dimanche 30 octobre 2016

Calais et ses réfugiés : bien des saletés...

Photo : Apres-incendie-dans-Jungle-Calais.jpgLe Partageux              

Une opération humanitaire selon le gouvernement. Mais les esprits chagrins, qui regardent sous les tapis, y retrouvent bien des saletés.

« Mais enfin, pourquoi diable voulez-vous tant aller en Angleterre ? » C’est en substance ce que demande à une femme le british journaliste dont on sent venir gros comme une maison un talent de pédagogue qui ne demande qu’à s’exprimer. « Parce que mon mari et mes enfants y vivent. » Suit un long silence du journaliste.
Les avocats étaient interdits pendant le démantèlement de la jungle. Emmaüs était interdit comme d’autres associations pas assez souples de l’échine. Les journalistes n’avaient pas accès partout et n’avaient pas accès tout le temps. On s’interroge sur un incendie ravageur mais opportun qui a bien aidé le travail de la police. Etc... Tu trouveras sur la toile tout plein de remarques désagréables sur cette opération humanitaire qui éloigne un peu plus une femme de ses enfants. Contrairement au discours officiel, rien n’est réglé et on parlera encore de Calais pendant longtemps. Jusqu’à ce que Calais ne soit plus la frontière du Royaume-Uni.
Rien n’est réglé par le bulldozer humanitaire. Tiens, un exemple pratique avec les mineurs.
« […] Il y a donc cette longue queue pour accéder au hangar où se fait le tri pour le départ vers les CAO (Centres d’Accueil et d’Orientation) et les CAOMIE (pour les Mineurs Isolés Étrangers). Il y a un premier tri des mineurs au faciès, toi tu es mineur, toi tu es majeur. Puis un entretien de moins de cinq minutes (la queue est longue) par un salarié de France Terre d’Asile et un officiel britannique pour confirmer la minorité et orienter. Les mineurs qui déclarent avoir de la famille au Royaume-Uni vont rester dans le camp de conteneurs qui jouxte le bidonville en attendant que les autorités britanniques statuent sur leur sort. Les autres partent vers le CAOMIE.
Mais pour mettre des mineurs dans le camp de conteneurs il a fallu vider des places, puisqu’il y avait déjà des gens dans les conteneurs. On a donc envoyé les CRS pour les expulser. Mais parmi les personnes expulsées, il y avait des mineurs qui se sont donc retrouvés sans abri et ont dû aller s’enregistrer au camp de containers.
Et puis il y a eu un moment où il y a eu trop de mineurs et pas assez de places libérées, alors cent cinquante mineurs ont dû dormir par terre dans les parties communes du camp de conteneurs. Et puis il y a les mineurs qui étaient déjà dans une procédure de regroupement familial au Royaume-uni, qui ont dû quand même faire la queue pour être enregistrés à nouveau et avoir accès au camp de conteneurs, mais qui n’ont pas forcément été reconnus mineurs au tri au faciès, qui ne sont donc pas admis dans les conteneurs, et qui ne savent plus où ils en sont. Il y a les mineurs qui étaient suivis par une association qui a perdu leur trace dans ce chaos. Il y a les mineurs qui appellent les associations parce qu’en besoin de comprendre ce qui leur arrive, parce que perdus, parce qu’en besoin de repères. Parce que considérés comme majeurs et obligés de monter dans un bus pour une destination qu’ils n’ont pas comprise.
Alors ce matin les jeunes étaient révoltés par ce qu’ils percevaient comme injuste. La tension est montée, les CRS appelés comme réponse au sentiment d’injustice des jeunes […] »
Si tu penses qu’avec cette mise à l’abri humanitaire, il n’y aura plus de réfugiés à Calais tentant de passer au Royaume-Uni, je ne peux rien pour toi. Même notre bien-aimé gouvernement, bien-aimé à 4%, vient tout juste d’entamer à Calais la construction d’un nouveau mur à deux millions d’euros ou deux millions de livres sterling… Notre bien-aimé gouvernement se souvient de Sangatte. En attendant de revenir à Calais, dès que la flicaille sera moins nombreuse, les réfugiés sont maintenant plus de trois mille sur les trottoirs parisiens. 

Une vidéo ( ICI ) où les images valent la musique. Cyril Mokaiesh et Bernard Lavilliers chantent “La loi du marché”.

Le Yéti

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