Tout
le monde ne peut pas citer Marx, Kant ou Lao-Tseu. Moi, je reprends
souvent cette expression trouvée il y a longtemps chez San Antonio :
« Il vendrait un ventilateur à un philatéliste. »
Pourtant, en 2016, on a vu encore plus fort, vous, Monsieur David Pujadas.
C’était
au soir d’une manif contre la loi El Khomri, le 14 juin 2016, de la
place d’Italie à l’esplanade des Invalides. Peu importe d’ailleurs le
parcours, je ne suis pas du tout parisien et ces noms sont pour moi des
abstractions.
Non ! L’important, c’est que la CGT revendiquait
plus d’un million de manifestants, et le gouvernement en annonçait
énormément moins.
Ce soir-là, soucieux comme toujours de
pluralisme et d’honnêteté à la « m’as colhonat », Monsieur David
Pujadas, vous avez invité Philippe Martinez au journal de 20h.
Au moment de parler du nombre de manifestants, Vous lancez « l’œil du 20h ».
Et là, le grand art !
http://embed.francetv.fr/?ue=d5a6b3d0ec19ed1dc831a29a31f1decb&videoid=NI_740287
L’équipe du 20h démontre mathématiquement que le parcours de la manif ne peut absolument pas contenir un million de personnes, sauf à les entasser à 5 par mètre carré, ce qui ne correspond pas du tout aux images du cortège.
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L’équipe du 20h démontre mathématiquement que le parcours de la manif ne peut absolument pas contenir un million de personnes, sauf à les entasser à 5 par mètre carré, ce qui ne correspond pas du tout aux images du cortège.
À la fin, Monsieur Pujadas, vous interpellez
sur cette « preuve par l’image » un Martinez abasourdi et celui-ci a à
peine le temps de faire remarquer que tous les manifestants n’ont n’a
pas pu défiler tellement ils étaient nombreux.
Eh oui ! Le
parcours de la manif ne pouvait contenir que 150 000 à 200 000 personnes
à un instant précis, sauf que lorsque ce parcours se remplit à un bout
et se vide à l’autre pendant plus de cinq heures, ces 150 000 à 200 000
se multiplient par un nombre... que « l’œil du 20h » n’a surtout pas
calculé, de peur de montrer que les chiffres de la CGT étaient exacts !
D’autant
plus que la place d’Italie était effectivement encore noire de monde au
moment où il avait fallu se disperser à cause des horaires de train et
de car pour rentrer chez soi. Comme l’avaient brillamment démontré vos
larbins de « l’œil du 20h », Maître Pujadas, le parcours de la manif ne
pouvait vraiment pas contenir autant de monde. Sans le faire exprès, vos
sbires avaient dit une vérité !
« L’œil du 20h » avait surtout
fait la démonstration que lorsqu’on enlève un paramètre aussi important
que le temps d’un tel calcul, on est un con ou un tricheur.
Ce
soir-là, Monsieur Pujadas, vous avez fait mieux que vendre un
ventilateur à un philatéliste. Vous avez réussi à vendre à des millions
de Français une photo pour le prix d’un film de cinq heures.
Ce
qui me gonfle, ce n’est pas que vous ayez ainsi réussi la vente de
l’année. Non ! Vous avez fait, et magistralement, ce pour quoi vos
maîtres vous payent. Chapeau l’artiste !
Ce qui me gonfle, une
fois de plus, c’est que 99% des téléspectateurs, ce soir-là, ont acheté
une photo pour le prix d’un film de cinq heures, et avec l’impression de
faire une bonne affaire !
Car le lendemain, dans les
conversations de bistrot, et hélas aussi de salle des profs, ceux qui
rigolaient de la CGT avaient l’air plus intelligents que ceux qui la
défendaient, bien sûr.
Car l’anticégétisme, comme
l’anticommunisme, sont d’excellents produits deux-en-un : ils permettent
aussi bien de passer au bistrot pour un homme, un vrai, un musclé, que
dans la salle des profs pour un intellectuel, un vrai, de gauche.
Toujours le même match avec le même score, ça devient lassant : connerie un, humanisme zéro.
Le Grand Soir
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