mardi 16 juin 2009

Fujimori, le « Drácula » du Pérou

L’Ex-Président condamné comme criminel : Le Japonais coffré


Par Cristina Castello




Il était un président constitutionnel mais imposé de fait. Et ce contresens n'est pas une métaphore. Dans le Pouvoir du Pérou de 1990 à 2000, il a été un tyran et un criminel. Ainsi l'a déclaré la Justice le 7 avril passé, et l'a condamné à 25 ans de prison, pour crimes de lèse-humanité et corruption. Il fut l’un des instruments nécessaires pour que les USA imposent le néo-libéralisme à outrance dans les années 90, un des antécédents de la crise mondiale. « Dracula » n'a laissé aucun ennemi sans torturer. Même sa première épouse, Susana Higuchi, ne s’est pas sauvée de cette grâce. La mère de ses trois fils a déclaré qu’elle fut torturée non moins de 500 fois, sur ordre de son époux, le président constitutionnel.

Alberto Fujimori et
Alan García, son complice
Impossible de parler de Fujimori, sans mentionner l'actuel président du Pérou, Alan García Pérez, il n’y a qu’à voir. L'oiseau mis en cage ne s'est pas privé de commettre des barbaries, ni de dire des mensonges. Juste quand il devait exposer son programme de gouvernement dans la Semaine Sainte de 1990, il a dit qu'il s'était intoxiqué avec de la morue. Surnommé « Le Chinois », il s’est rebaptisé « Chinochet » en l’honneur de l'un de ses collègues de génocide, Augusto Pinochet. Il a parlé ou il s'est tu d’après ses convenances. Mais surtout, il a assassiné.

Furie dévorante pour le Pouvoir, pour gagner les élections, il a scandalisé le Japon quand —grotesque — il a même dansé une valse à la télévision. Puis, l'actuel mandataire Alan García, a suivi son exemple. Pour gagner les votes de la jeunesse, sa figure obèse a dansé face aux caméras, au rythme du reggaetón. Les gouvernants assassins du Pérou aiment danser.

Aussi habile pour tuer que pour couvrir sa lâcheté, il a soudainement obtenu la nationalité japonaise et s'est enfui à Tokyo, en novembre 2000. Ce fut lorsque le réseau de corruption dont il faisait partie — dirigé par Vladimiro Montesinos, jadis chef des Services d'Intelligence (SIE) et informateur de la CIA — a été découvert. Montesinos, un personnage aussi abject que son patron, et que la justice universelle —qui se montre, parfois— veut voir emprisonné.

Depuis Tokyo, la ville gouvernementale du Japon, le fuyard a renoncé à la présidence, en novembre 2000 d'une manière inouïe. Il a envoyé un fax et... c'est tout ! Ça alors quelle originalité, inédite même dans les annales des félonies que l'homme perpètre quand il est au Pouvoir. Et il alla plus loin : par crainte que sa citoyenneté japonaise flambante neuve ne soit pas suffisamment sûre pour le protéger de la loi, il postula au Parlement japonais pour chercher l'immunité parlementaire. Puis, avec l'intention de présider à nouveau le Pérou, il y est retourné par l'intermédiaire du Chili, où il a été fait prisonnier et finalement extradé.

Maintenant, condamné par la justice péruvienne et emprisonné, dans le monde, il est connu comme Fujimori le meurtrier. Ou peut-être faut-il recourir aux euphémismes, quand le sacrilège est le terrorisme d'État, rien de plus et rien moins ? Il est un meurtrier, un de plus.

Fujimori et sa fille, Keiko
Il ne porte pas de tenue rayée, ni n’est pas marqué par un nombre, comme les victimes des camps d'extermination, ou comme les êtres qu'il a ordonnés de lacérer ; ou comme l’ont été tant autres dont il a décidé la mort. Au contraire, aussi furieux que glacial, encore derrière les grilles il continue de vouloir imposer ses semailles de mort, faim et désolation, au travers de l’une des filles de la mère martyrisée par ordre de son papa. Keiko Fujimori, son bébé, porte le flambeau d'ombres que son père lui a légué, et le brandit comme drapeau dans sa candidature présidentielle.

« Chinochet » sortira de prison le 10 février 2032. Né en 1938, il aura 94 ans : y arrivera-t-il ? Arrivera-t-il à cet âge, et arrivera-t-il à accomplir la peine, celle que l’actuel président tente de déjouer afin que son complice retrouve la liberté ?

Les charges que la Justice a prouvées, ont été les crimes de lèse- humanité dans les quartiers Altos et la Université de la Cantuta ; et le kidnapping aggravé du journaliste Gustavo Gorriti ainsi que celui du chef d'entreprise Samuel Dyer. Des massacres qui ont impliqué des tortures et des assassinats en masse, le meurtre de 25 personnes, dont un enfant de 8 ans, sous le feu assassin d'un escadron de la mort.

Le travail impeccable des tribunaux péruviens est une borne dans l'histoire de l'Amérique brune. De fait, quelques militaires argentins ont été condamnés, tout comme Pinochet au Chili, qui a été emprisonné à son domicile, en raison de son âge avancé. Mais, des trois, celui de Fujimori est le seul cas d'un président qui habite, enfin, dans un cachot, ayant été choisi par le vote citoyen, bien qu'après il ait exercé un gouvernement imposé de fait.

Il hurle qu'il fera appel, pour ne pas expier ses crimes ; et non seulement devant les instances habituelles de la Justice ; aussi devant la Cour Interaméricaine de Droits Humains, la même qui auparavant lui paraissait terroriste. Une autre question est celle du « Quatrième Pouvoir » —les moyens les plus influents : en réalité, un pouvoir de quatre catégories, avec la somme de pouvoir ; entre lesquels il y a un cas paradigmatique, à propos du jugement pour « Chinochet

Balancement

Les expressions du «New York Times » sur la condamnation, semblent être une pièce d'éthique. L’article l'a qualifié d’ « encourageante » et a mis l'accent sur la conduite exemplaire de la Cour Suprême du Pérou, pour avoir envoyé le condamné en prison. Il a minutieusement détaillé les épreuves de morts et de tortures : il a été scandalisé et a éclaté de joie car les crimes de lèse-humanité ne doivent pas être permis; et, s'ils se produisent, ils méritent punition, toujours selon le regard du quotidien des USA.

Et il est allé plus loin, il a dit ce que tant de Péruviens clament avec ardeur : que la sentence est un avis sérieux pour l'actuel président.

Bien sûr. Pendant la première présidence d’Alan « Cheval fou» García Pérez au Pérou, il a organisé le Commando, Rodrigo Franco, qui a balayé des quartiers andins complets, les massacres de paysans étaient habituels, autant que les « disparus ». . En 1985, il avait ordonné le Massacre d'Accomarca, où l'Armée péruvienne a assassiné 45 personnes. Et deux ans plus tôt, le 19 juin 86, on a extrajudiciairement exécuté plus de 200 prisonniers Du Fronton de Lurigancho et Santa Barbara. En 1988, il a poursuivi sa route de mort, avec le Massacre de Cayara, lorsque trente personnes ont été exterminées, outre qu’il y a eu des dizaines de disparus.

Fujimori en attendant la sentence de la Justice
Aussi comme dans le cas du « Chinois », ont été instruites contre lui, diverses causes pour crimes de lèse-humanité, qu’il a éludées grâce à l'aide de son complice japonais. Et aujourd'hui, il continue d'incarcérer des innocents, en persécutant des poètes, en essayant de livrer l'Amazonie péruvienne aux compagnies pétrolières et en y exterminant ses habitants. Mais il n’en reste pas là.


Alan García a aussi abrité le Vénézuélien Manuel Rosales, un bandit de l'opposition chaviste, recherché par Interpol pour des infractions communes : enrichissement illicite et corruption. Plus : est déjà confirmée l'alliance Keiko Fujimori-Alan García, pour continuer à maintenir dans la faim et la mort le peuple péruvien, sous une dictature où règne la terreur. S'ils atteignent ces objectifs, Drácula serait libéré dans deux ans et le président actuel ne serait jamais jugé.


