Lors de son invraisemblable déclaration du 1er mars, à réception d’une convocation pour une éventuelle mise en examen, Fillon était entré en situation de résistance face aux juges,
dénonçant une enquête partielle, partiale, des nullités de procédure,
des violations de la séparation des pouvoirs, bref une horreur
judiciaire.
Il avait même expliqué qu’il avait saisi la chambre de
l’instruction de la masse de ces irrégularités, et que celle-ci avait
refusé de se prononcer, ce qui était l’injustice suprême. En attendant,
il attendait la mise en examen de pied ferme parce qu’il était pressé de
s’expliquer devant les juges pour dire la vérité et leur démontrer que
le dossier était vide.
Bon.
Il
y a un débat dans la presse, mais depuis quand un juge d’instruction
devrait-il répondre aux articles de presse avant d’avancer dans la
procédure ? N’importe quoi. Et ce recours qui aurait été rejeté par la
chambre d’instruction, alors qu’avant la mise en examen, les personnes
concernées ont le statut de témoin, et la loi ne leur offre aucune voie
de recours vu que justement ils ne leur est fait aucun grief.
C’est ainsi : plus c’est gros plus ça passe.
Sauf que la mise en examen a eu lieu, et on observe depuis de choses toutes simples, mais qui en disent long sur le personnage.
Contrairement
à ce qu’il avait annoncé, Fillon ne s’est pas expliqué devant les juges
pour prouver que le dossier vide. Il a fait une déclaration,
dont les juges n’ont strictement rien à battre. Ce qui signifie 1)
qu’il avait dit n’importe quoi et que 2) l’accusation est solide vu
qu’il a renoncé à s’expliquer sans une étude approfondie du dossier.
-
Donc, les trucs du genre « il n’y a rien dans le dossier, tout est
bidon, on m’accuse parce que j’ai gagné la primaire », c’est du foin
pour les ânes d’électeurs ?
- Oui, tout à fait.
Ensuite,
encore plus fort, Fillon a renoncé à faire appel de la mise en examen.
Et oui ! La mise en examen signifie qu’il existe « des indices graves ou concordants »
d’avoir commis diverses infractions dont notamment le « détournement de
fonds publics ». Un juge d’instruction ne peut prononcer une mise en
examen que s’il existe des indices graves ou concordants. Aussi, la loi
donne à la personne mise en examen la possibilité de faire appel devant
la chambre de l’instruction, si elle estime qu’il n’existe pas de tels
indices à son encontre. Donc, Fillon n’a pas fait appel devant la
chambre d’instruction car il admet qu’il y a des indices graves et
concordants de détournement de fonds publics (Il lui reste quelques jours, mais aucune déclaration pour dire qu’il fait appel).
Le
droit est une matière complexe et subtile, mais il y a des rendez-vous
simples, après chaque décision de justice : appel ou non. Ce qui
signifie aussi que si vous ne faites pas appel, c’est que vous êtes
d’accord, ou que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Là,
on ne rigole plus. Il est grave de la part d’une personne qui a été
parlementaire, premier ministre, et qui candidate à la présidence de la
République, c’est-à-dire la haute fonction, garante de l’indépendance de
la justice, de maintenir sa candidature quand elle reconnait qu’il y a à
son encontre des indices graves ou concordants d’avoir commis une
infraction aussi infamante que le détournement de fonds publics.
- Tu veux dire que le candidat est marron ?
- Je dis simplement qu’il n’a pas fait appel, et que donc, il accepte.
- Quand même, les juges doivent sourire du décalage entre les déclarations insensées du 1er mars, et de l’acceptation de la mise en examen.
- Sourire… Je pense qu’est c’est un degré au-dessus !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire