Jean-Luc Mélenchon
Le gouvernement explique que tout le monde va gagner du pouvoir
d’achat grâce à ses trouvailles. C’est faux. Pour les riches, les
cadeaux fiscaux seront immédiats et directs. Pour les autres, cela
repose sur un jeu de bonneteau. Voyons cela.
On nous dit : « l’augmentation de la CSG sera contrebalancée par le
transfert des cotisations sociales sur le salaire net et la fin de la
taxe d’habitation ». Sauf que la baisse des cotisations surviendra 6
mois après la hausse de la CSG. Et surtout, souvenons-nous que les
cotisations sociales, c’est du salaire socialisé et différé. Donc leur
transfert vers les salaires nets est un faux cadeau. En effet la somme
devra être compensée par l’impôt car la loi dit que tout transfert doit
être compensé à l’euro prêt par le budget de l’État !
Ce n’est pas la seule perte occasionnée par le budget Macron. Ainsi, à
propos de la taxe d’habitation. 20 % des français sont déjà exonérés de
cette taxe. Parmi eux, par exemple, les retraités qui touchent 1350
euros par mois. Ils sont beaucoup à perdre de l’argent puisqu’ils
paieront par contre plus de CSG. Enfin, il y a les fonctionnaires, autres
grands perdants avec le gel du point d’indice et des pensions de
retraite. La mobilisation du 10 a montré que la pilule ne passait pas.
Au total, la plupart des Français se font duper dans cette première
partie du budget, du côté des « recettes ». Mais ils perdent une
deuxième fois avec la disparition croissante de l’État. La baisse
drastique des dépenses publiques aura des implications directes sur la
solidarité, les services de l’État, les services publics, etc... Ces
baisses touchent, en outre, prioritairement les 3 priorités qu’expriment
les Français chaque fois qu’on leur pose la question : la santé,
l’emploi, le logement. C’est le record de coupes claires dans les
dépenses de l’assurance maladie. Ici la prévision annonce 4,2 milliards
d’économies. Du jamais vu ! Tout est touché comme avec cette hausse de
2€ du forfait hospitalier. Pour le logement, c’est pareil. On a tous en
tête cette histoire de baisse de l’APL. Elle impacte terriblement plus
qu’on ne le croit de l’extérieur. Notamment dans le logement social au
détriment des bailleurs et donc des investissements et entretiens. Ici
c’est 1,7 milliard qui s’envolent ! Enfin pour l’emploi, c’est 110 000
suppressions de postes prévues avec la fin des contrats aidés. Le plus
grand plan social de l’histoire du pays. Cela veut dire des milliers de
prestations et de fluidité de fonctionnement en moins.
Il y en a pour 1,5 milliard qui disparaissent de l’économie. Il ne
faut jamais perdre de vue la valeur des prestations détruites par les
coupes claires. Leur impact n’est jamais mesuré. Combien « coûte » la
maladie non soignée, l’enfant non assisté, et ainsi de suite ? Ce que
j’ai appelé le prix du malheur. Il va exploser. Ainsi quand on retire
environ 2,6 milliards aux collectivités locales et que le gouvernement
leur demande de baisser leurs dépenses de fonctionnement de 13 milliards
sur 5 ans ! On estime que ce plan induira moins 73 000 fonctionnaires
territoriaux d’ici 2022. Donc combien de milliards de valeur des
prestations qu’ils accomplissaient ? Quoiqu’il en soit, si on s’en tient
aux seuls chiffres de « non dépenses » on doit se souvenir que le
gouvernement prévoit près de 80 milliards sur le quinquennat ! C’est
inévitablement un choc d’austérité qui va bloquer la relance de
l’activité. Tout cela parce que la doctrine libérale prévoit que le
marché fait jaillir l’activité là où l’État s’en va !
On nous annonce, en contre-feu, un plan d’investissement de l’Etat pour
une valeur de 56,3 milliards sur le quinquennat. On notera que cela ne
compense pas les 80 milliards d’économie prévues en cinq ans ! Mais sur
le papier, cela paraît important. C’est, par exemple, 6 milliards de
plus que ce qui était annoncé dans le programme du candidat Macron qui
s’en tenait à 50 milliards. Mais quand on regarde dans le détail, c’est
le contraire. Voyons cela. Sur ces 56 milliards, 12 milliards sont en
fait un redéploiement de crédits existants, dont les caractéristiques
seront modifiées pour servir les finalités du plan d’investissement.
Par exemple, 10 % des crédits de formation professionnelle des agents
publics seront mobilisés pour accompagner l’évolution de leurs métiers
dans le contexte de développement du numérique. À cela s’ajoutent 11
milliards qui seront financés par « la mise à disposition d’instruments
financiers ». C’est-à-dire qu’il s’agit, à cette ligne, de prêts,
dotation en capital, intervention de la Caisse des dépôts et
consignation, qui ne constituent donc pas un apport d’argent « frais ».
La suite ne vaut pas mieux. On trouve aussi par exemple que 10 milliards
seront repris du « plan d’investissement d’avenir 3 » (PIA 3) lancé par
le précédent gouvernement. Au total, les 55,6 milliards de Macron ont
bien fondu au lavage. Seul 24 milliards seront réellement injectés par
le Gouvernement. Et cela à travers des crédits budgétaires, dont 5
milliards sont inclus dans le PLF 2018.
C’est donc un plan
d’investissement de seulement 24 milliards. C’est-à-dire finalement 2
fois moins que ce qui était annoncé dans le programme du candidat Macron
et 4 fois moins que ce qui était prévu dans l’Avenir en Commun.
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