Pendant ce temps, tandis que les enfants bercent leur pureté, face au ciel, sur les balançoires des parcs d’attractions, le « New York Times » oscille entre deux extrêmes, bien que jamais avec le ciel.

Il a soutenu et soutient que Fujimori a fait des merveilles lorsqu’ il est arrivé au pouvoir, puisqu'il a arrêté une inflation galopante. En un mot : parce qu'il a instauré le néo-libéralisme à outrance, comme un élève obéissant de l'Amérique du Nord. En bref : Le journal applaudit le fait que la justice ait agi sur le même inculpé qu’elle avait soutenu auparavant. Punaise ! Si, justement, la violence, les crimes de lèse-humanité et l'État de terreur ont été l'échafaudage nécessaire pour imposer la politique économique - financière du Régime.


Ou, peut-être, le « New York Times » ignore-t-il que le Pérou est l’arrière cour des EE.UU ? Il sert de triste exemple, depuis le 23-08-90, l'ambassade nord-américaine dans le pays de Túpac Amaru et César Vallejo, savait en détail le plan fujimoriste des opérations, pour réaliser des meurtres. Les preuves sont aux mains des Archives de Sûreté Nationale, de l'un de ses analystes, Meter Kombluh, et de Kate Doyle, qui est un témoin expert dans le jugement de «Chinochet».

Le Japonais, c’est certain, ne s'est privé de rien de mauvais. Des documents secrets confirment que, près de son ex-conseiller Vladimiro Montesinos, il a aidé Carlos Menem quand il était le président argentin, à cacher l'information sur la contrebande d'armes de l'Argentine à l'Équateur. Lui et sa « communauté d'intelligence », ont su les préparatifs pour le commerce illégal des fusils, à peine ceux-ci ont-ils commencé. « Grâce » à la complicité du Nippon, des dizaines d’officiels et de soldats péruviens ont perdu la vie dans Alto Cenepa et personne n'a été soumis à un jugement.

A Bagua, juin 2009, crime commis par Alan Garcia, le complice de Fujimori

Menem est accusé par la Justice argentine; mais pendant ce temps, il jouit de revenus volumineux en tant que sénateur national; lui et le Dracula du Pérou, c'était le point de départ pour la prolifération des hommes politiques de la troupe de spectacle qui se sont agenouillés face de l'Empire. Tous deux, ont été précurseurs de l'aliénation de leurs pays : de la vente à un prix vil d'entreprises nationales, à des entreprises étatiques étrangères, dans la plupart des cas. Et, ce qui est grave, tant ou plus, c’est que les deux ont vidé la vie de son sens transcendant : celui d'être vécue comme une esthétique contenant l'éthique.

Sans masque

Il a eu 70 ans pour apprendre la fraternité, mais il a choisi le chemin inverse. Ingénieur agronome, physicien, mathématicien, devenu homme politique. Naoichi et Mutsue Fujimori, ses parents l’ont vu naître au Pérou, où ils étaient arrivés à la recherche d'un travail et d’une bonne qualité de vie. Le Pérou leur en a donné, et puis, le fils s'est chargé de dévaster le pays qui leur avait offert le bien-être.

C'était avec le parti «Cambio 90» que Fujimori avait postulé à la présidence pour les élections de cette année-là. Son concurrent était l'écrivain de droites Mario Vargas Llosa. Après avoir obtenu un maigre 20 % de suffrages, dans le ballottage, il s’est accrédité la présidence avec 60 %. Des pièges de la vie, il a reçu le dossier de quelques groupes de gauches; et, certes, celui de son complice Alan García, jadis le président, pour l'APRA.

Sauf pour tuer, au commencement de son mandat, Dracula s'est montré sans masque. Sans masque, son gouvernement a dépendu — directement — du conseil de l'Amérique du Nord, et du FMI, avec une active participation de l'agent de la CIA, l'ex-capitaine Vladimiro Montesinos. Sans masque, en 1992 — grâce à la violence et avec l'aide des Forces armées — il a dissous le Parlement et a suspendu le Pouvoir Judiciaire, dans ce que l'on connaît comme son « auto-coup » ; et il a approuvé une nouvelle constitution, qui lui a donné la totalité du pouvoir.

Fujimori et ses amis, vêtus pour tuer
Il a terminé avec le groupe certainement terroriste « Sendero Luminoso »; et de même avec le Mouvement révolutionnaire Túpac Amaru (MRTA), d'une origine et avec des objectifs très distincts par rapport aux « Sendero ». Non, il n'a pas terminé avec ; il a exterminé les membres à feu ouvert, grâce aux tortures très sophistiquées et aux disparitions forcées d’êtres humains. La terreur de l'État, au lieu de la Justice. Et tandis qu'il poursuivait ses semailles de mort, il a gagné de nouveau les élections en 1995 face de l'ex-Secrétaire général des Nations Unies, Javier Pérez de Cuéllar.

La fin est arrivée : c’est la fin ?

C’est à peine au terme des années 90 que les citoyens ont commencé à se réveiller; à découvrir la corruption et la cruauté. En 2000 «Chinochet » a gagné de nouveau la présidence, puisque son adversaire, Alejandro Toledo, s'est retiré sans partager le deuxième tour électoral. Et tout s'est précipité.

Au travers d'une vidéo sont sortis à la lumière des actes infinis de sa pérenne corruption. Alors le vaillant Dracula dont la main n'avait jamais tremblé pour les ordres d'assassinat a fui. Et, alors, le Japon, et alors, son renoncement par fax. Derrière lui était aussi resté — il s'était sauvé — Susana Higuchi, torturée par ordre de son époux toujours bestial. Et de leurs quatre enfants, il ne voit que par les yeux d’une seule, Keiko, son bibelot.

En 2006 Fujimori s'est marié avec la puissante entrepreneuse nipponne — propriétaire d'hôtels et de terrains de golf — Satomi Kataoka, aujourd'hui 42 ans, pour s'assurer de ne pas être repoussé dans son pays de sang oriental. Le mariage est devenu légal à trois heures du matin et en absence.

Satomi Kataoka,
la gelée 2ème épouse de Fujimori

— « Je sens que tu fais partie de mon destin. Je veux me marier avec toi », a dit alors l'actuel bagnard à sa japonaise.
— « Il me dit qu'il m'aime, et je l'aime aussi, mais je l'admire plus en tant qu’être humain. Fujimori a rempli le vide de mon cœur et il m'a spirituellement sauvée. Il m'a offert amour et chaleur humaine», a dit la japonaise, sur son péruvien - japonais.

Maintenant Kataoka voit Fujimori comme un Christ sacrifié, et le juge et le procureur comme démons.
Démon « Chinochet » :
La mère de ses fils a été capuchonnée, soumise à des électrochocs et torturée jusqu'à presqu'en mourir.
- « Quand nous serons loin, s’il ressent la solitude, il peut emporter mon chien », avait ricané la Japonaise.

Aujourd'hui personne n'aboie dans la prison du Dracula du Pérou, mais la justice universelle clame pour écouter le hurlement coffré d'Alan García Pérez. Pour que Jamais Plus.


* Cristina Castello est une poète et journaliste argentine bilingue (espagnol-français) qui vit entre Paris et Buenos Aires.

http://www.cristinacastello.com/
http://les-risques-du-journalisme.over-blog.com/

* Cet article est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur

DEMAIN SUR CE BLOG, UN ARTICLE SUR ALAN GARCÍA PÉREZ.




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Fujimori, el «Drácula» del Perú

Ex-presidente condenado por criminal:
el japonés enjaulado


Por Cristina Castello



Especial para Kaos en la Red

photo prise de aidresep.org.pe - copyright

Fue un presidente constitucional de facto. Y este contrasentido no es metáfora. En el Poder del Perú desde 1990 hasta el 2000, fue tirano y criminal. Así lo declaró la Justicia el pasado 7 de abril, y lo condenó a 25 años de prisión, por crímenes de lesa humanidad y corrupción. Fue uno de los instrumentos necesarios para que los USA impusieran el neoliberalismo a ultranza en los ’90, uno de los antecedentes de la crisis mundial. «Drácula» no dejó ningún supuesto enemigo, sin torturar. Ni siquiera su primera esposa, Susana Higuchi, se salvó de esa gracia. La madre de sus tres hijos declaró que fue martirizada no menos de 500 veces, por orden de su esposo, el presidente constitucional.

