jeudi 2 février 2017

Attaques visant à expulser les députés non juifs du parlement israélien

Europalestine       

Israël se vante d’être une démocratie, en soulignant régulièrement que quelques députés non juifs sont au parlement. Mais la campagne pour les en déloger est systématique, et s’amplifie actuellement, comme le souligne Tony Greenstein.

"Évidemment, définir la démocratie comme le droit de mettre une croix sur un bulletin de vote une fois tous les 4 ou 5 ans, c’est un argument plutôt faible. Selon cette logique, le gouvernement d’Hitler était démocratique. Un état torture ses citoyens, spécialement s’ils font partie d’une minorité, pratique une censure omniprésente, désavantage constamment une partie de ses concitoyens, intègre le racisme dans la définition même de l’état comme « l’État des Juifs », ne « reconnaît » pas le droit des non-juifs à vivre sur leur propre terre : Il n’est démocratique que d’un point de vue strictement formel", écrit Tony Greenstein.
Mais même ce droit de choisir ses représentants devient de plus en plus problématiques, vu les attaques contre ces députés.
Ainsi "Balad", parti qui favorise l’idée d’un Israël, état de tous ses citoyens plutôt que l’État du Peuple juif, vient de se faire attaquer sérieusement : locaux saccagés, militants arrêtés, faussement accusés de blanchiment d’argent, représentants constamment harcelés.
Basel Ghattas, membre du parti Balad, a perdu son immunité, et maintenant il est question de l’expulser du parlement. Les allégations contre lui, qu’il nie et qui n’ont été suivies d’aucune condamnation : avoir passé des portables à des prisonniers palestiniens enfermés depuis 37 ans pour avoir tué un soldat israélien.
Israël est un état où la corruption est une épidémie dans la classe politique sioniste. Le premier Ministre Netanyahou a reçu des cigares et du champagne qui valent des centaines de milliers de shekels, de la part de collaborateurs, et on sait qu’il a offert des faveurs en échange de reportages flatteurs de la part du journal Yediot Aharanot. Le Ministre de l’Intérieur, Aryé Deri, membre du parti Shass, a passé presque trois ans en prison pour corruption, alors qu’il était en fonction.
Le prédécesseur de Netanyahou, Ehud Olmert, est toujours en prison pour corruption, et pourtant, à aucun moment les bureaux du parti Likud n’ont été perquisitionnés par la Police.
De même, lorsque les Travaillistes étaient au pouvoir, la corruption était omniprésente. Ehud Barak s’est enrichi sans problème du jour au lendemain, quand il est devenu Premier Ministre.
Mais les députés du parti Balad ont depuis longtemps "un régime de faveur". Haneen Zoabi, Palestinienne, qui a fait une tournée de conférences en Grande Bretagne, a été terriblement vilifiée par les députés sionistes, ayant même été attaquée physiquement, à l’intérieur du parlement israélien Elle a même été suspendue durant six mois pour avoir simplement déclaré que trois adolescents qui avaient été tués en Cisjordanie, n’avaient pas été victimes de terrorisme.
Jamais un député juif - par exemple le tristement célèbre Bezalel Smotrich - n’a été expulsé ni suspendu de la Knesset, même quand il a avancé que les Juives devraient avoir la possibilité d’accoucher dans un hôpital, dans des salles ségréguées (en réalité, de telles salles existent !). Le racisme envers les Palestiniens n’est pas un crime. Après tout, on a affaire à un état où il est légitime de voler et de confisquer la terre de la population indigène, sans peur d’être puni.
En juillet 2016, Israël a voté une loi qui permet à 90 membres du Knesset d’expulser un autre membre. Elle a été dénoncée comme une tentative non déguisée d’expulser les membres palestiniens de la "Knesset", qui n’accepteraient pas la ligne sioniste. Comme toute législation raciste, elle ne révèle pas que seuls les députés arabes seront soumis à ses dispositions. Théoriquement, Smotrich ou Uri Ariel ou même Netanyahou pourrait être victime de la Loi d’Expulsion, mais comme tant de choses dans « l’État juif », en réalité seuls les Arabes sont victimes.
Notons que le tueur franco-israélien Elor Azaria qui a sciemment abattu un Arabe gisant au sol gravement blessé, a été reconnu coupable d’homicide mais il est peu probable qu’il serve une peine de prison. Au contraire, il est devenu un héros national. Le Premier Ministre a donc téléphoné à ses parents pour le rassurer et les membres du cabinet israélien, tels que Miri Regev et Naftali Bennett ont demandé qu’il soit pardonné. En Israël, le meurtre de Palestiniens par la Police ou l’Armée n’est un crime qu’en théorie. La semaine dernière, Yacoub Abu al-Qiyan a été assassiné à Umm al-Hiran, village démoli dans le Néguev afin de laisser place à une ville juive : La Police a ouvert le feu sur sa voiture, le tuant et tuant en même temps un policier israélien.

On ne devrait donc pas se surprendre de l’hypocrisie d’Israël qui glorifie ses tueurs attitrés mais condamne les Palestiniens qui tuent des soldats israéliens. Et le Parti Travailliste israélien (l’Union sioniste et quelques indépendants) qui s’opposait à la première Loi sur l’Expulsion, donne maintenant le feu vert à ses députés pour soutenir la tentative de Netanyahou d’expulser Basel Ghattas."

(Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Photo : Aryé Deri – chef du parti Shass, emprisonné pour corruption, à présent Ministre de l’Intérieur.
Source : http://azvsas.blogspot.com/2017/01/israeli-labour-party-supports.html



CAPJPO-EuroPalestine

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