que s’accentuer eu égard au contexte économique et social du pays. Même si rien ne sera comparable aux années 2010 et 2011, quand l’importance de la dette publique grecque éclata à la face du monde.

L’échec des tractations en vue de former un nouveau gouvernement et la perspective de nouvelles élections, fixées au 17 juin 2012, ont aggravé les préoccupations des citoyens qui disposent encore d’un peu d’argent. La dissolution des partis historiques, socialistes et conservateurs, liés tous les deux aux technocrates européens, et la prise de conscience que de lointains usuriers ont imposé à la Grèce un programme « de sang et de larmes », ont accru à tel point le mécontentement que nombreux sont en droit de penser que la débâcle est proche et que le pays s’achemine tout droit vers la banqueroute et la sortie de l’euro.

Le Pasok et Nouvelle démocratie sont considérés comme étant les seuls en mesure de traiter avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international pour négocier des prêts (conditionnés à une politique d’austérité que l’extrême-gauche comme l’extrême-droite rejettent en bloc). La Grèce a donc vu affluer aux guichets bancaires un grande nombre de ses citoyens venus retirer des espèces sonnantes et trébuchantes pour les garder par-devers eux, à la maison, au cas où… D’autres les ont déjà probablement confiés à des compatriotes à l’étranger.
Pour conjurer le mauvais sort, la banque centrale a pensé un moment introduire un plafond maximum de 50 euros sur les prélèvements de comptes courants, mais c’est une mesure qui aurait été d’autant plus impopulaire qu’il a été porté à la connaissance publique que le Trésor grec a récemment remboursé 450 millions d’euros en titres à un fonds d’investissement étatsunien. Une dette qui ne rentrait pas du tout dans l’accord fixé avec les principales banques internationales. Accord qui comportait un taux de 70 % sur le capital et qui a été à l’origine de la réaction, fort légitime, du leader de la Gauche démocrate, Fotis Kouvelis, qui s’est dit indigné que les spéculateurs qui ont mis la Grèce à genoux aient pu être ainsi remboursés.
Mario Draghi et José Manuel Barroso, au nom respectivement de la banque centrale européenne et de la commission européenne, ont assuré urbi et orbi que la nomenklatura communautaire voulait que la Grèce reste tant dans l’Union que dans la zone euro. Le technocrate portugais a même usé du terme de « famille européenne ». « La décision finale revient à la Grèce », a concédé Barroso, « mais je l’exhorte à tenir ses engagements vis-à-vis de la politique de rigueur ». « Il est donc important que les citoyens grecs se prononcent prochainement en toute connaissance de cause », finit-il par conclure.
Le pouvoir politique n’ayant pu constituer un gouvernement légitime, soutenu par le Pasok et Nouvelle démocratie et dirigé par l’ancien de Goldman Sachs, Lucas Papademos, il reviendra au gouverneur de la banque de Grèce, George Provopoulos, de colmater les brèches et d’éviter qu’on n’assiste, comme en février 2011, à une prise d’assaut en bonne et due forme, des ministères et des sièges des banques, considérés par les Grecs comme responsables des spéculations et de la situation actuelle de leur pays.

Capitaine Martin

Résistance Politique

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