mardi 21 mai 2024

La connivence Attal- Bardella

Antoine Manessis

Le débat prévu sur la chaîne de télé publique France2 entre le premier ministre Gabriel Attal et la tête de liste du RN aux élections européennes Jordan Bardella est la démonstration de la connivence entre la droite macroniste et l'extrême-droite lepeniste.

À 15 jours des élections, ce duel tend à réduire la vie politique à une confrontation entre la droite et l'extrême-droite.  Et à éliminer la gauche du champ politique. Macron a joué ce jeu là lors des élections présidentielles de 2017 et 2022. Il tente d'apparaitre comme le barrage à l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et son parti. 

Parallèlement, Macron adopte des positions venant de l'extrême-droite et s'enfonce chaque jour davantage dans un autoritarisme et une politique de régression sociale et démocratique qui sont les prodromes du néo-fascisme.

Son socle électoral s'effrite, nous l'avons déjà constaté, et il doit faire face à la dynamique du RN qui, en fait, s'explique davantage par sa capacité à agglomérer des voix de droite, à l'abstention d'une large fraction du vote populaire qu'à une dynamique propre. 

Pour Macron que faire dans cette situation pour éviter une Bérézina à son camp ? Comment rassembler son électorat ou éviter une trop grande hémorragie ? En rejouant la pièce : "moi ou Le Pen". Le débat Attal-Bardella n'a que cette signification : faire croire aux citoyennes et aux citoyens que la Macronie, et ce qui lui succèdera à la tête du bloc bourgeois, est le vote utile pour stopper le RN. Pour cela le duel, prévu avec la complicité active de la direction de France2, doit concrétiser cet affrontement à venir dans la perspective de 2027.

Ce débat est en outre un viol de l'égalité de traitement entre les différentes listes. Un viol du pluralisme politique. Et une tentative d'effacer la gauche comme acteur central de la vie politique et mettant en cause sa capacité à vaincre l'extrême-droite.

Une fois encore, ce débat illustre l'autoritarisme macroniste et sa perte de tout repère démocratique. Et confirme pour les sceptiques la main mise de l'exécutif sur les médias publics qui s'inscrivent dans la stratégie du macronisme. Et plus largement, ces médias, on l'a vu sur les dossiers palestinien, ukrainien et plus récemment encore sur la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, ne sont que les perroquets zélés de l'Elysée.

Olivier Faure, plus ou moins chef du PS, ayant saisi l'ARCOM sur ce débat Attal-Bardella, nous pourrons voir quelle est l'indépendance ou tout au moins la marge de manœuvre de cet organisme. Dont ce qui subsiste de crédibilité, déjà bien mise à mal, est en jeu. Il est vrai que truquer avec un tel cynisme la sincérité d'un scrutin électoral confirme le constat de la grave dérive autoritaire et liberticide de la Macronie. Comportement que l'on retrouve dans sa conception anti-syndicale des affaires sociales, dans sa pratique institutionnelle avec un usage immodéré du 49.3, dans son mépris pour l'opinion même largement majoritaire comme sur le dossier des retraites, jusqu'à son comportement provocateur et violent vis à vis des Gilets jaunes ou des indépendantistes kanak. Pour ne rien dire de sa politique internationale soumise aux caprices incohérents du manager de France SA.

Ces manœuvres anti-démocratiques démontrent l'importance pour les Français-e-s de déjouer celles-ci en votant le 9 juin pour l'union populaire, c'est-à-dire à la fois contre Attal/Macron  et Bardella/Le Pen.

Antoine Manessis 

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