dimanche 5 février 2017

Election présidentielle française : au-delà du fatras, DANGER !

Daniel Vanhove

La société française semble n’avoir jamais été dans un tel désarroi.

Après les primaires d’une droite pourrie par les affaires et d’un centre fantomatique, d’une fausse gauche et des écologistes moribonds, les candidats pour l’élection présidentielle de mai prochain sont à présent connus. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le tableau est peu réjouissant.
N’ayant aucune affinité avec les droites protéiformes, je ne m’y attarde pas pour l’instant, et laisse aux commentateurs qui s’en délectent déjà, le soin de dézinguer le candidat Fillon comme il le mérite. Comme dit l’adage : trop beau pour être honnête. À cette grenouille de bénitier, lui restera la confession pour solde de tous comptes.
En ce qui concerne la gauche, les électeurs doivent vraiment faire attention au jeu trouble qui se met en place par l’intermédiaire du candidat Hamon. Pour paraphraser P. Ariès, quand on s’intéresse à la politique, cela nécessite d’avoir de la mémoire. Et dans le contexte actuel, il serait indispensable que les électeurs en aient un minimum. (https://www.legrandsoir.info/meme-avec-benoit-hamon-le-parti-socialiste-non-merci.html).
Il faut dès lors se rappeler que si B. Hamon se présente aujourd’hui comme « frondeur », il n’en reste pas moins un apparatchik de plus de 25 ans passés au PS, ce ramassis de carriéristes – au LR aussi, bien sûr – qui n’ont d’autre ambition que de se maintenir dans les sphères du pouvoir à n’importe quel prix. Les citoyens en ont encore eu la démonstration par les volte-face sans vergogne et les reniements répétés du candidat Valls qui heureusement s’est fait éjecter. Mais qu’ils ne s’y trompent pas, ces gens-là sont indéboulonnables. Chassés par la porte, ils reviennent par la fenêtre. Et il est probable que le pays reverra Mrs. Valls et Sarkozy ici ou là en fonction des opportunités que ceux-là guettent et saisissent sans le moindre état d’âme. Avec toujours ce sempiternel « amour de la patrie » qu’ils ont à la bouche comme la bave vient à celle des crapauds.
Or, à bien écouter les déclarations du candidat Hamon, elles sont tout bonnement dans l’alignement de celles de ce PS qui a viré sa cuti pour se retrouver parfois plus à droite que certains chez Les Républicains. En-dehors de son idée d’un revenu universel – reprise à d’autres et donc pas si neuve que cela – et dont la mécanique reste aléatoire, ainsi que son intention d’abolir la loi El-Khomri, bien peu de choses dans son passé comme dans ses déclarations plaident pour lui. Ses annonces en ce qui concerne la politique étrangère sont atterrantes tant en ce qui concerne ses approches de la guerre en Syrie et du M-O, que celles vis-à-vis de l’Ukraine ou d’Israël qui continue à voler ce qui reste des terres palestiniennes en violation de toutes les résolutions de l’ONU, et sans parler de ses inepties à propos de V. Poutine. On croit entendre un écolier docile récitant les leçons bien apprises au sein d’un PS largement atlantiste et sinistrement sionisé. Un vrai désastre, tout à l’opposé d’un « futur désirable »  ! (https://www.legrandsoir.info/hamon-le-candidat-qui-prend-les-terroristes-pour-des-democrates.html)
Le candidat Hamon ne semble pas être conscient qu’à force d’avoir mené de telles politiques, la France est devenue aujourd’hui inaudible auprès de ses collègues à l’international. Et dans un monde qui s’ouvre de plus en plus, cela augure des lendemains qui déchantent, assurément. Ne pas avoir l’analyse correcte sur l’extérieur présage de sérieux revers à l’intérieur. Parce que, malgré les tentations de repli sur soi de certains égarés, le mouvement d’ouverture au monde est irrémédiable. Et s’il faut y apporter certaines corrections ainsi que des balises, aucun retour en arrière n’est envisageable.
Dès lors, non, B. Hamon n’est pas plus frondeur qu’il n’est l’alternative d’une réelle gauche. Il n’est qu’un leurre et les électeurs qui seraient tentés pas sa candidature risquent bien de se réveiller une nouvelle fois avec la gueule de bois, comme après l’élection de Fr. Hollande. Ceux-là devraient comprendre, une fois pour toutes, que Fr. Hollande et ses acolytes ont liquidé le PS. Et B. Hamon va s’en apercevoir très vite à devoir réconcilier l’irréconciliable. Ce ne sont pas quelques rustines qui y changeront quoi que ce soit. Il faut donc regarder autre part, scruter les choix plausibles et réalisables en direction d’une vraie gauche dont le pays a tant besoin.
C’est là que le désarroi dont je parlais en début de billet est réel, face aux offres en trompe-l’œil qui se présentent à eux. Raison qui explique que d’un jour à l’autre, le candidat Fillon empêtré dans ses magouilles sombre dans les sondages au profit d’un Hamon, alors que l’un se revendique d’une droite dure et l’autre de l’aile gauche du PS.
