François Cocq
Où que l’on regarde, le gouvernement Macron installe un climat
d’insécurité permanente.
C’est bien sûr vrai dans sa gestion de l’ordre
public. Cela l’est dans sa manière d’appréhender le cadre
institutionnel. Cela l’est enfin dans l’ordre économique et social où
les récentes saillies contre les retraites menacent tant les salariés
que les agents publics. Partout la société en est réduite à subir les
affres d’une politique qui fragilise les individus comme les cadres
collectifs. Le modèle Macroniste n’était déjà pas souhaitable pour le
grand nombre. On constate qu’il n’est désormais viable pour personne.
Après 18 semaines de mobilisation populaire au cours desquelles M.
Macron a voulu s’ériger en fer de lance du parti de l’ordre, preuve est
faite que la stratégie de la répression par la violence n’apporte ni
sécurité et encore moins sûreté. La confrontation voulue par M. Macron a
augmenté le degré de violence dans le pays sans qu’une issue positive
apparaisse. M. Macron est en train de figer le pays après l’avoir
fracturé. L’insécurité est ressentie tant chez les Gilets jaunes qui
expriment les revendications populaires, que du côté des forces
républicaines qui savent qu’elles ne représentent en tant que telles pas
issue au conflit démocratique et social, qu’à travers la population
tout entière qui se trouve prise en otage par l’inertie et l’entêtement
présidentiel.
La même incertitude pèse sur l’édifice institutionnel. Pour sauver le
soldat Castaner, Macron a épuré l’ensemble de la préfecture de police
de Paris : l’administration paie pour son incurie politique. Auparavant,
Macron avait outrepassé la séparation des pouvoirs en s’en prenant au
Sénat au mois de janvier à l’occasion de l’un des innombrables
soubresauts de l’affaire Macron-Benalla. Il a depuis façonné un « grand
débat » à sa main, laissant aller la discussion mais se gardant la
conclusion : la souveraineté n’est plus démocratique mais monocratique,
elle n’est plus populaire mais redevient un apanage monarchique. Il a
surtout laissé apparaître aux yeux de tous le conflit de légitimité qui
mine les démocraties européennes et la France en particulier malgré le
verrou institutionnel de l’Elysée qu’est la 5e République :
le hiatus entre la légitimité, réelle, naît de l’élection, et la
légitimité populaire, qui refusant d’être désormais délégative,
revendique la dimension permanente et inaliénable dont elle n’aurait
jamais dû se voir spoliée. Le cadre où s’organise la vie dans la Cité
humaine continue à se déliter à mesure qu’il est livré à l’utilisation
anarchique qu’en fait le président Macron.
Depuis dimanche, c’est désormais l’avenir de tout un chacun et la
possibilité d’enfin pouvoir profiter de sa retraite qui disparaît dans
les brumes de l’orthodoxie libérale. Le 17 mars, la ministre des
Solidarités et de la Santé en charge de la réforme des retraites Agnès
Buzyn, se prononçait en faveur d’un « allongement de la durée de travail ». Deux jours après, elle faisait marche arrière assurant qu’ « aucune modification de l’âge minimal de départ à la retraite n’était envisagée ». Pourtant, dès le lendemain, c’était au tour du porte-parole du gouvernement de rouvrir la porte en affirmant que « l’âge de départ à la retraite est au menu »,
prenant en cela le contrepied des engagements de campagne d’Emmanuel
Macron. L’après-midi même, le Premier ministre le contredisait depuis
l’Assemblée. Au-delà du pataquès politique d’un gouvernement de pieds
nickelés, au-delà des ballons d’essais d’idéologues libéraux
extrémistes, il convient de s’interroger sur la perception par les gens
de cette nouvelle incertitude sur leur futur individuel et sur le
devenir de notre système de protection sociale collectif. Il faut vivre
dans une tour d’ivoire pour ne pas imaginer le ressenti des salariés et
des agents qui, partant le matin travailler, voit l’avenir se dérober à
mesure qu’il s’éloigne. On ne gouverne pas ce pays comme on dirige un
conseil d’administration ! L’Humain ne peut être en permanence
insécurisé si l’on veut qu’il fasse encore société.
À tous niveaux, la politique macroniste est une politique
d’insécurité permanente. Dans une certaine mesure celle-ci répond aux
nécessités de l’atomisation et de la pagaille libérale. Mais point trop
n’en faut. C’est aujourd’hui une brutalisation de nos vies et de notre
collectif humain.
Le retour à l’ordre des droits est plus que jamais une
nécessité. Macron en est à l’heure actuelle le principal obstacle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire