Au petit jeu des différences de programme, qui fait mieux : Hollande en 2012, ou Hamon en 2017?
En
2012, la finance n’avait « pas de visage, pas de parti », tout en
gouvernant, tonnait Hollande au Bourget. Cinq ans plus tard, le
candidat Benoît Hamon avance qu’au contraire, cet adversaire, « le parti
de l'argent », « a trop de candidats dans cette élection. Ce parti de
l'argent a plusieurs noms, plusieurs visages ». Pour autant, Hamon
va-t-il plus loin que Hollande en 2012 ? En 2011, Hollande promettait en
conséquence de supprimer les stock-options et d’encadrer les bonus des
dirigeants d’entreprise. Hamon veut mettre en œuvre cette promesse,
mais se montre moins audacieux sur le sujet de la rémunération des
grands patrons. Oublié, le plafonnement à vingt fois le salaire le plus
bas, mais interdiction des « rémunérations » dépourvues de lien avec
l’amélioration des résultats.
En juin 2016, dans La Tribune, Benoit Hamon écrivait alors,
prenant l’exemple des disparitions brutales de Steve Jobs (Apple),
Edouard Michelin ou Christophe De Margerie (Total), qu’elles n’avaient
eu « qu'un impact insignifiant sur la valeur de l'entreprise qu'ils
dirigeaient ».
Sur plusieurs plans, oui le candidat socialiste reprend à son
compte de nombreuses promesses faites par François Hollande pendant sa
campagne. Et non abouties depuis. Il promet ainsi l’expérimentation du
récépissé de contrôle d’identité, allant plus loin que Hollande qui
promettait en 2011 une circulaire contre les délits de faciès lors des
contrôles, avant d’enterrer l’idée et lui préférer des caméras sur la
poitrine de policiers. Hamon veut aussi relancer la police de proximité,
supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy comme ministre de l’Intérieur.
Hamon veut réhabiliter cette police qui « aurait pu éviter une affaire
Théo ». Hollande promettait le retour de « la police dans les quartiers »
et de « la gendarmerie dans les territoires ruraux ».
Sur la sortie du nucléaire et le mix énergétique, Hamon entend,
accord avec les écologistes oblige, dépasser les objectifs de François
Hollande, 50% d’énergie renouvelable à l’horizon 2025, quand le
président se faisait élire sur le chiffre de 32% en 2030.
Parfois, le candidat Hamon va plus loin, comme dans le renforcement
de la loi SRU. François Hollande a multiplié par cinq les amendes
infligées aux communes qui ne respectent pas le quota de 25% de
logements sociaux, sanctions que Hamon veut « renforcer ». « Je
mobiliserai des moyens supplémentaires pour aller vers la construction
de 150 000 logements sociaux par an, dont 130 000 logements très
sociaux. Jusqu’en 2022, nous construirons 60 000 logements sociaux pour
les jeunes et les étudiants, et adapterons 150 000 logements pour le
vieillissement », écrit le candidat dans la dernière mouture de son
projet. Enfin, « j’augmenterai, écrit-il, les aides à la pierre par des
crédits de l’État et une contribution prélevée sur les transactions et
les logements haut de gamme ».
En revanche, pas d’« emplois d’avenir » chez Hamon. Au vu du bilan
de Hollande, si les 150 000 sont au rendez-vous, seuls 43% d’entre eux
ont été assortis d’une formation, le candidat socialiste mise sur son
revenu universel pour placer la jeunesse au cœur de son projet. En 2012,
Hollande promettait une « garantie jeunes », qui après négociation avec
les organisations étudiantes, devait devenir « un droit universel »
pour 900 000 bénéficiaires. À l’arrivée, l’Etat n’en attend que 200 000
bénéficiaires, au point que l’Unef dénonce « un enfumage ».
Les deux projets pourtant ne se recoupent guère, près de 40 % des
126 propositions du candidat d’En marche ! sont proches de celles du
candidat Hollande en 2012, tandis que moins de 20 % se rapprochent de
celles d’Hamon et de Fillon, a récemment calculé Le Monde. Si en 2012,
le candidat Hollande évoquait dans l’introduction à ses 60 engagements
le « redressement » dans la justice, prévenant d’efforts à accomplir, en
2017, Hamon n’évoque pas la dette dans ses deux pages introductives
mais veut au contraire « casser la machine à désespérer », jugeant « à
portée de main, à portée de vote un futur désirable, où le travail
n’est pas facteur de souffrance mais d’émancipation, où notre modèle de
production intègre réellement l’exigence écologique, où la démocratie
retrouve le souffle qu’elle a perdu ».
Hamon retrouve les accents des
fondamentaux socialistes dont son prédécesseur s’était clairement
émancipé, puis en renonçant à « ré-enchanter le rêve français ».
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