tgb
Tout d’abord permettez moi, en ces jours funestes, d’avoir une pensée
émue pour les Champs Elysées affreusement saccagés, les nombreuses
devantures de magasin lâchement agressées par les terroristes jaunes et
les succursales du grand capital tombées au combat : Bulgari - Hugo Boss
- Chanel - Longchamp - Le Fouquet’s - Swaroski - Nespresso - Le PSG -
Lacoste une minute de silence aussi pour les familles des vitrines bouleversées : merci !
La violence c’est pas bien. La violence c’est mal. La violence appelle la violence. Non à la violence. Halte à la violence. D’autant que l’instrumentalisation de la violence méchante justifie la répression gentille, qu’être aussi féroce qu’eux n’est pas gagné, tandis que la non violence n’empêche pas d’acheter un sac Vuitton ou un maillot du PSG.
Ce n’est évidemment pas en brisant la vitrine d’une banque qu’on va
faire tomber la banque sur la gueule du banquier même si ça la fout mal.
Donc, quand on m’éborgne l’oeil droit, je me justifie devant Pujadas,
puis me culpabilise devant Aphatie et enfin tend l’oeil gauche à
Castaner pour me soigner de tant d’aveuglement. Ce n’est pas parce qu’on
me mutile, m’humilie, me nie, me conchie, me vire, m’exploite, me
crache à la gueule, que je dois me laisser aller sauvagement à
égratigner un robocop qui est un être humain aussi.
Je n’oublie évidemment pas d’exiger en toute décence d’un factieux éborgné à
peine mutilé, devant le spectacle des Champs Elysées affreusement
défigurés, qu’il verse sa larme du dernier oeil qui lui reste. Lui l’a
bien cherché contrairement au Fouquet’s. (qui ne nous appartient alors
que les aéroports, Engie ou la française des jeux bradés à la mafia…mais
que c’est pas une raison).
Je m’excuse donc si un membre de la bac a contracté quelque
courbature à cause de moi, quelque méchante crampe de flashball et
condamne avec la plus grande vigueur le fait d’avoir occasionné, à force
de réglementaire matraquage, une tendinite par ci, une contracture par
là, parmi nos dévouées forces de l’ordre nouveau.
J’ai bien conscience que, jusqu’à aujourd’hui, c’est avec la plus
grande retenue que le pouvoir a massacré son peuple, certain préfet ne
souhaitant pas spécialement entrer dans l’histoire avec du cadavre sur
son CV, mais que les meilleures choses ayant une fin, il devient légitime, sous les encouragements civiques de l’éditocratie collaborationniste française, qu’on enferme les sauvages fluos dans un stade sauce Pinochet, qu’on en fusille quelques uns pour l’exemple, et qu’on mitraille à balles réelles la foule, le grand Dieu jaune et le franc tireur Luc Ferry, reconnaissant les siens.
Le consciencieux et zélé Lallement, nouveau chef des milices de
l’oligarchie méritante semble être de ce point de vue tout à fait
déterminé à courageusement salir ses gants blancs.
Un tel sens du devoir rappelle avec nostalgie les meilleures heures
préfectorales du serviteur de l’état qu’était le regretté Papon.
N’oublions pas non plus de compassionner
fort socialement pour une fois, avec le pauvre kiosquier privé soudain
de son outil de travail encore tout fumant avant d’aller rejoindre la
longue cohorte des assistés en vacances aux Bahamas, tout en nous
fichant parfaitement des chômeurs virés pour cause de dividendes, de la
spéculation de certaine ministre du travail sur les plans de
licenciement, des accidentés du travail, des riens d’une manière
générale qui peuvent crever.
(Chaque année en France : - 2000 morts dans la rue - 560 morts au
travail - 67 000 morts à cause de la pollution - 14 000 morts à cause du
chômage...)
Rassurons les accros de la manif merguez et cotillons, l’itinéraire
Bastille Nation restera praticable tous les premiers samedis du mois (et encore), histoire de pas déranger, d’autant qu’un Grand Débat fort démocratique nous est offert pour exprimer nos incessantes doléances.
Rappelons surtout que la boxe est strictement interdite sur les
passerelles, que les tractopelles ne doivent pas défoncer les portes des
ministères, et qu’on ne martyrise pas les plâtres des allégories de
l’arc de triomphe sous peine de paniquer le patronat en son merdef, le
subtil Griveaux en son pantalon et le président volant en son
hélicoptère affrété, entre deux télésièges éjectables.
Pour résumer notre devoir citoyen du jour, consommons plus consumons moins pour aider notre grand patron Arnault et lui éviter de devoir jeter l’éponge et son RH Macron tout en même temps.
rue-affre
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