lundi 25 mars 2019

Élections israéliennes : une compétition entre criminels de guerre


Ramona Wadi

Un résultat est certain en ce qui concerne les prochaines élections israéliennes : Gaza restera l’une des principales cibles du nouveau gouvernement.

Au cours des passes d’armes entre les candidats aux élections, l’ancien chef de l’IDF, Benny Gantz, a déclaré qu’il appliquerait la politique israélienne d’assassinats ciblés contre les dirigeants du Hamas s’il était élu, et si nécessaire.
Ses commentaires visaient à contrer les remarques de Naftali Bennett, ministre de l’Éducation, au sujet de « l’opération Bordure Protectrice » en 2014, dans lesquels ce dernier a utilisé des propos désobligeants pour critiquer les décisions de Gantz qui, selon Bennett, mettaient en danger la vie des soldats israéliens. Bennett a avancé que Gantz serait l’option préférée du Hamas à la tête du gouvernement israélien. Cette affirmation est également soutenue par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a déclaré que le parti de Gantz ferait « des concessions importantes aux Palestiniens ».
Gantz et Netanyahu se concentrent de plus en plus sur Gaza dans leur campagne électorale, « l’opération Bordure Protectrice » et la Grande Marche du Retour servant de base à leurs arguments. Gantz, qui était aux commandes lors de l’agression contre l’enclave, a comparé l’après-2014 aux protestations en cours et à la réponse de Netanyahu, consistant à ordonner aux tireurs d’élite positionnés à la frontière de tuer et blesser les Palestiniens participant aux manifestations.
Gantz a décrit la stratégie de Netanyahu comme une « politique usée ». La solution de rechange dans un tel scénario, selon l’ancien chef de l’armée, est de « revenir à une politique d’assassinats ciblés ».
En juin 2018, le ministre israélien de la Sécurité, Gilad Erdan, a prôné l’assassinat ciblé des dirigeants du Hamas et des Palestiniens qui lançaient des cerfs-volants incendiaires depuis la frontière de Gaza.
Parler de retour à des assassinats ciblés, cependant, n’est pas approprié. Israël a une longue histoire d’assassinats de dirigeants palestiniens du Hamas et d’autres factions politiques palestiniennes. Pas plus tard que l’année dernière, un scientifique palestinien affilié au Hamas a été abattu en Malaisie dans le cadre d’une opération qui a suscité des spéculations sur le rôle du Mossad, même dans les médias israéliens, bien que l’implication de l’agence n’ait pas été clairement confirmée.
Gantz, par conséquent, ne « reviendra » pas à une politique d’assassinats ciblés, mais s’engagera dans la poursuite de la politique israélienne. Pourtant, la spéculation sur les assassinats ciblés n’est qu’une diversion des dommages que Netanyahu et Gantz ont le pouvoir d’infliger à l’enclave en termes de violence politique et humanitaire liée.
À la suite de « l’Opération Bordure Protectrice », Netanyahu a adopté une stratégie qui prolonge la violence au profit d’Israël. La Grande Marche du Retour en est un exemple. Les assassinats ciblés commis par les tireurs d’élite israéliens ont attiré l’attention de la communauté internationale, qui, avec le temps, s’est atténuée jusqu’à exprimer les préoccupations habituelles concernant ce qui est considéré comme de la violence ordinaire. Faire prendre ses distances à Israël vis à vis des assassinats ciblés à Gaza pendant cette période lui a donné l’occasion de normaliser la violence qui se poursuit le long de la frontière.
Gantz n’est un novice en matière de stratégie. Les assassinats ciblés ne peuvent être attribués à un seul dirigeant mais à l’existence de l’État colonial et à sa politique d’élimination. Ce à quoi Gaza sera confrontée sous le nouveau gouvernement israélien est plus susceptible d’être la poursuite des mesures qui maintiennent les Palestiniens de l’enclave dans le dénuement.

Au-delà de la rhétorique de campagne électorale, la promotion franche et la mise en œuvre d’assassinats ciblés contredisent l’ambiguïté intentionnelle qu’Israël a utilisée contre des dirigeants ou des individus qui ont le potentiel de contester son existence.

* Ramona Wadi est rédactrice au Middle East Monitor où cet article a été publié en premier. Elle contribue régulièrement au PalestineChronicle.com.

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