Robert Fisk
Le silence des États-Unis et de l’Union Européenne équivaut à une claire approbation.

Mais les Syriens eux-mêmes ont officiellement confirmé que des installations militaires ont été touchés par les Israéliens. Et ce n’est pas pour la première fois depuis le début de la rébellion. Le Fateh-110 - la nouvelle version, au moins - a peut-être une portée de 250 km. Et il pourrait en effet atteindre Tel-Aviv depuis le sud du Liban. Si le Hezbollah en a effectivement en sa possession... Mais pourquoi les Syriens en enverraient-ils, comme des sources américaines l’ont prétendu la nuit dernière, alors que les Américains eux-mêmes ont prétendu en décembre dernier que les Syriens avaient utilisé les mêmes missiles sol-sol contre les forces rebelles en Syrie.
En d’autres termes, le régime syrien était prêt à renoncer à ses fusées pour les envoyer au Liban, alors qu’il s’en sert dans la guerre en Syrie ... Mais il y a encore d’autres questions à se poser. Si l’armée de l’air syrienne peut utiliser ses MiG de façon si dévastatrice - et avec un tel coût en vie de civils - contre ses ennemis à l’intérieur de la Syrie, pourquoi ne pourrait-elle pas envoyer ses avions protéger Damas et attaquer l’aviation israélienne ? L’armée de l’air syrienne n’est-elle pas censée protéger la Syrie d’Israël ? Ou alors les MiG ne sont-ils tout simplement pas techniquement en mesure de prendre le contrepied de l’état de l’art (américain) du matériel militaire d’Israël ? Ou serait-ce juste aller un peu trop loin ?
Beaucoup plus important, cependant, est le fait évident qu’Israël est directement intervenu dans la guerre syrienne. On peut dire qu’il ne voulait que viser des armes destinées au Hezbollah - mais ces armes étaient aussi utilisées contre les forces rebelles en Syrie. En diminuant le nombre de ces armes, il a donc aidé les rebelles dans leur tentative de renverser Bachar al-Assad. Et puisque Israël se considère comme une nation occidentale - le meilleur ami et meilleur allié militaire des États-Unis au Moyen-Orient, etc, etc - cela signifie que « nous » sommes maintenant impliqués dans la guerre, et directement depuis les airs.

Alors maintenant, les Iraniens et le Hezbollah sont accusés d’intervenir en Syrie - c’est vrai, et jusqu’à preuve contraire, on nous demande de le croire - et le Qatar et l’Arabie saoudite fournissent des armes aux rebelles - vrai, mais pas suffisamment, diront les rebelles syriens - et les Israéliens sont entrés dans le jeu. Nous nous retrouvons aujourd’hui engagés militairement.
* Robert Fisk est le correspondant du journal The Independent pour le Moyen Orient. Il a écrit de nombreux livres sur cette région dont : La grande guerre pour la civilisation : L’Occident à la conquête du Moyen-Orient.
Photo : Bâtiments de la banlieue de Damas, bombardés par l’aviation sioniste - Photo : AFP/SANA
Info Palestine
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