Le 17
septembre 2011, Marine Le Pen affirmait lors d’un meeting, vouloir
« nettoyer l’État des jouisseurs, des affairistes, des corrompus. (…),
voilà ce à quoi aujourd’hui l’Histoire nous appelle » ; « Les Français
vont se rendre compte que le seul parti propre, la seule candidate
propre, c’est Marine Le Pen ».
Le 3 avril 2013, lors d’une émission télévisée, Louis Aliot, son compagnon, ne mâchait pas ses mots : « Il est évident que si, dans l’exercice d’un mandat, l’élu est pris la main dans le sac, il devrait être inéligible à vie ».
Le 5 avril 2013, Marine Le Pen déclarait : « L’UMP et le PS ont des listes de condamnés qui sont inouïes ». Et elle proposait de « faire des enquêtes de moralité sur le personnel de la République ».
Le Front national est le parti qui compte le plus d’élus condamnés
Entre 1997 et 2012, on a les chiffres suivants : 1, 94% des élus PS ont
été condamnés ou mis en examen, c’est 3, 12 % des élus pour LR et
15,68% pour le Front national.
Dans la plupart des cas, les élus
du Front national sont condamnés pour des violences physiques, des
incitations à la haine raciale et des fraudes financières ou
électorales.
La présidente du Front national, Marine Le Pen a été
condamnée. Le vice-président, son compagnon Louis Aliot, a été condamné.
Bruno Gollnisch, candidat à la présidence Front national, a été
condamné. Depuis les années 1960, Jean-Marie Le Pen, président et
président d’Honneur du Front national a été condamné une vingtaine de
fois (1).
Marine Le Pen a fait l’objet d’une enquête préliminaire
ouverte par le parquet national financier sur des déclarations inexactes
de patrimoine. Elle a été accusée, avec son père, d’avoir sous-évalué
leurs actifs respectifs immobiliers, pour les deux tiers de leur valeur.
« Jeanne »
Le microparti de Marine Le Pen est visé par un redressement fiscal et
en attente d’un procès pour escroqueries et recel d’abus de biens
sociaux dans l’affaire du financement des campagnes législatives et
présidentielle du Front national en 2012.
Rappelons un des slogans du Front national : « Tête haute et mains propres ».
Marine
Le Pen, qui n’a jamais travaillé hors de son parti et de ses multiples
mandats électifs, a accumulé une vraie fortune et possède des parts dans
des sociétés immobilières, dont celle du manoir familial évalué à plus
de 6 millions d’euros. Elle se dit la candidate du peuple, tout en
s’opposant à l’augmentation du SMIC.
Sur le site du Front national, à la rubrique « Fiscalité. La justice fiscale au service de l’emploi » on a pu lire : « Nous procéderons à l’annulation des conventions fiscales avec tous les paradis fiscaux ».
Marine Le Pen s’en est prise à Johnny Halliday qui appelait à ne pas voter Front national. Quand, dit-elle, on « est un évadé fiscal, on essaie de se faire discret et on ne vient pas donner son avis sur la politique ».
Elle a vilipendé : Yannick Noah « un
exilé fiscal. Au lieu de payer des impôts en France, ce monsieur se
permet de donner des leçons de morale, des leçons de charité et de
partage alors que lui-même ne partage rien, que son argent est planqué
et qu’il n’en fait pas profiter les malheureux Français ».
Fort bien ! On approuve.
Mais Marine Le Pen ne savait pas
à l’époque qu’on découvrirait que son père a un compte en suisse, que
le compte en Suisse de l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac avait
été ouvert par l’avocat Philippe Peninque, conseiller de la présidente
du Front national.
Elle ne savait pas que le système de dissimulation
d’avoirs financiers dans des centres offshore entre Hongkong,
Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama, qu’un de ses
proches est soupçonné d’avoir organisé allait être découvert. Ce système
aurait été utilisé pour sortir de l’argent de France, au moyen de
sociétés écrans et de fausses factures.
Marine Le Pen ne savait pas à l’époque qu’on découvrirait
ces affaires d’emplois fictifs du Front national au parlement européen,
que l’organisme antifraude de l’Union européenne (l’OLAF) allait la
condamner à rembourser 300 000 euros de salaires indument versés à son
garde du corps et à une secrétaire du Front national travaillant à
Nanterre.
Marine Le Pen ne savait pas à l’époque qu’on découvrirait
des choses analogues concernant cinq autres députés, dont Jean-Marie Le
Pen et Bruno Gollnisch, accusés d’avoir salarié à Bruxelles des
assistants qui travaillaient en réalité pour leur parti.
Au total,
ce serait une vingtaine d’assistants soupçonnés d’avoir été payés par
le Parlement européen alors qu’ils travaillent au siège du Front
national, à Nanterre. Le Pénélopegate paraît bien pâle, à côté.
Marine Le Pen ne savait pas qu’elle devrait aujourd’hui
partager ses diatribes en 3 parties : une contre les étrangers, une
contre les médias à qui elle doit tout, une contre les juges qui sont
pourtant patients avec elle. En effet, ils restent muets alors qu’elle
vient de refuser de se rendre à une convocation de la police judiciaire.
Mais, Marine Le Pen savait
que tout ce qu’on peut lui reprocher depuis des années, après qu’elle a
été promue quotidiennement dans les médias par calcul électoral (Votez
LR, ou PS sinon c’est le Front national), tout ce qu’on peut lui
reprocher glisse sur elle comme la pluie sur les ailes d’un vautour.
Impossible de la mouiller.
Pour le premier tour des présidentielle,
elle est à ce jour créditée de 27 % d’intentions de vote (+ 2 points
depuis janvier 2017).
Il est triste de penser que nous aurons
peut-être à voter en 2017 pour ceux qui, avec la complicité des médias,
ont gonflé cette baudruche pour en faire une montgolfière. Et il
faudrait le faire, sous peine d’être accusés d’être responsables de
l’envolée de Marine Le Pen vers les nuées dormantes (dont Jaurès nous
disait qu’elles portent l’orage) avec atterrissage à l’Elysée.
Vous
dirai-je que je ne voterai pas en mai 2012 pour un parti qui a
contribué à fabriquer ce piège afin de décider de mon vote à ma place ?
(Ce texte est celui de ma chronique au micro de Radio Mon Païs, lundi 27 février 2017. Il est documenté par le livre « Marine Le Pen amène le pire » M. et F. Vivas, éditions Golias 2014, 250 pages, 12 euros).
Note
(1) Une de plus : la cour d’appel de Paris a confirmé mercredi 1er mars sa condamnation à 30 000 euros d’amende pour avoir de nouveau qualifié les chambres à gaz de « détail » de l’histoire de la seconde guerre mondiale, en avril 2015.
Le Grand Soir
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