jeudi 16 mars 2017

De Macronneries en Fillonneries

Olivier Cabanel           

La nouvelle coqueluche du PS n’est pas celle que les militants ont choisi, ce qui pose la question de l’opportunité des primaires, car les militants ont choisi, pour beaucoup, l’ex-ministre de l’économie, alors que celui-ci a trahi son camp, et son président.

Il est intéressant de regarder de plus près les déclarations d’Emmanuel Macron, qui tout en se disant « ni de gauche ni de droite », n’a cessé de se contredire.
Dans le camp des insoumis, la messe est dite : « Macron n’est ni de gauche, ni de gauche », et pour s’en convaincre, ils nous proposent une courte vidéo.
Olivier Besancenot avait fait une analyse percutante portant sur les déclarations de Macron, du temps qu’il était encore ministre, et elle reste d'actualité. vidéo
S’il faut en croire Pierre-Emmanuel Barré « ce mec (Macron) est tellement de droite qu’on dirait Michel Sardou qui a mangé Donald Trump ». lien
Ce n’est donc pas sans raisons qu’une centaine des « jeunes avec Juppé » ont décidé de rejoindre le camp du candidat qui est « en marche ». lien
Hervé Nathan, un politologue, va un peu plus loin et évoque « l’arnaque au programme ».
Évoquant l’aplomb habituel de Macron qui se lancerait dans une « aventure de refondation politique avec de bien pauvres propositions », il explique combien le programme du candidat « d’en marche » est maigrelet, avec sa demi douzaine de pistes, qui ne pourraient en aucun cas tenir de « programme pour réformer un pays  ».
Pour Nathan, « ce programme n’affiche aucun objectif, et n’avoue aucun moyen, proche du délit de publicité abusive, on se rue alors sur les moindres détails pour en extraire ce qui fait un tant soit peu de sens. Et c’est là qu’on découvre à la fois les racines du Macron et ses lacunes, tant il est vrai qu’on ne sort de l’ambiguïté -même un petit peu- qu’à son détriment ».
Il accuse le candidat d’enfiler des perles, des lieux communs, comme : « ouvrir le système à ceux qui en sont exclus, grâce au dialogue social  »...et le politologue continue en décryptant la langue de bois macronique...
Ainsi « sécuriser la rupture et l’après rupture », peut se traduire par « faciliter les licenciements en prévoyant d’avance un barème d’indemnisation et aussi un délai court de jugement par les prudhommes ».
On comprend aussi que le SMIC jeune permet de le faire travailler plus longtemps que ses ainés, en prétextant un manque de formation...
En fait, il s’agit simplement de la loi Balladur de 1994, devenue le CPE de Villepin en 2006...
Quant à la retraite « flexible » (entre 60 et 67 ans), ce n’est pas une nouveauté, puisqu’elle existe déjà sous le nom de « retraite progressive ».
Rien de nouveau sous le soleil non plus au sujet de « la modulation du temps de travail en fonction de l’âge », déjà prévue dans la loi travail El Khomri sous l’appellation « compte épargne temps ». lien
Macron rejoint aussi Bruno Le Maire, et François Fillon lorsqu’il évoque la nationalisation de l’Unedic, laquelle permettrait d’en faire un droit universel destiné aux auto-entrepreneurs et aux salariés démissionnaires, sauf que là non plus, ce n’est pas une innovation, puisque c’est le thème du rapport Sirugue, Vanlerenberghe et Percheron.
Tout compte fait, le programme Macron ressemble comme un frère jumeau à celui de Giscard qui proposait son fameux « changement dans la continuité » (lien), repris, quelques années après, par Sarközi. lien
Qu’importe, pour l’un des récents renforts socialistes du candidat marcheur, Ségolène Royal en l’occurrence : « Emmanuel Macron amène de l’air à la vie politique »...mais sur le fond elle aurait pu tout aussi bien affirmer qu’il brassait du vent. lien
Enfin, pour Macron, une certitude, il sera Président de la République, s’il faut en croire le malheureux lapsus qu’il a commis. lien
Quittons Macron pour Fillon qui nous propose de nouvelles frasques avec ses frusques.
On a récemment appris qu’un généreux mécène lui avait offert pour près de 50 000 euros de beaux habits du dimanche, sans qu’on sache ni le nom du généreux donateur, ni s’il y avait une contrepartie.
On se souvient en effet que Fillon, alors qu’il était premier ministre de Sarközi, avait décoré de la Grand croix de la Légion d’Honneur son ami et bienfaiteur Marc Ladreit de Lacharrière, en 2011, (lien) lequel lui avait prêté sans intérêt à la même époque la jolie somme de 50 000 euros. lien
Sauf que Fillon a « oublié » de signaler ce prêt dans sa déclaration de patrimoine à la HATVP (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique), oubli qui pourrait lui coûter cher puisque pour le même délit, Patrick Balkany et Serge Dassault ont été poursuivis, voire condamnés. lien
Fillon en saura plus le 15 mars, date à laquelle il est convoqué par la justice aux fins de mise en examen. lien
Tous ces démêlés judiciaires n’ont pas empêché le candidat LR de préconiser un gouvernement placé sous le signe de la « bonne conduite ». lien
L’occasion d’évoquer les cadeaux du Qatar, dont on découvre les bénéficiaires dans le livre de Bérengère Bonte, « la République Française du Qatar  » (Bayard éditeur)... l’émir distribuait des liasses de 10 000 euros à des élus français de haut rang, et dans la liste, outre l’inévitable Balkany, il y a aussi le nom de Valls, Juppé et comme par hasard celui de François Fillon. lien
Mais revenons au prêt offert à ce dernier.
Il n’est pas sans rappeler celui que Pierre Bérégovoy avait reçu de Patrice Pelat (dont la mort laisse planer un mystère) le milliardaire ami de François Mitterrand, ce qui provoquera par la suite le suicide du ministre accablé par la honte, même si ce suicide laisse lui aussi beaucoup de zones d’ombre. lien
C’était l’époque ou il se faisait payer des robes de haute couture pour ses maîtresses. lien
Autre temps, même mœurs...
Revenons au candidat LR...
Un esprit taquin fera observer que si, à la fin avril, après s’être fait tailler un costard, il se prend une veste, ça n’en fera jamais qu’une de plus, car à ce jour, Fillon qui a refusé obstinément de passer la main, stagne dans les intentions de vote, gardant régulièrement la 3ème ou 4ème place dans les intentions de vote. lien
Et pourtant, les cathos de la « manif pour tous » veulent sa victoire, au point de lancer une alarme : « il faut prier pour lui » clamait une pratiquante ...et s’adressant au candidat dans son beau costume : « je prie tous les jours la vierge Marie... elle va vous amener à la victoire... Jeanne d’arc va vous amener à la victoire... ! » puis s’adressant aux autres, massés au pied du podium où se tient le candidat : « il faut prier pour lui ! Il faut le confier à Jeanne d’Arc... il faut le confier à Clovis  »...vidéo

Comme dit mon vieil ami africain : « chaque marigot à son crocodile ».

agoravox.fr

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