Sur
les cinq candidats à la présidentielle présents hier soir sur le
plateau de TF1, Jean-Luc Mélenchon est jugé parmi les plus convaincants
avec 20% des sondés qui le place en tête, selon l'enquête réalisée par
Elabe, derrière Emmanuel Macron 29% , 19% pour Marine Le Pen et François Fillon et 11% pour Benoît Hamon.
Comme
son équipe de campagne l’avait annoncé, Jean-Luc Mélenchon s’est
attaché, lors du débat organisé sur TF1 hier soir, a déroulé son
programme sans toutefois se priver de quelques piques qui ont parfois
provoqué l’hilarité de la salle et des quatre autres invités. À l’instar
du moment où, en conclusion d’un vif échange entre Benoît Hamon et
Emmanuel Macron (le premier acculant le second sur les soutiens
financiers de sa campagne potentiellement défenseurs d’intérêts privés),
les présentateurs rappellent la présence des autres candidats, celui de
la France insoumise, soutenu par le PCF, lâche alors : « il faut bien
qu’il y ait un débat au PS ».
Invité à dire quel hôte de l’Elysée il serait, en introduction du
débat, c’est en « dernier président de la Ve République » que Jean-Luc
Mélenchon s’est d’abord dépeint rappelant son projet de Constituante
pour en finir avec « la monarchie présidentielle ». Mais il a également
affirmé vouloir s’attaquer aux urgences écologique, sociale et être le «
président de la paix » plaidant pour « une France insoumise » en Europe
et dans le monde.
Alors qu’a parfois été souligné par les journalistes un accord avec
Marine Le Pen sur certaines questions, le gouffre qui les sépare s’est
particulièrement exprimé sur le thème de l’immigration. Tandis que la
candidate d’extrême droite a déroulé une nouvelle fois son antienne sur
l’immigration zéro, "à tout propos on agite des fantasmes et on propose
toutes sortes d'épuisettes qui ont toutes des trous dedans", a rétorqué
Jean-Luc Mélenchon (un argument aussi valable contre les quotas proposés
par François Fillon). « Vous les jetez à la mer ? » quand ils sont là, a
poursuivi le candidat assurant que « les gens ne partent pas par
plaisir » et plaidant une nouvelle fois pour tarir les causes de ces «
exil(s) forcé(s) ». À savoir « les traités commerciaux » qui permettent
de piller les pays plus pauvres, « les guerres » et le dérèglement
climatique. " Nous devons traiter (les migrants) quand ils sont là comme
nous voudrions être traités si c'était nous qui étions chez eux. Si
nous étions dans leurs conditions, alors nous partirions aussi ", a-t-il
défendu estimant que sa proposition est la « seule solution rationnelle
».
Sur la laïcité, Jean-Luc Mélenchon a plaidé pour « appliquer
strictement la séparation des églises et de l’Etat » et pour le «
respect absolu de la liberté de conscience » rappelant au passage que «
60% des Français » se déclarent « non religieux » ou athées et en ont
assez qu’on leur parle sans cesse de religion. Le tout en fustigeant
ceux qui se servent de la laïcité comme d’un « prétexte pour s’en
prendre à une autre religion, pour être clair aux musulmans ». Et de
monter au créneau face à Marine Le Pen, avec Benoît Hamon, contre une
laïcité à deux vitesses qui ne s’attaque pas au concordat et, à la suite
d’Emmanuel Macron, pour dénoncer la posture de la présidente du FN sur
le voile. « Vous ne pouvez pas aller jusqu'à établir une police de
vêtement dans la rue » et « empêcher les gens qui portent des cheveux
verts » ou « ont des jupes trop courtes ou trop longues », a-t-il lancé
avant de fustiger sa façon « insupportable » de créer « deux catégories
de Français ».
Le candidat s’est aussi démarqué sur les affaires. Invité à
s’exprimer sur la question de la sécurité, il s’en est pris, avant de
dénoncer la « surenchère sécuritaire » et de défendre le retour à une «
logique de gardien de la paix », aux 85 milliards euros qui
disparaissent du fait « des tricheurs du fisc, de la corruption et des
collusions » affirmant vouloir renforcer la police en charge de ces
affaires-là pour que « nous récupérions nos biens ». " Quand vous dites
que le débat a été pollué par les affaires de certains d'entre nous -
pardon, pas moi! ", a-t-il aussi déclaré à un autre moment refusant
d’être mis dans le “même sac” que les deux seuls concernés, Fillon et Le
Pen, et rappelant qu’il avait intégré à son programme toutes les
propositions de l'association Anticor. Et d’estimer qu'il n'était " pas
interdit aux électeurs, sachant ce qu'ils savent parce qu'ils en savent
beaucoup, de récompenser les vertueux et de châtier ceux qui leur
paraissent ne pas l'être ".
Sur la question sociale, Jean-Luc Mélenchon a défendu son plan
d’investissement pour la relance (fustigeant la politique de l’offre
conduite par le gouvernement), la retraite à 60 ans avec 40 annuités
(" il faut et il suffit que les femmes soient payées comme les hommes et,
à partir de là, les cotisations sociales auxquelles ça donnerait lieu
équilibreraient le régime ") proposant un débat spécifique à Emmanuel
Macron sur sa proposition de retraite par points, la sécurité sociale
intégrale (avec un remboursement des soins à 100% et l’intégration des
complémentaires), l’application des 35 heures. Il a aussi dit son
désaccord « à ce stade » avec le revenu universel proposé par Benoît
Hamon préférant que les actifs soient payés pour travailler ou être en
formation. Il s’est également écharpé avec le candidat d’En marche ! sur
l’inversion de la hiérarchie des normes (l’accord de branche ou
d’entreprise qui prévaut sur la loi) qu’Emmanuel Macron propose
d’appliquer pour la détermination du temps de travail. « Je ne suis pas
pour un code du travail par entreprise comme je ne suis pas pour un code
de la route par rue », a tancé le député européen avant de rappeler à
l’ex-ministre de l’Economie qui plaidait pour le « dialogue social » que
celui-ci défend plutôt un « monologue social » puisque « à la base
(dans les entreprises, NDLR) il y a un rapport de forces très mauvais
pour les travailleurs » prenant l’exemple des Conti, où malgré les
sacrifices imposés aux salariés, la fermeture de l’usine de Clairoix a
bien été décidée.
Enfin sur la question internationale, le candidat de FI a fait une
proposition qu’il avait peu mise en lumière jusqu’à présent, provoquant
un désaccord avec Benoît Hamon. " En Europe, la première chose à faire,
c'est une conférence de sécurité de l'Atlantique à l'Oural, parce que
toutes les tensions viennent du fait que, quand l'empire soviétique
s'est écroulé, personne n'a négocié les frontières avec qui que ce
soit ”, a-t-il exposé estimant que " c'est le moment de négocier les
frontières, pas la guerre, la négociation ".
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