La nouvelle administration américaine livre l’agence fédérale en charge
des questions environnementales aux climatosceptiques et fait tout ce
qu’elle peut pour l’empêcher de fonctionner.
La dislocation de la politique environnementale des États-Unis, à
l’intérieur du pays comme au niveau planétaire, vient de commencer avec
la mise au pas de l’EPA, l’Agence américaine de protection de
l’environnement. Elle était annoncée, puis redoutée ; elle a commencé
par la nomination à la tête de l’agence de l'ex-« ministre de la Justice
» (state attorney general) de l’Oklahoma, Scott Pruitt.
À l’actif de ce climatosceptique revendiqué : une ignorance assumée
des questions de protection de la nature, de nombreuses actions
juridiques contre les textes régissant la préservation de
l’environnement et la pollution des rivières, des procès sans fin contre
la législation environnementale fédérale, des textes visant à remettre
en cause le droit à l’avortement et des diatribes contre les
homosexuels.
On peut y ajouter ses liens avec la très conservatrice Alliance
américaine pour l’énergie – un groupe d’expert présidé par un certain
Tom Pyle, proche du président Trump, « avocat » des énergies fossiles et
adversaire « de toutes ces théories sur les effets nocifs du CO2,
avec lesquelles le président Obama a trompé beaucoup d’Américains,
notamment en imposant son Clean Air Act ».
Retentissante démission
Face à ces perspectives, Mustafa Ali, l’un des plus hauts
responsables de l’EPA depuis vingt-quatre ans, a envoyé sa lettre de
démission à Scott Pruitt. Il lui expliquait qu’il ne supportait pas que
le gouvernement américain se dispose « à tuer tous les programmes de protection » de l’agence «
qui lutte depuis des années pour alléger le poids des pollutions de
l’air et de l’eau frappant essentiellement les villes et les régions
déjà affectées par la pauvreté ».
Il a ajouté, dans une interview qui a rapidement fait le tour de la
communauté scientifique et du monde associatif lié à la nature ou à
l’environnement, que « venir au secours des communautés les plus
fragiles et les plus pauvres, celles qui sont les plus vulnérables
faisait partie des préoccupations cruciales de notre agence. Or nos
nouveaux responsables n’ont pas donné le moindre signe qu’ils
s’intéressaient au sort de ces gens […], pas plus qu’ils n’ont
manifesté le moindre intérêt pour la protection de la nature. Mes
valeurs et mes priorités semblent si différentes de celles de nos
nouveaux dirigeants que je préfère aller exercer mes talents ailleurs. »
L’environnement abandonné aux États
Cette lettre n’a pas reçu de réponse, sauf par les décisions qui,
depuis quelques jours, commencent à démanteler l’EPA. D’abord une
première réduction de 30 % de son budget et l’annonce que, dans un
premier temps, au moins un quart du personnel serait licencié. En
attendant le possible démantèlement de cette agence. Car elle paraît
désormais vouée à disparaître. Les questions de la pollution de l’air,
de l’empoisonnement des cours d’eau, des rejets industriels, de la
préservation des parcs et des réserves sont de plus en plus dévolues
exclusivement aux États, y compris pour leur financement.
Il faut aussi noter que le responsable, lorsqu’il était « ministre de
la Justice », a organisé la plupart des procès contre l’agence qu'il
dirige désormais, visant à mettre en cause toutes les réglementations
fédérales pour réduire les pollutions.
Opération de « nettoyage » et de censure
Par ailleurs, tous les rapports liés à la protection de la nature et
de l’environnement produits ou financés par l’EPA disparaissent
progressivement du site de l’agence et ne sont plus accessibles au
public ou aux scientifiques. Opération de « nettoyage » et de censure
qui a évidemment commencé par tous les éléments liés aux modifications
climatiques et notamment à la montée des eaux marines.
Désormais, la voie est totalement libre aux États Unis pour les
activités des industriels, de l’extraction du charbon au recours aux
énergies fossiles. Comme un retour au Far West des débuts de l’ère
industrielle.
politis.fr
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