Emmanuel Macron, votre outrecuidance n’est ni bien vue ni bienvenue chez nous.
Au Liban, on ne critique pas les discours, surtout lorsqu’ils sont
émis par une personnalité officielle qui représente un Etat
impérialiste. Tous les comportements issus de ce type de personnes sont
autorisés, quand bien même ils porteraient atteinte à la souveraineté du
pays et à l’honneur de ses citoyens (les proclamations et les
agissements des ambassadeurs américains successifs le prouvent
amplement), au point qu’on en arrive à croire que la plupart des
personnalités officielles en visite au Liban savent à l’avance que leurs
hôtes seront plus préoccupés par la qualité des mezzés qu’ils vont leur
servir que par la teneur des discours qu’ils vont entendre, de sorte
que ces personnes se permettent de s’exprimer en toute liberté en toute
impunité.
Le dernier visiteur de ce genre et en provenance de la France est
Emmanuel Macron, ex-ministre de l’Economie et actuel candidat à la
présidence, qui a visité Beyrouth, du 23 au 24 janvier 2017, dans le
cadre d’une « tournée moyen-orientale » qui devait inclure également la
Jordanie. Macron, jeune (39 ans) politicien de formation financière est
le nouveau visage que les Français ont découvert en 2014 lorsqu’il est
devenu ministre après avoir œuvré dans les coulisses de l’administration
Hollande, qu’il a quittée pour créer son propre parti. Nous ne nous
étendrons pas sur son profil financier et bancaire ni sur ses échecs et
réussites. Rappelons seulement qu’il est actuellement accusé d’avoir
utilisé l’argent (public) du ministère de l’Economie pour financer la
campagne de son parti « En marche ! » qu’il a lancée après sa démission
de son poste en août 2016.
Toutes ces données n’ont évidemment eu aucun impact sur la fameuse «
hospitalité libanaise ». Les organisateurs de la visite de Macron se
sont efforcés de lui attribuer un caractère officiel électoral quoique
l’identité des personnes à l’origine de ce déplacement et l’objet de la
visite soient restés mystérieux, et parce qu’au Liban vous pouvez être
considéré comme un président avant d’avoir été élu, le candidat à la
présidentielle a été reçu comme un président par Michel Aoun, président
de la République libanaise, Saad Hariri, premier Ministre et le
patriarche maronite Bechara Ra’i, et « s’est déplacé en convoi blindé »
(!) selon un média français.
D’autres médias français ont indiqué que « Hollande et le ministère
des Affaires étrangères français avaient discrètement préparé la visite
de Macron », information aussitôt démentie par l’Elysée hier. Le
candidat « progressiste » comme il se définit lui-même, a fait des
promesses électorales et insisté sur la reprise des relations
économiques et des projets communs lors de sa rencontre avec Hariri. Il a
également, à des fins clairement électorales, rendu visite, en compagnie
des journalistes qui l’accompagnaient, à un centre de réfugiés syriens à
Aïn el Remmaneh.
Macron a de plus décidé d’exploiter le caractère ouvert du terrain
libanais pour afficher des positions politiques sur la région, il s’est
ainsi exprimé sans honte aucune à deux reprises lors de la conférence
qu’il a animée à l’Ecole Supérieure des Affaires (ESA) sur la
campagne internationale Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) et
déclaré qu’il ne lui reconnaissait ni justification ni légitimité. Il a
rappelé la décision de la France en 2015 de criminaliser le boycott
d’Israël et affirmé : « il est hors de question de revenir sur cette
décision ». Le candidat à la présidentielle, qui avait brandi le slogan « La paix et l’humanité » dans sa campagne électorale, a
développé sa position sur le conflit arabo-israélien et déclaré, à
partir de la terre libanaise qui est toujours en guerre contre l’ennemi
sioniste, qu’il était « contre la reconnaissance par la France de l’Etat
palestinien en l’absence d’un accord de paix entre les deux parties ».
Il a également indiqué qu’il était « contre l’exercice de la moindre
pression sur Israël ».
Ces propos ont été rapportés par le média israélien I24 et certains médias français. Macron
ne veut pas reconnaître la Palestine, refuse de reconnaître le droit de
boycotter économiquement et académiquement sraël, et rejette toute
pression à son égard.
Le candidat à la présidentielle française a sans aucun doute des
considérations électorales à prendre en compte, mais on peut se demander
à qui incombe la responsabilité de lui permettre de faire de telles
déclarations publiques et officielles dans un pays qui continue
aujourd’hui à payer le prix de l’occupation israélienne avec le sang de
ses enfants.
Emmanuel Macron, votre outrecuidance n’est ni bien vue ni bienvenue chez nous.
ISM France
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