vendredi 22 mars 2019

Macron ou l’insécurité permanente


François Cocq

Où que l’on regarde, le gouvernement Macron installe un climat d’insécurité permanente.

C’est bien sûr vrai dans sa gestion de l’ordre public. Cela l’est dans sa manière d’appréhender le cadre institutionnel. Cela l’est enfin dans l’ordre économique et social où les récentes saillies contre les retraites menacent tant les salariés que les agents publics. Partout la société en est réduite à subir les affres d’une politique qui fragilise les individus comme les cadres collectifs. Le modèle Macroniste n’était déjà pas souhaitable pour le grand nombre. On constate qu’il n’est désormais viable pour personne.
Après 18 semaines de mobilisation populaire au cours desquelles M. Macron a voulu s’ériger en fer de lance du parti de l’ordre, preuve est faite que la stratégie de la répression par la violence n’apporte ni sécurité et encore moins sûreté. La confrontation voulue par M. Macron a augmenté le degré de violence dans le pays sans qu’une issue positive apparaisse. M. Macron est en train de figer le pays après l’avoir fracturé. L’insécurité est ressentie tant chez les Gilets jaunes qui expriment les revendications populaires, que du côté des forces républicaines qui savent qu’elles ne représentent en tant que telles pas issue au conflit démocratique et social, qu’à travers la population tout entière qui se trouve prise en otage par l’inertie et l’entêtement présidentiel.
La même incertitude pèse sur l’édifice institutionnel. Pour sauver le soldat Castaner, Macron a épuré l’ensemble de la préfecture de police de Paris : l’administration paie pour son incurie politique. Auparavant, Macron avait outrepassé la séparation des pouvoirs en s’en prenant au Sénat au mois de janvier à l’occasion de l’un des innombrables soubresauts de l’affaire Macron-Benalla. Il a depuis façonné un « grand débat » à sa main, laissant aller la discussion mais se gardant la conclusion : la souveraineté n’est plus démocratique mais monocratique, elle n’est plus populaire mais redevient un apanage monarchique. Il a surtout laissé apparaître aux yeux de tous le conflit de légitimité qui mine les démocraties européennes et la France en particulier malgré le verrou institutionnel de l’Elysée qu’est la 5e République : le hiatus entre la légitimité, réelle, naît de l’élection, et la légitimité populaire, qui refusant d’être désormais délégative, revendique la dimension permanente et inaliénable dont elle n’aurait jamais dû se voir spoliée. Le cadre où s’organise la vie dans la Cité humaine continue à se déliter à mesure qu’il est livré à l’utilisation anarchique qu’en fait le président Macron.
Depuis dimanche, c’est désormais l’avenir de tout un chacun et la possibilité d’enfin pouvoir profiter de sa retraite qui disparaît dans les brumes de l’orthodoxie libérale. Le 17 mars, la ministre des Solidarités et de la Santé en charge de la réforme des retraites Agnès Buzyn, se prononçait en faveur d’un « allongement de la durée de travail ». Deux jours après, elle faisait marche arrière assurant qu’ « aucune modification de l’âge minimal de départ à la retraite n’était envisagée ». Pourtant, dès le lendemain, c’était au tour du porte-parole du gouvernement de rouvrir la porte en affirmant que « l’âge de départ à la retraite est au menu », prenant en cela le contrepied des engagements de campagne d’Emmanuel Macron. L’après-midi même, le Premier ministre le contredisait depuis l’Assemblée.  Au-delà du pataquès politique d’un gouvernement de pieds nickelés, au-delà des ballons d’essais d’idéologues libéraux extrémistes, il convient de s’interroger sur la perception par les gens de cette nouvelle incertitude sur leur futur individuel et sur le devenir de notre système de protection sociale collectif. Il faut vivre dans une tour d’ivoire pour ne pas imaginer le ressenti des salariés et des agents qui, partant le matin travailler, voit l’avenir se dérober à mesure qu’il s’éloigne. On ne gouverne pas ce pays comme on dirige un conseil d’administration ! L’Humain ne peut être en permanence insécurisé si l’on veut qu’il fasse encore société.
À tous niveaux, la politique macroniste est une politique d’insécurité permanente. Dans une certaine mesure celle-ci répond aux nécessités de l’atomisation et de la pagaille libérale. Mais point trop n’en faut. C’est aujourd’hui une brutalisation de nos vies et de notre collectif humain.

Le retour à l’ordre des droits est plus que jamais une nécessité. Macron en est à l’heure actuelle le principal obstacle.

Aucun commentaire: