Une rencontre de routine entre le directeur du ministère israélien des
Affaires étrangères et les envoyés de l’UE la semaine dernière a été
transformée en protestation par les États européens contre le projet
d’Israël de démolir un village bédouin.
L’Union européenne a exigé qu’Israël cesse de démolir les maisons des
Palestiniens en Zone C en Cisjordanie, et particulièrement s’agissant
du village bédouin de Khan al-Ahmar
proche de la colonie Ma’aleh Adumim car cela entraînerait un transfert
forcé de ses habitants et constituerait une violation de la Convention
de Genève.
Selon les diplomates israéliens et européens, ce message sévère, au
nom de tous les membres de l’UE, a été adressé la semaine dernière par
l’ambassadeur de l’UE en Israël, Lars Faaborg-Andersen, au nouveau
directeur-général du ministère des Affaires étrangères d’Israël, Yuval
Rotem.
Les diplomates israéliens et européens ont déclaré que, la semaine
dernière, Rotem avait tenu sa première réunion avec les ambassadeurs de
tous les États membres de l’UE en Israël. La réunion, qui s’est tenue à
l’Hôtel Dan à Tel Aviv, devait être une réunion d’informations de
routine avec les envoyés de l’UE, mais qu’elle s’est transformée, au
moins au départ, en une confrontation sur la politique du gouvernement
en Zone C, où Israël exerce un contrôle civil et sécurité total.
Immédiatement après le début de la rencontre, Faaborg-Andersen a
annoncé qu’il profitait de la réunion pour envoyer un message qui avait
été approuvé par la commission Sécurité et Diplomatie de l’UE, dans
laquelle tous les 28 États membres sont représentés. Le document, obtenu
par Haaretz, est rédigé en termes vigoureux et qualifie Israël de
« puissance occupante ».
« La mise en œuvre de mesures d’exécution telles que les transferts
forcés, les expulsions, les démolitions et confiscations de maisons et
de biens humanitaires (notamment financés par l’UE) et l’entrave à la
fourniture de l’aide humanitaire, sont contraires aux obligations
d’Israël en vertu du droit international, y compris et en particulier
des dispositions spécifiques de la IVe Convention de Genève… et causent
des souffrances aux Palestiniens ordinaires », affirme le document qui a
été lu à voix haute par Faaborg-Andersen lors de la réunion.
« Nous demandons par conséquent à Israël, en tant que puissance
occupante, de remplir ses obligations vis-à-vis de la population
palestinienne en Zone C, de cesser totalement les démolitions et
confiscations, et de laisser un plein accès à l’aide militaire. Nous
demandons instamment à Israël d’accélérer les agréments aux plans
directeurs palestiniens, de cesser les transferts forcés de la
population et les démolitions des logements et infrastructures des
Palestiniens ; de simplifier les procédures administratives pour
l’obtention du permis de construire, d’assurer l’accès à l’eau, et de
répondre aux besoins humanitaires ».
Selon les diplomates : une atmosphère très tendue
Selon les diplomates présents, Rotem a été déconcerté par le message.
L’atmosphère était très tendue et Rotem a cyniquement remarqué,
« Quelle merveilleuse façon de commencer une première rencontre avec le
directeur-général du ministère des Affaires étrangères ». Le
porte-parole du ministère, Emmanuel Nahshon, a confirmé la remise de la
protestation et du document par les ambassadeurs européens, mais il a
déclaré aussi que la rencontre elle-même avait été conduite de façon
professionnelle.
L’UE et ses États membres ont exprimé leurs préoccupations concernant
la politique israélienne en Zone C depuis quelques temps. Néanmoins,
cette protestation avait lieu dans le contexte de la remise d’une
notification pour la démolition de toutes les 42 maisons de Khan
al-Ahmar, village situé dans la zone stratégique appelée E1 qui relie
Ma’ale Adumin à Jérusalem. L’UE craint que la démolition de ce village
n’augure la construction d’une nouvelle colonie de peuplement sur le
site.
Les habitants de Khan al-Amar vivent dans des structures temporaires
sans aucunes commodités. Les Bédouins ici et dans les régions
environnantes sont parmi les groupes les plus pauvres de Cisjordanie.
Bien que toutes les structures du village aient été montées
illégalement, l’Administration civile fermait les yeux depuis des
années. Le village est le site de « l’école de pneus », une structure
faite de vieux pneus qui enseigne à des centaines d’élèves de plusieurs
villages bédouins non reconnus de la région. L’école, construite avec un
financement italien, est devenue un symbole de la lutte des Bédouins
contre la démolition du village.
Alfano Angelino, ministre des Affaires étrangères d’Italie, venu en
Israël il y a deux semaines, a soulevé la question de la démolition de
ce village lors de sa rencontre avec le Premier ministre Benjamin
Netanyahu. Alfano a demandé au Premier ministre de réexaminer la
démolition, mais sa requête a été catégoriquement rejetée. « Tout comme
nous n’avons pas approuvé la construction illégale d’Amona par les
Juifs, nous n’autoriserons pas davantage de constructions illégales par
les Palestiniens » a dit Netanyhu.
La lettre lue par Faaborg-Andersen lors de la rencontre avec Rotem
faisait mention spécifiquement de Khan al-Ahmar, ne serait-ce que parce
que l’Italie et certains autres pays avaient contribué au financement
des structures prévues pour la démolition.
« Environ 140 réfugiés palestiniens qui vivent dans la communauté
depuis les années 1950 risqueraient un transfert forcé » a déclaré
Faaborg-Andersen en lisant le texte. « En outre, 170 élèves de l’école
de Khan al-Ahmar, qui dessert aussi les communautés environnantes,
seraient laissés sans accès à l’enseignement. Nous demandons instamment à
Israël de n’entreprendre aucune démolition dans la communauté.
L’UE et
les États membres de l’UE sont unis dans l’opinion que la Zone C est
d’une importance cruciale pour la viabilité d’un futur État
palestinien ».
Source : Haaretz
Traduction : JPP.
aurdip.fr
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