Imposible hablar de Fujimori, sin mencionar al presidente actual del Perú, Alan García Pérez, ya se verá. El pájaro enjaulado no se privó de cometer barbaries, ni de decir mentiras. Justo cuando debía exponer su programa de gobierno en la Semana Santa del ’90, dijo que se había intoxicado con bacalao. Apodado «El Chino», se rebautizó «Chinochet» en honor a uno de sus colegas de genocidios, Augusto Pinochet. Habló o calló según sus conveniencias. Pero sobre todo, asesinó.


Furia devoradora por el Poder, para ganar las elecciones, escandalizó al Japón cuando —grotesco— hasta bailó un vals en la televisión. Después, el actual mandatario Alan García, siguió su ejemplo. Para ganar los votos de la juventud, su figura obesa danzó frente a las cámaras, al compás del reggaetón. A los gobernantes asesinos del Perú les gusta bailar.

Tan hábil para matar como para arropar su cobardía, consiguió súbitamente la nacionalidad japonesa y huyó a Tokio, en noviembre de 2000. Fue cuando se descubrió la red de corrupción, de la que formó parte, encabezada por el entonces jefe de los Servicios de Inteligencia (SIE) e informante de la CIA norteamericana, Vladimiro Montesinos, personaje tan abyecto como su jefe, y a quien la justicia universal –que asoma, a veces— quiere ver en prisión.

Desde la ciudad sede del gobierno de Japón, el evadido renunció a la presidencia, en noviembre de 2000 de una manera inaudita. Envió un fax y... ¡ya está! Caramba qué originalidad, inédita incluso en los anales de las felonías, que consuma el hombre cuando está en el Poder. Y fue más lejos: por temor de que la flamante ciudadanía japonesa no fuera suficientemente segura para ampararlo de la ley, se postuló al congreso nipón; buscaba la inmunidad parlamentaria. Después, y con el propósito de presidir de nuevo el Perú, regresó vía Chile, donde fue hecho prisionero, y finalmente extraditado.

Ahora, condenado por la justicia peruana y en prisión, en el mundo se lo conoce como el reo Fujimori. ¿O acaso hay que apelar a eufemismos, cuando el sacrilegio es el terrorismo de Estado, nada más y nada menos? Es un reo, otro más.

No tiene traje a rayas, ni está marcado con un número, como las víctimas de los campos de exterminio, o como los seres que él ordenó lacerar; o como estuvieron tantos otros cuyas muertes decidió. Al contrario, tan furioso como gélido, aún detrás de las rejas sigue queriendo imponer su siembra de muerte, hambre y desolación, a través de una de las hijas de la madre martirizada por orden de su papá. Keiko Fujimori, su bebé, lleva la antorcha de sombras que su padre le legó, y la esgrime como bandera en su candidatura presidencial.

«Chinochet» saldrá de prisión en el 10 de febrero de 2032. Nacido en 1938, tendrá 94 años: ¿llegará? ¿Llegará a esa edad, y llegará a cumplir la condena, que el presidente actual lucha por burlar para que su cómplice recupere la libertad?

Los cargos que la Justicia probó, fueron los crímenes de lesa humanidad en Barrios Altos y la Universidad de la Cantuta, y el secuestro agravado al periodista Gustavo Gorriti y al empresario Samuel Dyer. Masacres que implicaron torturas y genocidio, el asesinato de 25 personas, entre ellas un niño de 8 años, bajo el fuego asesino de un escuadrón de la muerte.

El trabajo impecable de los tribunales peruanos, es un hito en la historia de la América morena. De hecho, algunos militares argentinos fueron condenados, y también Pinochet en Chile, quien estuvo prisionero en su domicilio, en razón de su edad avanzada. Pero, de los tres, el de Fujimori es el único caso de un presidente que habita, por fin, en una mazmorra, habiendo sido elegido por el voto ciudadano, aunque después haya ejercido un gobierno de facto.

