Il y a urgence pour l’hôpital ! C’est en effet le constat alarmant que vient de
dresser l’Inspection générale des Finances, laquelle exhorte les établissements
de santé à limiter leurs emprunts bancaires de court terme.
Il est vrai que la situation est pour le
moins préocuppante : la dette des hôpitaux a en effet a triplé en moins de dix
ans, leurs investissements plombant un peu plus leurs comptes chaque jour.
Le journal « Les Echos » révèle ainsi que
l’Inspection générale des finances vient d’indiquer dans un rapport que
l’encours des prêts de moyen et long terme est passé de 9 milliards d’euros en
2003 à plus de 24 milliards en 2011.
Selon l’IGF, le secteur hospitalier a été d’autant plus
frappé par la crise financière de 2008, compte-tenu de son fort niveau
d’endettement. Citant pour exemple le CHU de Caen,
lequel a été contraint de retarder des paiements courants, en l’absence de
trésorerie.
Le patron de la Fédération hospitalière de
France ne l’entend pas de la sorte, estimant pour sa part « que l’hôpital risque
l’embolie avec la multiplication des normes ».
Rappelons qu’en mai 2012, le Parisien-Aujourd’hui en France
indiquait que près de trois cents établissements médicaux français se
retrouveraient ainsi en effet difficulté financière après avoir contracté des
emprunts toxiques, à des taux pouvant aller jusqu’à 15%, auprès de la banque franco-belge
Dexia démantelée en octobre 2011.
Le quotidien indiquait alors que les hôpitaux français
auraient désormais besoin de plus de
deux milliards d’euros : 1,5 milliard pour des investissements de long terme
et 600 milllions de trésorerie pour leur fonctionnement courant.
L’hôpital psychiatrique de Sevrey, près de
Chalons sur Saône a quant à lui porté plainte auprès du tribunal de grande
instance pour un emprunt de 3 millions d’euros souscrit auprès de Dexia.
Le nouveau directeur de l’établissement,
Philippe Collange, avait précisé à cette occasion que le prêt « était indexé sur la parité dollar/franc suisse, bonifié à
4,31% les deux premières années », puis qu’ensuite une « formule s’appliquait » , pour au final en août 2011,
aboutir à un taux s’élevant jusqu’à 14%.
Les emprunts à taux
variables contractés par les hôpitaux étaient ainsi souvent indexés sur les
parités de change entre l’euro ou le dollar, et le franc suisse ou la couronne
norvégienne, perçus comme des valeurs refuge. Rappelons que ces prêts ont attiré au
départ nombre de dirigeants d’hôpitaux, leurs taux étant très bas pendant
plusieurs années, une aubaine donc à l’origine, permettant d’abaisser rapidement
les charges des établissements désirant investir.
Reste qu’en septembre 2012, pour
protester contre contre le manque de moyens de son service, le chef des urgences
de l’hôpital Saint-Louis, Pierre Taboulet, avait adressé sa lettre de démission
à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
« Nos moyens sont trop
insuffisants/inadaptés en regard de l’activité qui ne cesse de croître et de se
compliquer », avait indiqué le Dr Taboulet dans un courrier daté du 17
septembre, adressé au directeur de l’hôpital et aux dirigeants de l’AP-HP.
« Nous
manquons surtout, comme partout, de lits dans l’hôpital ou à l’extérieur« ,
précisait par ailleurs le médecin. Pointant du doigt l’organisation et par
dessus tout un nombre d’urgentistes et d’infirmiers « insuffisant », « des
gardes de 14-15 heures [...] épuisantes et mal payées » et un nombre d’internes
qui « décroît ».
Le médecin déplorant également un « ratio de productivité
inflationniste » alors qu’un manque
d’investissements notable est à déplorer selon lui sur des dossiers aussi
importants que conditions et moyens de travail et soins des patients .
« En conséquence, les temps d’attente aux urgences s’allongent
» et « la prise en charge des malades n’est plus satisfaisante », affirme au
final encore le Dr
Taboulet.
Quelques jours auparavant, le personnel hospitalier de l’Hotel
Dieu, à Paris avait manifesté son opposition au projet de fermeture des
urgences et aux restructurations menées par
l’AP-HP.
Les raisons de la colère ? la volonté de la direction de
l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) de transférer son siège de
l’avenue Victoria à l’Hôtel-Dieu, mais avant tout la disparition programmée des
services de soins
de l’hôpital et des urgences.
Pour Dina Vernant, présidente de
l’association L’Hôpital pour tous, c’est le principe même de l’hôpital public
qui est visé à travers le symbole de l’Hôtel-Dieu. « On nous fait croire qu’il
est devenu obsolète alors que de nombreux investissements y ont été faits. La
vérité, c’est que la direction ne réfléchit qu’à travers un objectif budgétaire
annuel » avait-elle alors indiqué.
Elisabeth Studer - 27 mai 2013 -
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