Toute la « alt-right » (droite alternative), ainsi pudiquement nommée
par les médias conservateurs américains pour mieux en masquer le
néonazisme et le relativiser, s’y était donnée rendez-vous vendredi soir
et samedi dernier.
Défilé nocturne à la lumière des torches, les mêmes que celles
utilisées pour aller chercher les Noirs et les pendre, à une époque pas
si lointaine. Chants négrophobes (« Nègres, retournez en Afrique ! »)
et antisémites (« Juifs, vous ne nous remplacerez pas !). Claires
références au national-socialisme allemand, avec la reprise enthousiaste
du slogan « Blut und Boden » (sang et sol), les saluts nazis ponctuant
régulièrement le rassemblement et le nombre considérable de brassards à
croix gammées. Les horreurs seraient trop longues à lister dans leur
intégralité. Et pourtant, malgré la légitime émotion suscitée par les
vies fauchées à la marge de ce rassemblement, malgré la colère provoquée
par cette démonstration de racisme à visages découverts, malgré
l’antisémitisme avéré des manifestants, silence radio du côté des
autorités israéliennes et des organisations juives sionistes européennes
et
françaises.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, d’habitude si
prompt à dénoncer l’antisémitisme et à appeler à l’immigration en masse
des Juifs du monde entier vers Israël vient de dénoncer du bout des
lèvres la manifestation néonazie, mais pas un mot sur son allié Trump !
Pourtant, au sein de l’Administration Trump, les collusions sont
nombreuses et parfaitement documentées [1]
entre les suprématistes blancs antisémites et les sionistes. Preuve
supplémentaire, s’il en fallait, que sionistes et racistes antisémites
ne sont pas des ennemis mais des alliés ! Ils partagent, notamment,
l’idée que les Juifs ne sont pas des Américains comme les autres – et
qu’ils feraient mieux de déguerpir en Palestine. D’où l’absence de
réaction du gouvernement israélien. Depuis quand cogne-t-on sur ses
amis ? Ce silence assourdissant
s’ajoute à la bruyante marque d’amitié que Netanyahu a manifesté
quelques semaines plus tôt au Premier ministre hongrois Viktor Orban,
dont l’antisémitisme est avéré.
On ne pourra éviter de remarquer le silence incroyable du CRIF et
des organisations juives sionistes européennes habituellement très
promptes à hurler à l’antisémitisme devant chaque manifestation BDS
dans le monde. Faudra-t-il en conclure qu’antisionisme et antiracisme
sont condamnables et que le sionisme, même sous ses formes les plus
agressives et antisémites, non ?
L’UJFP rejoint le concert des voix juives qui, aux États-Unis comme
ailleurs, condamnent sans la moindre ambiguïté les militants néonazis
rassemblés à Charlottesville et leurs idéologues ayant pignon sur rue à
la Maison Blanche. Nous tenons également à apporter toute notre
solidarité aux proches des victimes assassinées pour avoir tenu tête
aux suprématistes blancs, et à tous les manifestants qui refusent la
haine inter-raciale aux États-Unis.
Enfin, nous manifestons notre plus
profond mépris pour les combines des dirigeants sionistes, qui partout
dans le monde, y compris à la tête des gouvernements français et
européens, ferment les yeux sur les démonstrations antisémites les plus
barbares quand cela les arrange, plaçant leur agenda politique au-dessus
de toute autre considération.
Le Bureau national de l’UJFP, le 16 août 2017.
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