Él aúlla que apelará, para no purgar sus crímenes; y no sólo ante las instancias habituales de la Justicia; también ante la Corte Interamericana de Derechos Humanos, la misma que antes le parecía terrorista. Otra es la cuestión del «Cuarto Poder» —los medios más influyentes—: en realidad, un poder de cuarta, con la suma de poder; entre los cuales hay un caso paradigmático, a propósito del fallo para «Chinchonet».

Bamboleos

Las expresiones del diario «New York Times» sobre la condena, parecen una pieza de ética. La calificó de «alentadora» y puso el acento en la conducta ejemplar de la Corte Suprema del Perú, por haber enviado al reo a prisión. Detalló prolijamente las pruebas de muertes y torturas: se escandalizó y estalló de alegría porque los crímenes de lesa humanidad no deben permitirse; y, si ocurren, merecen punición, siempre según la mirada del diario de los USA.

Y fue más lejos, dijo lo que tantos peruanos claman con ardor: que la sentencia es un aviso serio para el presidente actual.

Desde luego. Durante la primera presidencia de Alan «Caballo loco» García Pérez en el Perú, se organizó el Comando Rodrigo Franco, que barrió poblados andinos enteros, las matanzas de campesinos eran habituales y también los desaparecidos. En el ’85 había ordenado la Masacre de Accomarca, donde el Ejército peruano asesinó 45 personas. Y dos años antes, el 19 de junio del ’86, se ejecutaron extrajudicialmente más de 200 prisioneros de El Frontón, Lurigancho y Santa Bárbara. En el ’88 siguió su derrotero de muerte, con la Masacre de Cayara, cuando treinta personas fueron exterminadas, y hubo decenas de desaparecidos.

Al igual que en el caso del «Chino», se instruyeron contra él, diversas causas por crímenes de lesa humanidad, que eludió gracias a la ayuda del cómplice japonés. Y hoy, sigue encarcelando inocentes, persiguiendo a poetas, tratando de entregar la Amazonia peruana a las empresas petroleras y exterminando a los aborígenes. Pero no se queda ahí.

Alan García cobijó también al venezolano Manuel Rosales, un delincuente, de la oposición chavista, buscado por la Interpol por delitos comunes: enriquecimiento ilícito y corrupción. Más: ya está sellada la alianza Keiko Fujimori-Alan García, para seguir poblando de hambre y muerte al pueblo peruano, bajo una dictadura donde impere el terror. Si logran esos objetivos, Drácula sería liberado dentro de dos años y el presidente actual no sería juzgado jamás.

Mientras tanto, así como los niños balancean su pureza, cara al cielo, en los columpios de los parques de diversiones, el «New York Times» se bambolea entre dos extremos, aunque jamás con cielo.

Sostuvo y sostiene que Fujimori hizo maravillas cuando llegó al poder, ya que detuvo una inflación galopante. En una palabra: porque instauró el neoliberalismo a ultranza, como un alumno obediente de Norteamérica.

Breve: celebra que se haya hecho justicia con el mismo reo al que sustentó. ¡Recórcholis! Si, justamente, la violencia, los crímenes de lesa humanidad y el Estado de terror, fueron el andamiaje necesario para imponer las políticas económico-financieras del Régimen.

¿O acaso el «New York Times» ignora que el Perú es el patio trasero de los EE.UU.? Sirva como triste ejemplo, que desde el 23-08-90 la embajada norteamericana en el país de Túpac Amaru y César Vallejo, sabía detalladamente el plan fujimorista de operaciones, para realizar asesinatos. Las pruebas están en manos del Archivo de Seguridad Nacional, de uno de sus analistas, Meter Kombluh, y de Kate Doyle testimonio experto en el juicio a «Chinochet».

El japonés, cierto, de nada malo se privó. Documentos secretos confirman que, junto a su ex asesor Vladimiro Montesinos, ayudó a Carlos Menem cuando era presidente, a ocultar información sobre contrabando de armas de Argentina a Ecuador. Él y su «comunidad de inteligencia», supieron de los preparativos para el comercio ilegal de fusiles, no bien éstos comenzaron. «Gracias» a la complicidad del nipón, decenas de oficiales y soldados peruanos, perdieron la vida en Alto Cenepa y nadie fue sometido a juicio.

