Ce
16 juillet, peu après minuit, le coup d’État engagé en Turquie en début
de soirée semble prendre une ampleur considérable.
En moins de quatre
heures, l’armée contrôle la chaîne de télévision d’État TRT, les grands
axes de circulation et les bâtiments stratégiques à Istanbul, Ankara et
Izmir, et les bâtiments sièges du parti pouvoir l’AKP. On évoque des
tirs par hélicoptère à Ankara, et à minuit, l’information circule
d'un Parlement entouré par les chars. Le chef de l’état-major, le
général Hulusi Akar, a été isolé, et l’armée turque a établi un
« Conseil de paix » qui a annoncé la prise du pouvoir pour sauver la
démocratie et les droits de l’homme et dans l’immédiat la suspension de
la constitution, l'instauration de la loi martiale et du couvre-feu.
L'armée s'autorise l'usage des armes en cas de manifestation. Les avions
et les hélicoptères montrent qu’ils maîtrisent l’espace aérien, et
l'aéroport Ataturk a été fermé, et placé sous contrôle militaire.
Erdogan,
qui était en congé, donnait tous les signes qu’il était pris de
vitesse, au moins dans cette première phase. Alors que l’on attendait
une intervention télévisée officielle, il est apparu sur le smartphone
d’une journaliste de la CNN Turque, via Facetime, dénonçant l’action d’un groupe putschiste, au service de Fethullah Gulen, l’ennemi de l’ombre. Les
amis sur place font preuve de la plus grande inquiétude, redoutant la
perte des libertés individuelles, et surtout des risques d’affrontements
dans le pays. Les deux inquiétudes se conjuguent. Les informations sont
à ce moment trop partielles, mais l’action de l’armée semble puissante,
il apparaîtrait qu’une partie de la police a suivi. Erdogan a appelé
ses proches à descendre dans la rue et l’AKP a de très forts réseaux,
mais ce sont des heures très sombres qui attendent le peuple turc. La
journée de demain nous dira beaucoup. Mais leur inquiétude est très vive parce que la situation politique, intérieure et extérieure,
de la Turquie est en ébullition, avec 800 km de frontière commune avec
la Syrie, la question Daesh, les opérations militaires conduites contre
les Kurdes et les 2 millions de réfugiés. Trop isolé, Erdogan vient de
se rapprocher de la Russie et d’Israël. Et me revient cette phase
prémonitoire d’un ami turc : « La Syrie et la Turquie ont les mêmes
structures de population, mais si elle dure, la déstabilisation de la
Syrie entraînera celle de la Turquie ».
Les événements en cours sont de première importance. Où conduiront-ils ?
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