Le
délire collectif de la « radicalisation fulgurante » qui était patent
le jour même, s’est définitivement fracassé cinq jours plus tard, avec
les déclarations du procureur de Paris François Moulins.
L’enquête confirme le caractère prémédité du passage à l’acte, d’un
projet « mûri de longue date », avec des traces de plus d’un an de
préparation. Rien de très saillant toutefois sur le téléphone et l’ordi :
en mai 2015, un article sur le Captagon, des photos de
feux d’artifices à Nice les 14 juillet et 15 août 2015, un article sur
l’affaire du commissariat du 18e arrondissement à Paris, intitulé
« L’homme tué devant le commissariat de Barbès est un tunisien »…
Des
complices ? Oui, surtout un, avec 1278 appels en un an, et d’autres. Le
procureur a ouvert une information pour association de malfaiteurs :
« Les investigations menées depuis la nuit du 14 juillet dernier n’ont
cessé d’avancer et ont permis non seulement de confirmer plus encore le
caractère prémédité du passage à l’acte mortifère de Mohamed Lahouaiej
Bouhlel, mais également d’établir que ce dernier avait pu bénéficier de
soutiens et de complicités dans la préparation et la commission de son
acte criminel ». Des gens sans casier, inconnus des services de police.
Et Daech ? Le
groupe a revendiqué l'attentat, mais selon le procureur, « le lien n'est
pas établi à ce jour avec des acteurs de l'organisation terroriste
Daech ». Le lien n’est pas établi. Oki ?
Alors ?
Et bien, une fois de plus, le spectacle atterrant de cette classe
politique et médiatique dominante, qui raconte n’importe quoi, juste
pour alimenter la peur et se mettre en avant. Catastrophique. Les
experts sur la radicalisation fulgurante… Les addicts au
« terrorisme islamiste »… Les cinglés de la France en guerre… Les
abrutis qui veulent enfermer les fichés S (alors que pas un des 6 de
Nice n’était fiché)… Les maniaques de l’état d’urgence,… dont Nice a
montré l’efficacité…
On voudrait juste qu’ils se la ferment et qu’ils dégagent.
Toute
société sécrète une grave maladie, le crime. Le crime, c’est détruire
l’autre par conviction de sa supériorité. Le chemin vers le crime, c’est
la violence, et la seule réflexion sérieuse après Nice est de
s’interroger sur cette violence, sa source, et son envolée vers
l’exacerbation. Le problème, c’est qu’il est plus facile de fantasmer
sur le « terrorisme islamiste », parce qu’on entretient le mythe d’une
société parfaite, durement attaquée par un groupe extérieur.
Admettre
que le problème est « la violence » – ce qui est la constante depuis
janvier 2015 – c’est parler d’un mal très partagé, et ça, c’est bien
plus difficile, parce qu’il faut parler de choses vraies, de nous.
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