Yannick Jadot a retiré sa candidature au profit de celle de
Benoît Hamon. Les sympathisants peuvent bien voter, l’ex-candidat l’a
déjà acté hier soir, 23/2, sur France 2.
Il faut dire que le temps pressait :
mieux valait entériner la chose avant que les adhérents découvrent le
pot aux roses : l’accord est purement une (mauvaise) tambouille
électorale visant à tout juste garantir quelques circonscriptions, le
tout habillé des mêmes sempiternelles promesses non-tenues à chaque
accord entre le PS et EELV quand elles ne sont pas en régression par
rapport à 2012.
Commençons par l’accord sur les circonscriptions puisqu’apparemment
entre le PS et EELV tout a commencé par là. L’accord signé en 2012 avait
permis à EELV d’obtenir le soutien du PS dans 61 circonscriptions et de
faire élire au final 17 député-es. Cette fois, seules 43
circonscriptions font l’objet d’un accord soit 1/3 de moins. Parmi
celles-ci, quelques unes concernent des sortant et sont largement
sécurisées comme celle de Cécile Duflot qui se devait d’être bien
servie. À l’inverse, Benoît Hamon et le PS se sont empressés de
refourguer à EELV des circonscriptions où les députés sortants ont fait
mouvement vers M. Macron. Pas folle la guêpe… Même en matière de
tambouille électorale, l’accord pour EELV est en net recul et ne donnera
satisfaction qu’à celles et ceux qui ont agi en coulisses pour défendre
leur intérêt personnel.
On aurait alors voulu croire que le prix à payer programmatique soit
élevé pour que Yannick Jadot se dédise de la sorte, lui qui affirmait en
octobre dernier dans Libération qu’ « il n’y aura pas d’accord électoral avec les socialistes (…) nous aurons 577 candidates et candidats ».
Patatras ! L’accord s’est signé sur la base de grands principes sans
déclinaisons concrètes et là aussi en recul par rapport à 2012. À EELV,
on est pourtant bien placé pour savoir que des garanties doivent être
données faute de quoi les accords signés avec PS le sont toujours à
l’encre effaçable : tenez, prenons la proportionnelle. Le PS l’a promise
aux Verts dans l’accord signé en 1997. Et bien en 2001, lorsque les
Verts ont demandé le dépôt d’une proposition de loi commune, le PS a
refusé. La propositionnelle était de nouveau dans l’accord de 2002.
Toujours rien. Ce fût une fois encore le cas en 2012. Vous connaissez la
suite. L’accord cette fois-ci ne donne pas plus de garanties que les
fois précédentes.
Quant aux promesses sur la transition énergétique, elles restent
vagues et en recul par rapport à 2012. Il est question cette fois « d’une
sortie progressive et intégrale du nucléaire, avec objectif d’y
parvenir à l’horizon d’une génération, soit 25 ans, avec fermeture des
premiers réacteurs durant la mandature, afin de respecter l’échéance
intermédiaire d’un mix énergétique de 50% en 2025 ». Tant est si
bien que la fermeture de Fessenheim n’est pas évoquée et que rien n’est
dit sur l’EPR de Flamanville qui devrait pourtant être mis en service
fin 2018 ! Aucun calendrier précis et contraignant n’est par ailleurs
fixé quand l’accord de 2012 avait au moins le mérite de quantifier
l’effort à fournir : « Un plan d’évolution du parc
nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance
nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs, en
commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim et ensuite des
installations les plus vulnérables, par leur situation en zone sismique
ou d’inondation, leur ancienneté et le coût des travaux nécessaires pour
assurer la sécurité maximale ». Rien de la sorte cette fois-ci.
Pire, Hamon et Jadot proposent la sortie du nucléaire en 25 ans, soit
d’ici 2042. Or si on ferme les réacteurs actuels à leur limite d’âge de
40 ans, le dernier est censé fermer en 2035. Donc pour sortir du
nucléaire en 2042, Hamon et Jadot proposent en réalité soit de prolonger
la durée de vie de certains réacteurs au-delà de 40 ans, soit de mettre
en service l’EPR de Flamanville. Bon appétit amis écologistes !
Les grands projets inutiles et imposés ne sont pas mieux lotis. La
confusion règne encore autour du projet d’aéroport de Notre-Dame des
Landes. L’accord prévoit une « conférence de consensus destinée à
étudier, dans le respect du légitime développement urbain de Nantes,
toutes les alternatives au projet de Notre-Dame-des-Landes, dont le site
actuel sera abandonné ». Si l’abandon du site est donc acté, le
projet lui ne l’est pas ! Quant à la l’efficacité et la sobriété
énergétique par la rénovation du bâti, elles restent elles aussi au rang
des déclarations d’intention : « La transformation de notre modèle énergétique sera mise en œuvre via un grand plan d’efficacité et de sobriété énergétique » annonce l’accord quand celui de 2012 donnait un chiffre d’1 million de logement à rénover par an.
Concernant les traités d’accords commerciaux, on savait depuis la
simple abstention du groupe PS à l’Assemblée lors du vote sur le CETA le
2 février, et donc postérieur à l’investiture de Benoît Hamon, qu’un
laisser-aller bienveillant en détournant le regard faisait figure d’acte
de rébellion pour le PS. EELV se cloue aussi par cet accord dans
l’inaction. S’il est mentionné que « la France devra s’opposer aux accords de libre-échange tels que le TAFTA et le TISA, et refusera la ratification du CETA », il n’est pas pour autant question de retrait des négociations sur le TAFTA par exemple comme cela aurait pu être le cas.
Les traités européens sont enfin les grands absents de la réflexion
commune entre les équipes Hamon et Jadot. Le mot lui-même n’est jamais
cité alors même que le contenu institutionnel nécessitera de les
réviser s’il faut « mettre un terme au fonctionnement à l’unanimité du Conseil » ou « doter la zone euro d’un budget et d’une Assemblée propre ». L’indépendance de la BCE n’est pareillement pas remise en cause, celle-ci devant simplement se contenter de « réorienter » les
prêts. Le protectionnisme lui n’est pas même évoqué pour relocaliser,
fût-ce à l’échelle européenne. Enfin aucune mention n’est faite de la
libéralisation des services publics (rail, énergie…).
Même le projet de 6ème République est évoqué a minima. Pas d’Assemblée constituante au programme mais uniquement une « conférence citoyenne » dont on connait par avance l’atterrissage comme le « septennat non renouvelable ».
Et tant pis si vous aviez autre chose en-tête. Le peuple ne se
refondera pas par lui-même mais devra se contenter de ratifier par
référendum ce qui lui sera soumis.
« Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés ». La
peste de la tambouille électorale a resurgi malgré les déclarations
passées. Et à EELV aussi, selon que vous serez puissant ou misérable,
vous banquetterez à Solferino ou il vous faudra avaler un plat de
lentilles.
Cette note a été publiée sur le blog de François Cocq
Jean-Luc Mélenchon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire