Décidément
rien ne nous résiste. Ni le fer, ni la terre, ni la mer, ni les
rivières et ni le granit. Revenus à l’âge de pierre, l’ingéniosité en
moins, nous sommes désormais devenus nos propres prédateurs.
Nous
excellons certes dans l’art d’utiliser la force, contre nous-mêmes bien
sûr mais surtout pas contre les plus forts de ce monde, nous avons comme
perdu l’usage de notre intelligence.
Rompus à l’art de la
combine, du mensonge et aveuglés par le gain facile, même la mer ne
nous émeut plus. Sauf peut-être ce vieux poissonnier du village qui,
durant ses 70 ans de métier, n’aura jamais vu cela. Des sardines, toutes
petites, sont livrées comme produits de la pêche et vendues mélangées à
quelques unes devenues miraculeusement adultes.
La ressources
halieutique est désormais notre nouvelle cible, celle a qui nous faisons
subir les pires sévices. Le vieux poissonnier affirme que l’an prochain
il n’y en aura plus.
Sommes-nous vraiment devenus ces
destructeurs qui ne laisseront rien à la postérité et qui n’auront rien
apporté à l’humanité ? Dur, dur de le penser !
Nos terres ne
pourront plus nous nourrir parce que blessées, défigurées, amputées
chaque jour de ce qu’elle ont de plus fertile et submergées par des
centaines de milliers de tonnes de ces rejets que nous produisons à
satiété et que nous ne savons ni trier et ni traiter. La mer s’essouffle
elle aussi, tétanisée, vidée de ses ressources, où de ce qu’il en
reste, et empêchée de reproduire ces richesses qui nous nourrissent et
qu’elle nous donne généreusement.
Nos rivières s’assèchent,
siphonnées de leur sable par ces pilleurs de la nuit venus d’un autre
âge, deviennent boueuses et engloutissent chaque année des dizaines
d’enfants venus se baigner.
Nous avons pourtant donné à l’humanité
une génération en or. Elle ne s’est plus jamais renouvelée. Certains
prétendent même que bientôt nous n’existerons plus. Ils disent que cela
est écrit.
Rien ne nous résiste mais tout nous domine et nous
envahit. Surtout le sous-développement, la pauvreté, la maladie et la
mal-vie. La crise ne nous fera certainement que du bien. Nous changerons
sans doute de mode de consommation et reviendrons peut-être à des
comportements faits de simplicité et de frugalité comme savaient si bien
le faire ceux d’autrefois. Apprendre à ne consommer que ce qui est
nécessaire et préserver le reste. Pour les autres.
Quant à ceux qui nous
pillent et malmènent nos terres et nos rivières et appauvrissent notre
mer, implorons, pour eux et pour nous, le pardon et la miséricorde de
Dieu en ces journées pieuses et bienfaitrices de Ramadhan.
Photo : sculpture : Lorenzo Quinn
Le Grand Soir
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