jeudi 23 mars 2017

La digue du GUD

Olivier Cabanel          

Cet acronyme, GUD, désigne le Groupe Union Défense, un groupe d’extrême droite, connu pour ses actions violentes.

Les dirigeants du FN affirment qu’il y a une digue entre ce mouvement extrémiste et eux, mais en creusant un peu, on s’aperçoit que cette digue est très poreuse...
Créé en décembre 1968, regroupant d’anciens militants d’Occident, comme Gérard Longuet, plus tard ministre sous le gouvernement Chirac, le GUD s’effacera par la suite avec l’apparition d’Ordre Nouveau, puis par celle du Front National dans les années 80.
Il refera apparition en février 2010 à l’Université d’Assas, s’étendant l’année d’après à l’Université Jean Moulin, de Lyon, et il va développer sa haine raciste, antisémite, anti-migrants et homophobe en s’en prenant ouvertement aux homosexuels, publiant des affiches incitant à les frapper.
Frédéric Chatillon, l’un des premiers membres influent du GUD, s’était illustré à plusieurs reprises : faisant le 10 mars 1990 un salut hitlérien lors d’une commémoration des combats en Algérie, puis le 15 mars 1991, il rendra visite à Léon Degrelle, exilé en Espagne, figure emblématique du nazisme européen...un autre militant du GUD, Axel Loustau rencontrera aussi Degrelle « c’est un grand honneur de vous rencontrer  » lui déclarera-t-il.
Pas étonnant que Chatillon écrive sur son mur FB, le 30 avril, jour d’anniversaire de la mort d’Hitler, dans un échange avec Loustau : « il nous manque beaucoup ».
Pour mémoire, Léon Degrelle n’a cessé d’affirmer que « la disparition de 6 millions de juifs due aux nazi était une légende ».
La justice interviendra à plusieurs reprises, condamnant à la prison plusieurs des membres du GUD, ce qui n’empêchera pas la tenue d’un congrès européen, en novembre 2014, regroupant des groupes extrémistes de Grèce (Aube Dorée), mais aussi des militants de Belgique, d’Espagne, et d’ailleurs...
Logan Djian, président du mouvement depuis 2012 a été condamné le 8 juillet 2016 à 1 an de prison pour l’agression d’un journaliste lors de la « manif pour tous » de 2013.
Ce groupe d’extrémistes a trouvé des moyens financiers en assurant parfois des services d’ordre, comme lors de la campagne présidentielle de Georges Pompidou en 1960, puis celle de Giscard d’Estaing, puis de Raymond Barre. lien
Une émission TV récente, « front national, les hommes de l’ombre  » (envoyé spécial France 2), dévoilait, le 16 mars dernier, les coulisses du FN, expliquant le départ d’Aymeric Chauprade, ancienne éminence grise de MLP (Marine le Pen), suite à la présence d’un « clan » de fidèles de la première heure, dans lequel on trouve Frédéric Chatillon, ex-président du GUD, responsable des finances du FN, d’Axel Loustau, trésorier du micro parti « Jeanne  » et de Philippe Péninque, ancien avocat fiscaliste, tous anciens membres du GUD.
Aymeric Chauprade à prévenu : « Marine le Pen n’est pas libre, elle est tenue par ces gens (...) si elle arrive au pouvoir, ces gens seront le pouvoir (...) il faut que les Français soient conscients (...) qu’ils vont peut-être demain mettre dans l’urne un bulletin pour une personne qui se dit libre, mais qui ne l’est pas (...) Marine Le Pen est entre les mains d’un groupe dangereux, sur le plan idéologique, qui a des pratiques illégales, illicites, qui à mon sens vont amener Marine Le Pen dans des tracas judiciaires très importants dans les mois qui viennent ». lien
Marion Le Pen, connait bien aussi le GUD, comme on peut le constater sur la photo en haut de l'article. lien
Mais revenons à Frédéric Chatillon, Axel Loustau, et quelques autres...
Frédéric Chatillon, mis en examen...Axel Loustau...Nicolas Crochet, inquiétés eux aussi par la justice, ils sont tous impliqués ou cités dans 4 des 5 affaires qui concernent le Front National : des affaires de financement de campagne électorale, mais aussi d’emplois fictifs, décidément très à la mode par les temps qui courent...
Ajoutons que ces 3 hommes de l’ombre sont aussi les amis de 30 ans de la patronne familiale du parti. lien
À ce jour, l’Europe a dans le collimateur pas moins de 23 personnes, qui sous le couvert d’assistants parlementaires du FN, ne sont en réalité que des membres du parti qui ne font que travailler pour celui-ci, et dont les preuves d’un quelconque travail au sein du parlement européens sont manifestement inexistantes.
Ces attachés parlementaires sont entre autres ceux de Bruno Gollnisch, Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot, Florian Philippot, Steve Briois...