Pour ajouter au trouble, E. Macron – coqueluche du petit monde médiatique le présentant comme l’incarnation d’un vrai changement – est un autre mirage. Déclarant pour sa part, ne se situer ni à gauche ni à droite, avec sa gueule de play-boy ce jeune fringant, sans programme réel, poussé par J. Attali – autre spécimen de la gauche caviar – n’est qu’un pur produit du système qu’il affirme vouloir changer. Et ce système, dans lequel il a fait carrière, se situe bien à droite, au cœur de l’une des plus grosses banques mondiales, dont tout le monde sait qu’elles n’ont aucun atome crochu avec les projets d’une vraie gauche. E. Macron, c’est le Cheval de Troie de la droite, et les appuis qu’il reçoit – dont celui de P. Gattaz, patron du Medef – le confirment définitivement. Le seul avantage de sa candidature est qu’elle révèle ses soutiens d’une soi-disant gauche pour ce qu’ils sont : de droite ! Sans oublier ses positions en politique étrangère, tout aussi désastreuses que celles de B. Hamon. (http://arretsurinfo.ch/loutrecuidant-francais/). Face à ce fatras, une partie de l’électorat est perdue.
N’en reste qu’un à se situer vraiment hors de ce système avarié : J-L. Mélenchon, seul aujourd’hui à pouvoir fédérer les forces d’une vraie gauche. À avoir un programme sérieux et charpenté. Qui a pour lui l’expérience des années, et celle d’avoir appartenu à un parti qu’il a quitté depuis 2008, tant il lui devenait impossible d’y déployer un réel programme de gauche. Qui invite et exhorte les citoyens à prendre largement leur part dans une société qu’il faut réinventer. Et qui au niveau de la politique extérieure, revient aux fondamentaux de la gauche, à savoir : la non-intervention militaire dans un pays souverain. De tous les candidats qui se proclament de gauche, JLM semble le seul crédible à pouvoir prétendre à la présidence du pays. Et il faut faire l’effort de comparer son programme à celui des autres pour bien s’en apercevoir.
Seul bémol : JLM semble avoir omis une chose. Dans le monde médiatisé qui est le nôtre et qu’il utilise d’ailleurs à bon escient, il a du mal à passer. Pourquoi ? Parce que non seulement JLM n’a pas la gueule d’un Hamon, ni d’un Macron, mais il n’a pas leur sourire, leur gentillesse ni leur amabilité. J-L. Mélenchon porte en lui quelque chose d’aigri qu’il ne parvient pas à dépasser. Les adulateurs et autres puristes me diront : tant mieux, c’est la preuve de son honnêteté… sans comprendre que cela ne suffit pas à la majorité des électeurs. Les médias, et particulièrement l’image, ont pris une telle place dans le quotidien des citoyens que penser cet aspect secondaire est une erreur d’analyse. Et c’est probablement là que J-L Mélenchon risque de trébucher : ne pas comprendre que ce qu’il déploie comme énergie, ce qu’il articule comme projet, ce qu’il trace comme avenir pour la France et dans la foulée pour une autre UE (?) passerait tellement mieux aux oreilles et aux yeux des électeurs si tout cela baignait dans un minimum d’amabilité et de bienveillance. Le candidat Mélenchon devrait comprendre que les propositions que l’on soumet aux électeurs ne doivent pas être assénées à coups de mentons ni d’invectives. Il aurait tout intérêt à soigner son image et à calmer ses emportements, même si je comprends parfaitement les raisons qu’il y a d’être dans une colère noire face à la gravité de la situation et aux propositions inadaptées et frelatées de ses adversaires. Mais un peu de courtoisie n’a jamais fait de mal à personne. La brutalité du monde et du quotidien suffisent amplement pour qu’un candidat à l’élection présidentielle n’en rajoute une couche. Peut-être même que la majorité des gens désorientés sont en demande de n’être pas rudoyés par celui qui sera leur plus éminent représentant. Et devra aussi les rassurer, leur faire sentir qu’il les protège. 
Une élection présidentielle de l’importance de celle qui se profile dans les prochaines semaines ne se résume pas, ne se réduit pas à l’acceptation stricte et austère d’un programme de campagne électorale aussi juste et intelligent soit-il. Une telle approche est trop sèche et trop sévère pour séduire et convaincre un maximum de citoyens. Or, si une élection est comme le disent certains, la rencontre d’un individu avec le peuple, il faut que cette rencontre garde un caractère agréable comme dans toute rencontre dont on espère que l’autre gardera un souvenir positif. Si cette rencontre ne séduit pas un minimum par sa gentillesse, son amabilité, son charisme, elle risque de ne pas trouver assez de partenaires ni d’adhérents quelle que soit la qualité du programme proposé.

Si la France n’est plus le grand pays que certains pensent encore, elle n’en demeure pas moins une puissance économique et culturelle importante à ce jour. Et les présidents qui y sont élus bénéficient toujours d’un certain crédit aux yeux des autres nations, tant en Europe que dans le monde. Face au désarroi des électeurs, déstabilisés un peu plus encore suite à l’affaire Fillon, jamais la souriante candidate Bleu Marine n’a été aussi près du but, avec tous les dangers que cela représente.

Daniel Vanhove – 03.02.17 - Observateur civil, Auteur.

Le Grand Soir

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