mardi 2 août 2016

« Il y a des morts qu’on honore et d’autres qu’on doit laisser aux chiens »

Photo : Camp de Moria.jpgLe Partageux           

De la différence de traitement des êtres humains selon la barbarie dont ils ont été victimes.

Azaz Ragda avait 29 ans. Elle avait survécu aux bombardements en Syrie. Elle avait survécu à la traversée de la Turquie vers la Grèce. Elle était arrivée à Thessalonique avec son compagnon. Ils ont été envoyés par le gouvernement Tsipras dans un camp de détention où elle est morte, faute de soins, d’une simple crise d’épilepsie. Yannis lui consacre un billet à lire vite avant que l’on censure de telles publications.
« Étéocle et Polynice sont morts. Créon, tyran de Thèbes, ordonne des funérailles pour Polynice, mais que le corps d’Étéocle soit laissé sans sépulture et devienne la proie des chiens. Sera puni de mort quiconque enfreindra sa décision. Antigone, sœur de Polynice et d’Étéocle, brave l’interdiction pour donner une sépulture à ce dernier. L’opposition se fait entre la démesure de Créon, dans l’exercice démesuré et brutal du pouvoir, et la fidélité inconditionnelle d’Antigone aux liens qui l’unissent aux autres humains. »
La préfète du Pas-de-Calais interdit l’hommage aux morts à la frontière britannique au moment où l’on rend hommage aux morts de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray. Une poignée de personnes bravent l’interdiction et, parmi elles, une institutrice d’une cinquantaine d’années est arrêtée, mise en garde-à-vue et passera en Justice en septembre.
« Il y a des morts qu’on honore, et d’autres qu’on doit laisser aux chiens, sous peine de tomber sous le coup de la législation antiterroriste. Comme si tous les morts ne se valaient pas face à la barbarie. »
La solidarité est un délit pour nos gouvernements successifs. La solidarité est un délit pour tous ceux qui déshumanisent l’Autre qui n’a pas la même religion, la même couleur de peau, les mêmes vêtements, les mêmes coutumes, la même langue ou le même pays de naissance.
Et pourtant, chaque jour, des volontaires continuent à refuser l’inacceptable, continuent à sourire, chanter, faire rire les enfants, laver des patates, cuisiner, trier les vêtements, collecter les couvertures et les tentes, tenir des consultations juridiques ou médicales. Continuent à tendre la main à nos frères humains. 

Ce sont les valeureux dont on se souviendra, les justes que l’on honorera quand les semeurs de haine, les théoriciens de l’abjection et les gouvernants seront jugés par un nouveau Tribunal de Nuremberg.

« Je crie à tous les hommes de la terre / Ma maison c’est votre maison » Gilles Vigneault chante “Mon pays”.

Le Yéti

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