Conférence de presse de Jean-Luc Mélenchon, au lendemain du résultat du
référendum sur le Brexit, en Grande-Bretagne, le 24 juin 2016.
Le refus du peuple anglais de rester membre de l’Union européenne
est un tremblement de terre pour l’Union européenne telle que nous la
connaissons. Finalement, depuis 2005, la France puis les Pays-Bas,
ensuite la Grèce : chaque fois que l’on pose la question au peuple de
savoir s’il accepte ce qui est proposé par l’Europe, la réponse est non.
Quelle que soit la pression qui s’effectue, quelle que soit la
mobilisation des médiacrates et des appareils politiques de chacun des
pays.
Il est temps d’en tirer la leçon. Car s’il est évident que nous
sommes dans une situation d’échec de l’Union européenne, il n’est pas
moins évident que cette situation comporte de nombreux dangers qu’il
faut juguler. Notamment celui du nationalisme et de l’opposition des
peuples entre eux, car c’est au fond ce que l’Europe aura le mieux
provoqué entre les pays membres de l’Union européenne. Dès lors, il faut
bien comprendre ce qui se passe et y réfléchir avec soin. Le refus des
peuples n’est pas le refus de la paix, n’est pas le refus de l’union et
de la bonne entente. C’est le refus d’une Europe des privilégiés, c’est
le refus de l’Europe des faces de pierre de la Commission européenne.
C’est le refus des TroÏka et autres proconsuls qui viennent dans chaque
pays organiser le pillage lorsque la Commission l’a décidé et ainsi de
suite. Au fond, c’est le refus du fait qu’il n’y ait pas d’harmonisation
fiscale, le refus du fait qu’il n’y ait pas d’harmonisation sociale.
Si bien que dans la vie de tous les jours, il faut dire les
choses comme elles sont : L’Union européenne c’est la loi El Khomri,
c’est la désorganisation des services publics, c’est la marchandisation
de tout, c’est la faveur donnée aux riches, aux ultrariches et aux
privilègess de toutes sortes. Et il est donc normal que les gens, qui
n’ont qu’une vie et qui tâchent de la vivre dignement, disent non à une
organisation pareille. Dès lors, et pour résumer, c’est d’abord l’échec
de cette Europe qui a une adresse : celle du gouvernement allemand, qui
depuis des années, de traité en traité, de rencontre en rencontre, à la
faveur d’une soumission incompréhensible, notamment des présidents de la
République française, Messieurs Sarkozy et Hollande qui, les deux,
chacun à leur tour, ont renié la parole des Français. Le gouvernement
allemand a fait la politique conforme à ses intérêts et qui n’est pas la
politique conforme aux intérêts de l’Europe. C’est donc cette Europe du
capital et cette Europe du gouvernement allemand qui est en échec
aujourd’hui et rien de plus, naturellement à condition que l’on fasse
face.
Je crois que c’est une occasion extraordinaire pour la France de
revenir sur le devant de la scène et de proposer de tout autres
méthodes. Naturellement, pour cela, il faut d’abord sortir des traités
existants. Que l’on ne me dise pas que c’est impossible. Je sais et j’ai alerté
sur le fait que les 5 présidents européens, celui de la BCE, celui de
la Commission, celui du Parlement européen, celui de l’Eurogroupe sont
en train de préparer un nouveau traité européen. Ils sont au travail
depuis maintenant plus de six mois. Il est temps que tout ceci sorte du
secret, soit débattu au grand jour, de manière à ce que ceux qui, comme
moi, veulent faire valoir l’intérêt de leur patrie et de leur peuple,
puissent être entendus.
Au fond, si nous laissons les choses aller comme
elles sont et comme elles vont, alors il n’y aura plus qu’une
alternative : changer l’Europe ou la quitter.
Et ce sera le message que j’adresse aux autres dirigeants des
gouvernements européens : l’Europe, pour les Français, on la change ou
on la quitte.
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