En
déplacement jeudi à Florange, Jean-Luc Mélenchon a défendu une
modification de la matrice productive tournée vers la planification
écologique, selon lui uniquement possible à haut niveau de formation.
Jean-Luc
Mélenchon s’est rendu jeudi dans la vallée de la Fensch, notamment à
Florange, lieu symbolique des promesses trahies par François Hollande.
Après une rencontre avec les syndicalistes d’ArcelorMittal, le candidat a
tenu un meeting à Florange dans la soirée. « Venir ici, c’est toujours
mettre ses pas dans une forme de douleur. Mais l’histoire continue. Je
ne suis pas venu faire de la nostalgie. C’est par les luttes sociales
que l’on a amélioré la vie ici ! », a-t-il démarré devant les citoyens
rassemblés dehors, alors que la salle était déjà pleine.
Le candidat
de la France insoumise, soutenu par le PCF, a tenu un discours en trois
parties d’égale durée afin de ne décevoir personne : d’abord dehors,
puis dans le hall, et enfin dans la salle principale. Comme souvent, de
nombreux jeunes avaient fait le déplacement pour l’écouter, venus de
Metz et de la vallée. « Avec la CGT et la CFDT, on a parlé métier,
aciérie. On a parlé de quoi faire. Nous allons changer la matrice
productive de ce pays, relocaliser tout ce que l’on peut relocaliser et
en finir avec le grand déménagement du monde », a annoncé Jean-Luc
Mélenchon, avant de condamner « le libre-échangisme, prime aux plus
violents devant les hommes et aux irresponsables devant la nature ».
Le "commerçant" Macron aurait à s'expliquer sur les privatisations...
Défendant un
« protectionnisme mais pas nationaliste » ni « aveuglé », au motif que
l’on ne peut être « ni fermé complètement, ni ouvert à tous les vents »,
il a préconisé de ne plus faire « rentrer chez nous les marchandises
produites dans des conditions d’esclavagisme ou contraire à l’écologie »
et de parvenir, avec l’ONU, à créer un cadre juridique contraignant
pour les multinationales en termes de droits humains et
environnementaux.
Visant la
production d’une électricité 100% renouvelable, il a appelé à ce que
notre acier et notre industrie soient notamment tournés vers l’éolien et
l’hydrolien. Opposé à la privatisation des barrages, il a également
soutenu la sortie du nucléaire, « sur 25 ans », tout en continuant la
recherche sur la question, aussi bien pour fermer les centrales que pour
traiter des déchets dont la durée de vie et de nocivité se chiffre en
milliers d’années. « Vous avez besoin d’avoir de bons aciers. Les
machines sont vieillies, il faut les changer », a-t-il relevé, avant de
regretter que « les fleurons de l’économie françaises (aient) été bradés
», nourrissant l’appétit des actionnaires et de la sphère financière au
lieu de servir l’intérêt général et l’économie réelle.
Les ventes
en partie d’Alstom et des autoroutes ont été pointées du doigt. « Nous
mettrons en place des commissions d’enquête parlementaires pour faire le
bilan des privatisations. (…). L’article 410.1 du code pénal puni ceux
qui portent atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Avec moi,
il y aura un décret d’application là dessus ». Ciblant le « commerçant »
Emmanuel Macron, il a qualifié les privatisations « de dilapidation du
capital public », et critiqué son « rêve que vous rêviez d’être
milliardaires », alors qu’il « n’y en a pas sans souffrance à l’autre
bout de la chaîne ».
"Résistance ! Résistance !"
Accueilli
sous les applaudissements et les cris de « Résistance ! » dans la salle,
Jean-Luc Mélenchon a longuement parlé d’apprentissage et de formation. A
l’adresse de François Fillon, il a jugé que « c’est une même chose de
saboter l’appareil industriel et l’outil de formation ». Argumentant
qu’une « nation est impossible sans ouvriers qualifiés », il annoncé
être « venu dire à Florange (que) si on veut une planification
écologique, il faut un peuple instruit, éduqué et en capacité de le
faire ». « Nous avons besoin de centaines de milliers de personnes
formées, de 300 000 personnes pour l’économie de la mer, de 400 000
paysans de plus pour une agriculture paysanne. Il va falloir travailler
autrement », a-t-il poursuivi. « Augmenter le smic est une mesure
écologique. Cela permet de mieux se nourrir, ce qui permet le
développement de l’agriculture paysanne », a-t-il ajouté, proposant
aussi de rendre la restauration scolaire 100% bio. Il a au passage taclé
la proposition de Marine Le Pen de rendre payante l’école pour les
enfants étrangers pendant deux ans : « c’est une idée de brute. Je
croyais que même les xénophobes s’arrêtent aux gosses. »
Education, planification écologique et transition de l'appareil de production
Pour la réduction du temps de travail, il a aussi plaidé pour la
création dans l’éducation nationale d’une filière polytechnique « qui
ira du CAP à l’école polytechnique », et qui permettra de former les
jeunes comme les moins jeunes qui en ont besoin, en plus de valider les
acquis. Une allocation d’autonomie pour les jeunes a aussi été annoncée.
En résumé, Jean-Luc Mélenchon a tout au long de la soirée explicité son
programme autour de trois points : la révolution citoyenne, la
planification écologique et la transition de tout l’appareil de
production. « C’est une nouvelle civilisation qu’il faut faire naître »,
a-t-il conclu, avant de lire le poème Les Mains d’Or pour la touche
finale du meeting.
humanite.fr
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