C’est
quoi le film ? L'Angleterre qui redevient une ile ? Mais Londres est
une capitale totalement européenne ! Allez y passer quelques heures, et
vous me direz si vous êtes sur une ile, fière et rebelle face au monde,
ou dans la plus intégrée des Europe.
Boostés par les programmes Erasmus,
les étudiants savent qu’il faut raisonner européen, et tout se
construit sur cette base. C’est une force immense qui existe à Londres,
et croire que tout peut être remis par terre à cause de ce référendum
ambiguë… Pour le moment, il y a une grosse tempête, qui peut avoir bien
des effets vu le contexte politique, économique et social. Mais ce qui
construit le monde, c’est la vraie vie, c’est-à-dire ce que vivent les
gens, ce qu’ils construisent ensemble. On verra dans quelques années ce
qu’il restera de ce référendum.
Quelques réflexions
1/ Cameron l’irresponsable
Ce
référendum, c’est une invention d’un Cameron affaibli pour renforcer
son assisse dans son camp. Il n’y avait aucune menace travailliste quand
il s'est engagé dans ce programme insensé : affubler l’Europe de tous
les maux, aller négocier des aménagements techniques à Bruxelles,
aménagements inbitables et invérifiables car ils ne seront jamais mis en
œuvre, pour finalement expliquer qu’il faut voter avec enthousiasme
pour l’Europe, guérie de ses maux grâce au génie de Cameron... De ce
point de vue, le Brexit est parfaitement logique.
2/ L’Ecosse vers l’indépendance
La réussite du stratège Cameron se confirme : l’Ecosse, pro-Europe à 62%, va demander son indépendance,
et l’Irlande du Nord, pro-Europe à 56 % - qui sait ce que l’Europe lui a
apporté – se pose des questions. Les entreprises britanniques n’ont
donc pas besoin de s’installer en Ile de France, où les invite Mamie
Pécresse. Il leur suffit de délocaliser leur siège social en Ecosse, et
elles seront tranquilles. Déjà que l’Écosse fournit les meilleurs
whiskies, cela devient vraiment une destination fameuse. Dans quelques
années, les Anglais en train de s’inscrire aux agences de l’emploi en
Ecosse… Wahou le référendum historique…
3/ Le Royaume Uni toujours membre du Conseil de l’Europe
Le
Royaume Uni reste totalement européen, inscrit dans les mécanismes
contraignants du droit européen,… parce que, s'il va sortir de l’Union
européenne, il reste membre du Conseil de l’Europe. Il est tenu
d’appliquer la Convention européenne des droits de l’homme, la Charte
sociale européenne et il reste soumis à la Cour européenne des droits de
l’homme. Or, le Conseil de l’Europe, c’est tout ce qui concerne les
droits fondamentaux, les libertés publiques, la vie privée, la liberté
de religion, mais aussi les droits sociaux et la non-discrimination…
Pour avoir une petite idée des sujets traités par la Cour européenne des
droits de l’homme, vous pouvez cliquer ici.
4/ Quelles critiques argumentées de l’Europe ?
L’Union
européenne peut mieux faire… c’est une évidence, il y a maintes
critiques à former, mais pour que ces critiques soient entendables, il
faut qu’elles reposent sur un minimum d’élaboration, et dépassent le
stade du miasme crispé contre les technocrates européens, ce bien connu
rot populiste… Un exemple ? L’Union européenne, nous dit-on, nivelle la
diversité des Etats. Si c’est vrai, c'est grave. Oki ? Mais donnez-moi
un seul exemple significatif, précis et argumenté, avec please, les références en droit communautaire. Ça m’intéresse.
5/ La faiblesse des Etats, le vrai problème
Le
vrai problème actuel n’est pas la crise de l’Europe – L’Europe est
toujours en crise car elle est dans un processus de construction – mais
la faiblesse des pouvoirs étatiques. Nous ne sommes pas dans une Europe
fédérale, mais dans une Europe des Etats. Ces Etats sont indispensables
car ce sont les seuls lieux où se créent les racines politiques et la
solidarité. Or, à l’exception notable de l’Allemagne, les pouvoirs
politiques dans les grands Etats européens sont par terre : Cameron
faisant éclater son pays pour un petit arrangement interne à son parti ;
l’Espagne paralysée par l’absence de majorité politique, avec de
nouvelles élections ; Hollande sans aucune prise sur le pouvoir, et qui
s’apprête à être éliminé au premier tour des présidentielles ; Razi,
décrit hier encore comme le nec plus ultra du pouvoir moderne,
qui est aujourd’hui humilié par un parti populiste amateur ; la Belgique
et son gouvernement perpétuellement chancelant…
L’Europe,
ce sont des Etats qui discutent ensemble. Ce n’est pas une Europe
fédérale. L’Union européenne se combine très bien avec des Etats forts,
en rappelant que l'autoritarisme n’est pas un signe de force. Si
l’on veut renforcer l’Europe, il faut d’abord renforcer les Etats, ce
qui veut dire des dirigeants politiques à la hauteur, compétents,
sachant décider, et ayant une vision de la politique interne et
internationale de leurs pays.
Dans
le monde bouleversé de la mondialisation, alors que tout dirige vers
une gouvernance économique et militaire supranationale, les Etats
restent la première garantie des peuples, et en Europe, ces Etats n’ont
d’avenir que s’ils savent travailler entre eux. Il n’y a aucune
opposition entre l’Union européenne et les Etats ; le seul problème est
l’incompétence de la classe politique dirigeante. Incompétence et
irresponsabilité, car ceux qui ne cessent de créer les difficultés se
présentent toujours comme étant les seuls pouvoir les résoudre.
Remontons les manches, il y a du travail.
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