Vous pourrez faire toutes les primaires que vous voudrez, votre
gauche ne nous inspirera que du mépris.
Charlatans au sourire enjôleur
ou matamores au style mussolinien, vous êtes des progressistes de
pacotille. Vous voulez un monde plus solidaire, paraît-il, mais vous
n’avez cessé d’approuver l’ingérence occidentale dans les affaires des
autres. Honte à vous, héritiers de Guy Mollet ! Votre humanisme se
métamorphose toujours en arrogance néo-coloniale. La lutte contre la
pauvreté, à vos yeux, c’est lorsque les pays riches commandent aux pays
pauvres.
Socialistes, ou gauchistes, vous avez jeté Jaurès aux
orties depuis belle lurette. La guerre, vous en redemandez ! Pour
répandre la « démocratie », vous comptez sur les vertus pédagogiques des
B 52. En guise de publicité pour les « droits de l’homme », vous exigez
le bombardement de pays qui ne nous ont rien fait. Ignobles jusqu’au
bout, vous réclamez l’embargo, cette arme des riches contre les pauvres.
Que vaut votre compassion pour les réfugiés, quand vous privez les
Syriens de médicaments pour les punir d’avoir soutenu leur
gouvernement ?
Faux-derches de première, vous livrez des armes, en
Syrie, à ces allumés de la charia que vous prétendez combattre en
France. Affreux terroristes au Bataclan, rebelles modérés à Idleb, quel
tour de passe-passe, vous êtes experts en transformation chimique ! Vous
dites que vous détestez ces criminels, et pourtant vous les aimez chez
les autres. Vous y tenez, à votre lune de miel avec les coupeurs de
têtes ! Votre égérie n’est-elle pas Elisabeth Badinter, féministe
milliardaire qui clame son islamophobie tout en assurant à la tête
d’Havas la promotion publicitaire du royaume saoudien ?
Vous êtes
très forts pour prononcer des incantations à la gloire de la laïcité,
mais vous allez quand même vous aplatir devant le CRIF, cette officine
confessionnelle qui sert d’ambassade officieuse à un Etat-voyou. Avec
M. Valls, vous roulez des mécaniques face aux musulmans, mais face aux
sionistes, vous vous livrez à un concours de lèche-bottes. Le
communautarisme vous répugne, paraît-il ? Oui, sauf lorsqu’il est au
service d’une puissance étrangère qui spolie les Palestiniens et
bombarde la résistance arabe en Syrie avec votre complicité.
Reniements,
trahisons, la liste est longue. Vous prétendez défendre les intérêts du
peuple, mais vous lui refusez l’exercice de la souveraineté. Au lieu de
lui restituer le pouvoir usurpé par les riches, vous lui imposez le
carcan d’une Union européenne qui tue la délibération démocratique,
sanctuarise le dogme monétariste et asservit les travailleurs à la loi
d’airain du capital. Au nom d’un internationalisme dévoyé, vous êtes les
fourriers des multinationales qui ont colonisé l’Europe, vous avez
bradé la souveraineté, discrédité l’idée nationale, abandonnée par votre
faute aux imposteurs de l’extrême-droite.
Vous dites, la main sur
le cœur, que vous êtes pour la réduction des inégalités, mais vous vous
interdisez de toucher aux structures qui les nourrissent. Vous
condamnez verbalement les effets sans chercher le moins du monde à agir
sur les causes. Vous voulez mieux répartir les richesses, mais sans
préjudice pour ceux qui les détiennent. Vous vous proclamez socialistes,
mais vous ménagez le capital, vous cajolez la finance, vous montrez
patte blanche à ceux qui possèdent l’argent et l’influence.
Où
sont les propositions de gauche, dans vos programmes ? Où est la sortie
de l’OTAN et de l’Union européenne ? Où sont la nationalisation des
banques, la taxation des activités spéculatives, le plafonnement des
revenus, la relocalisation des industries, le développement des services
publics, le protectionnisme raisonné, le contrôle des mouvements de
capitaux, la refonte de la fiscalité et l’éradication de la fraude, où
sont, en un mot, l’abolition des privilèges de l’oligarchie financière
et le rétablissement de la souveraineté populaire ?
Notre gauche
n’est pas la vôtre. Pour nous, la gauche, c’est Sahra Wagenknecht, qui
réclame au Bundestag la sortie de l’OTAN et le dialogue avec la Russie.
C’est Tulsi Gabbard, élue hawaïenne du parti démocrate américain, qui
exige la fin de la stratégie du chaos au Moyen-Orient. C’est le parti
communiste syrien qui combat, au côté des baasistes, les mercenaires
wahhabites. C’est le Front populaire tunisien, qui défend le progrès
social et l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est cette gauche
française qui se réveille, dans « La France insoumise », au PRCF ou
ailleurs, pour tirer un trait sur des décennies d’imposture socialiste.
Cette
gauche, moins connue, c’est aussi celle des communistes indiens du
Kérala, qui ont donné à cet Etat de 33 millions d’habitants le meilleur
indice de développement humain du sous-continent. C’est celle des
communistes cubains qui ont obtenu, dans un pays isolé par le blocus
impérialiste, un taux de mortalité infantile inférieur à celui des USA
et élu 48% de femmes à l’Assemblée nationale du pouvoir populaire. Ce
sont tous ceux, en Bolivie et au Venezuela, qui ont fait reculer la
pauvreté de masse et redonné leur fierté aux peuples sud-américains.
Cette
gauche, la vraie, contrairement à cette contrefaçon qui se donne en
spectacle à la télévision, prend au sérieux le droit des nations à
disposer d’elles-mêmes. Elle sait que, sans l’indépendance nationale, la
souveraineté populaire n’est qu’un leurre. Son patriotisme ne l’éloigne
pas de son internationalisme, car elle revendique pour chaque pays le
droit de suivre sa voie dans le respect des autres. Elle ose s’attaquer
aux structures de la domination capitaliste, elle en prend le risque, au
lieu de fuir lâchement devant l’obstacle, faisant allégeance aux
puissants et jouant le rôle de supplétifs dont leurs maîtres se
débarrasseront à la première occasion.
Le Grand Soir
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