Un parlementaire vient d’adresser à une citoyenne hostile au CETA
(accord UE-Canada déjà négocié) comme au TAFTA (accord UE-USA encore en
négociation) une lettre qui se veut rassurante à tous égards et qui
affirme que CETA et TAFTA n’ont rien en commun. Voici le modèle de
réponse que j’ai proposé à cette citoyenne qui m’a contacté. Libre à
chacun de s’en inspirer.
Monsieur le Député,
Je vous remercie d’avoir pris la peine de me répondre, même si votre
réponse ne peut me satisfaire, car elle constitue une véritable insulte à
l’intelligence commune. Pour le dire très poliment, Monsieur le Député,
vous fondant sur l’ignorance supposée des citoyens, vous dites la chose
qui n’est pas. Enfin, je présume que vous utilisez les éléments de
réponse qu’on vous a préparés, car aucun esprit indépendant ne pourrait
assumer une telle intoxication.
Malgré tous les efforts de la Commission
européenne et, pour ce qui nous concerne, des gouvernements français
successifs, nous disposons du texte complet du CETA, du texte du mandat
européen de négociation du TAFTA et des éléments de la négociation en
cours grâce aux fuites organisées par des fonctionnaires qui ont un sens
plus élevé de la démocratie que les politiques.
Sur base d’un examen comparatif des deux textes, et sauf à nous
prendre pour des imbéciles, il est impossible d’affirmer, comme vous le
faites, que « ces deux accords n’ont rien à voir l’un avec l’autre. »
Ils traitent des mêmes sujets, ils proposent les mêmes
objectifs et ils mettent en oeuvre les mêmes moyens. Le CETA n’est pas
un TAFTA déguisé, ce sont des traités jumeaux.
Dans le CETA comme dans le TAFTA, on traite de l’accès aux marchés et
des droits de douane, du commerce des services, des investissements,
des marchés publics, de la compatibilité réglementaire et de la
coopération réglementaire, de l’énergie, de l’arbitrage des conflits
entre firmes privées et pouvoirs publics…
Dans le CETA comme dans le TAFTA, on trouve, pour chacun de ces
domaines, les propositions formulées par les grandes firmes
transnationales et avancées dans le cadre de la négociation du cycle de
Doha de l’OMC par l’intermédiaire des euro-américains.
Le CETA comme le
TAFTA sont des initiatives destinées à contourner l’échec du cycle de
Doha.
Dans le CETA comme dans le TAFTA, toutes les propositions poursuivent
les mêmes objectifs : affaiblir la puissance publique au profit du
secteur privé, affaiblir l’Etat et les collectivités territoriales face
aux firmes privées, affaiblir la défense de l’intérêt général – santé,
éducation, environnement – au profit d’intérêts particuliers.
Dans le CETA comme dans le TAFTA, ce sont les principes fondamentaux de la démocratie qui sont remis en question.
À moins de manquer totalement de cohérence, les reproches adressés au TAFTA doivent l’être avec la même force à l’égard du CETA.
Nous savons très bien pourquoi le gouvernement français, tout en
donnant l’impression de rejeter le TAFTA devenu trop impopulaire,
soutient avec force le CETA, pas encore assez connu. C’est précisément
parce que grâce au CETA, couplé à l’ALENA, on obtient les mêmes
résultats que ceux recherchés par le TAFTA avec, comme premiers
bénéficiaires, les 40.000 firmes américaines qui ont un siège au Canada.
Monsieur le Député, on peut tromper les gens un temps, on ne peut pas
les tromper tout le temps. La classe politique, dans son écrasante
majorité, a fait du mensonge une méthode de gouvernement. C’est ce qui
explique le rejet massif dont elle est aujourd’hui l’objet.
Veuillez agréer, …
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