Depuis, la justice française s’est aussi intéressée à ces emplois soupçonnés fictifs, et sur les 23 contrats, 18 ont été signés par Nicolas Crochet, ce qui représente 6 millions d’euros d’argent public, pour lesquels certains députés européens ont été sommés de rembourser.
La député européen FN Sophie Montel, par exemple, doit rembourser 77 000 euros.
Ajoutons que les services financiers européens ont aussi découvert que l’expert comptable qu’est Nicolas Crochet avait oublié de payer les charges sociales à l’URSAFF pendant au moins un an, pour les contrats d’assistants parlementaires européens dont il a la charge.
La somme est conséquente et avoisine les 618 000 euros, et après de nombreuses mises en demeure, l’expert comptable a finalement réparé son « oubli ».
C’est aussi ce qu’avait constaté Aymeric Chauprade, qui ayant eu une fin de non recevoir de la part de l’expert comptable Crochet au sujet du non paiement des charges sociales de son assistant parlementaire, a préféré rompre définitivement d’avec le parti, parti pour lequel il était considéré comme l’un des acteurs montants, et éventuel ministre en cas de victoire.
Il n’est pas le seul à s’être ému de cette situation, mais, à ce jour, les autres n’ont pas démissionné du parti.
Et pourtant, dans l’émission de France 2, on peut entendre de la bouche même de MLP, invitée à une réunion d’entrepreneurs sur le thème de l’éthique, cette phrase : « moi je pense que l’urgence c’est d’agir contre la fraude sociale »...ce serait « son obsession du moment  »...
Mais revenons à Nicolas Crochet...
Il se retrouve impliqué dans une autre affaire, celle du micro parti « jeanne  », lequel est la « machine » à financer les campagnes électorales du parti, avec les inévitables Chatillon (directeur de Jeanne) et Loustau (trésorier de Jeanne), lesquels 3 hommes sont soupçonnés de détournement d’argent public en surfacturant en 2012 des kits de campagne, comme l’équipe d’Envoyé Spécial l’a prouvé en prenant le cas spécifique d’un candidat frontiste du Nord, Jean-Luc Laurent en l’occurrence. lien
Le devis de Riwal, prestataire de service géré par Chatillon, était noté à 12 800 € alors qu’il aurait du être de 6400 €, soit le double d’un devis traditionnel, tout ça remboursé par l’état en cas de franchissement de la barre des 5%.
Un autre candidat « bleu marine », Bruno Wosinski, explique avoir payé 1500 € pour des tracts qu’il n’a jamais reçus, et lorsqu’il s’en est étonné, on lui a fait savoir que de toute façon, c’était l’Etat qui payait, et que le parti avait « besoin d’argent »...
L’équipe d’envoyé spécial s’est alors livré à un petit calcul : un kit de base pour une campagne départementale revenant à 4500 €, avec 1909 kits de campagne, les seuls intérêts (sur la base des 6% réclamés par « Jeanne »), s’élèvent à plus d’½ million d’argent public.
Depuis 2011, l’association « Jeanne » a engrangé près de 30 millions d’euros de chiffre d’affaire, ce qui pose la question : « y a-t-il eu enrichissement personnel sur le compte de l’argent public ?  »...
En effet quid de la montre à 12 000 € de Frédéric Chatillon , de son voyage à Puntas Cana à 18 000 € payés par la carte bleue de Riwal ?
Or depuis les mises en examen de 2015, la justice interdit Riwal de commercer avec le FN, et comme par hasard, une nouvelle entreprise, « les presses de France » est née, dirigée par Axel Loustau. lien
L’entreprise a gagné 4,8 millions grâce aux régionales de 2015, et elle n’a versé qu’1,2 million aux imprimeurs...
Presse de France a versé 1 million à la société financière Agos, créée par Loustau, un autre million a été transféré « financière de la pépinière  », et les 2 sont actionnaires d’une autre société : la SCI « Lilou  » appartenant à Axel Loustau et à sa femme, cette SCI n’ayant eu comme seul but que l’achat d’un pavillon dans les Hauts de Seine pour 1,5 million d’euros.
Cerise sur le gâteau, on découvre aussi dans le reportage d’Envoyé Spécial l’existence d’une société fantôme, Majen, située au Luxembourg, crée par Nicolas Crochet, le grand argentier du FN.
Ce dernier a revendu ses parts, en 2013, à une société située à Hong Kong...les paradis fiscaux auraient donc quelques attraits même pour les plus ardents des nationalistes, s’interrogent les journalistes d’envoyé spécial ?
En tout cas la justice enquête désormais sur un circuit de blanchiment et d’abus de bien sociaux... lien

Comme dit mon vieil ami africain : « un peuple sans culture, c’est un homme sans parole ». 

agoravox.fr

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