Cette fois, c’est France Info
– média national BCBG – qui allume la mèche : EDF comme AREVA sont
passés outre aux avertissements et aux demandes d’explication de l’ASN
concernant la qualité d’une pièce essentielle du réacteur de l’EPR de
Flamanville, la cuve.
Avec ce qui ressemble à un superbe bras d’honneur, les deux
industriels ont installé la cuve dans le bâtiment réacteur en 2014, en
dépit de ces mises en garde réitérées depuis 2004. Problème : cet
élément clé de d’installation – c’est ce qui retient et confine les
éléments actifs et radioactifs du réacteur – n’a toujours pas été validé
par l’ASN.
La concentration de carbone dans l’acier de la cuve serait de 0,3 %
alors qu’il devrait être de 0,2 %. Bof pourrait-on dire. On ne va pas en
faire des caisses pour une si petite différence. Pour les profanes que
nous sommes, c’est vrai sauf que, si l’on en croit les « experts », ça
suffit pour modifier les propriétés mécaniques de l’acier et, en
particulier, pour influencer la température à laquelle il devient moins
souple et plus cassant. Une rupture de la cuve, c’est quelque chose
qu’on ne peut même pas imaginer dans le nucléaire. Ce serait la
catastrophe pire que Fukushima, Tchernobyl et Three Mile Island réunis…
L’EPR de Flamanville ! European Pressurized Reactor, puis
Evolutionary Power Reactor, mais on pourrait plutôt dire Euh ! Pour
Rire. Cette aberration - un réacteur d’une technique ancienne, dépassée
mais gigantesque (1 650 mégawatts), sacrifiant du fait de ce gigantisme
la sûreté à la productivité – devait coûter 3 milliards d’euros, il
devrait (? ?!!) finalement coûter 10,5 milliards, et plus si
affinité !En plus, cette dangereuse merde, qui devait démarrer en 2012
sera (? ?!!) finalement mise en service en 2018. Ce qui est tout à fait
utopique puisque la cuve n’est pas validée.
Ce chantier a multiplié les retards, les malfaçons, les pannes, les
organes déficients. Béton plein de trous par manque de ciment, cuve pas
assez résistante, etc., etc.. Ceci en partie à cause d’une cascade de
sous-traitance qui fait que la compétence des acteurs réels du chantier
n’est pas assurée. En 2011 déjà, l’ASN avait dénoncé « un manque de
compétences, de formation à la culture de sûreté des intervenants » et
des « lacunes d’EDF dans la surveillance des sous-traitants ».
Il serait peut-être temps, pour la nouvelle administration qui va
sortir des urnes, de prendre enfin la décision qui s’impose : abandonner
purement et simplement ce foutoir imposé par le redoutable autant
qu’irresponsable lobby des nucléocrates. L’EPR est merdique. Sa
construction foire aussi bien en Finlande qu’à Flamanville. Où qu’on le
construise, l’EPR sera dangereux. Il produit des déchets nucléaires
qu’il faudra stocker durant des millions d’années. Pour chaque mégawatt
d’électricité produite en un an, chaque centrale produit la
radioactivité à vie courte et à vie longue d’une bombe de Hiroshima.
Deux EPR à 1600 MWe chacun produiront la radioactivité de 3 200 bombes
de Hiroshima ! On privilégie le gigantisme au détriment de la sécurité.
Les systèmes de sécurité passifs de l’EPR ne sont pas suffisants,
armatures et pompes sont toujours entraînées par des moteurs qui peuvent
s’arrêter à la moindre panne de courant. La seule innovation de l’EPR
est le réservoir destiné, en cas d’accident majeur, à recevoir et
refroidir le cœur en fusion. Pour ce faire, il faudrait d’une part que
le bassin soit absolument sec, sans quoi les risques d’explosion de
vapeur sont très élevés, et d’autre part, il faudrait recouvrir d’eau le
cœur en fusion, ce qui provoquerait justement ces explosions de vapeur à
éviter… De plus, à l’heure actuelle, aucun alliage – et surtout pas
l’acier avarié des forges du Creusot - ne résiste à un cœur en fusion.
Cela n’existe pas !
Et pour l’EPR, des gens mourront dans les mines d’extraction, par les
radiations proches des centrales, dans les usines de plutonium (dites
de retraitement) et d’enrichissement d’uranium. Comme toute autre
centrale nucléaire conventionnelle, l’EPR produira des rejets
radioactifs lors de son fonctionnement dit « normal ». Destiné à
l’exportation, l’EPR aggrave donc le risque que de nouveaux pays entrent
en possession de la bombe atomique.
Le projet EPR a commencé bien avant les événements du 11 septembre
2001. L’EPR n’est pas prévu pour faire face à une éventuelle attaque
terroriste. Une attaque terroriste ou un accident nucléaire
majeur rendraient une grande partie de l’Europe inhabitable pour
toujours. Un pays possédant des centrales nucléaires est à la merci de
tous les chantages.
De plus, l’uranium provient de l’étranger et sa pénurie se précise,
avec l’envolée de son prix. Alors, si les réacteurs doivent être arrêtés
par manque de combustible, pourquoi en construire de nouveaux ?
Ne serait-il pas plus raisonnable, au vu de ce fiasco, de remettre au
pas le trop puissant lobby des nucléocrates et d’arrêter les frais en
ayant le courage d’abandonner le chantier EPR pour mettre enfin le
pognon et les compétences nécessaires dans la tant espérée arlésienne
qu’est la « transition énergétique » ?
agoravox.fr
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