Menem está procesado por la Justicia argentina; pero mientras tanto, goza de abultados ingresos como senador nacional; y él y el Drácula del Perú, fueron el punto de partida para la proliferación de los políticos de la farándula, genuflexos frente al Imperio. Los dos fueron precursores de la enajenación de sus países: de la venta a precio vil de empresas estatales nacionales, a empresas estatales extranjeras, en la mayoría de los casos. Y, tanto o más grave, los dos vaciaron la vida de su sentido trascendente: el de ser vivida como una estética, que contenga la ética.

Sin máscara

70 años tuvo para aprender la fraternidad, pero eligió el camino inverso. Ingeniero agrónomo, físico, matemático, devenido político. Naoichi y Mutsue Fujimori, sus padres lo vieron nacer en el Perú, adonde habían acudido en busca de trabajo y buena calidad de vida. El Perú se los dio, y el hijo se encargó después de arrasar el país que les brindó bienestar.

Fue con «Cambio 90» que Fujimori se postuló a la presidencia en las elecciones de aquel año. Su contrincante era el escritor de derechas Mario Vargas Llosa. Después de haber obtenido un escaso 20% de sufragios, en el ballottage se acreditó la presidencia con el 60%. Trampas de la vida, recibió el respaldo de varios grupos de izquierdas; y, por cierto, el de su cómplice Alan García, por entonces primer mandatario, por el APRA.

Salvo para matar, al comienzo de su mandato Drácula se mostró sin máscara. Sin máscara, su gobierno dependió —directamente— de la asesoría de Norteamérica, y del Fondo Monetario Internacional (FMI), con una participación activa del agente de la CIA, el ex capitán Vladimiro Montesinos. Sin máscara, en 1992 —mediante la violencia y con la ayuda de las Fuerzas Armadas— disolvió el Parlamento y suspendió el Poder Judicial, en lo que se conoce como «autogolpe»; y aprobó una nueva constitución, que le dio la suma de poder.

Terminó con el grupo ciertamente terrorista «Sendero Luminoso»; y también con el Movimiento Revolucionario Túpac Amaru (MRTA), de muy distinto origen y objetivos que Sendero. No, no «terminó»: exterminó a los integrantes, a fuego abierto, mediante torturas sofisticadísimas y desaparición forzada. El terror de Estado, en lugar de la Justicia. Y mientras seguía su siembra de muerte, ganó de nuevo las elecciones en 1995 frente al ex Secretario General de las Naciones Unidas, Javier Pérez de Cuéllar.

Le llegó el final, ¿el final?

Fue recién a fines de los ’90 que la ciudadanía comenzó a despertar; a descubrir la corrupción y la crueldad. En 2000 «Chinchonet» ganó de nuevo la presidencia, pues su opositor, Alejandro Toledo, se retiró sin participar de la segunda vuelta electoral. Y todo se precipitó.

A través de un video, salieron a la luz infinitos actos de su perenne corrupción. Entonces el valiente Drácula, a quien no le había temblado la mano para las órdenes de asesinar, huyó. Y entonces, el Japón, y entonces, su renuncia por fax. Atrás había quedado también —se había salvado— Susana Higuchi, torturada por orden de su esposo siempre bestial. Y de los cuatro hijos de la pareja, él no ve sino por los ojos de una ellos, Keiko, su bibelot.

En 2006 Fujimori se casó con la poderosa empresaria nipona —propietaria de hoteles y campos de golf— Satomi Kataoka, hoy 42 años, para asegurarse de no ser rechazado en el país de su sangre oriental. El matrimonio se hizo legal a las tres de la madrugada y en ausencia.
—«Yo siento que eres parte de mi destino. Quiero casarme contigo», dijo entonces el actual presidiario a su japonesa.
— «Él me dice que me ama, y yo también lo amo, pero lo admiro más como ser humano. Fujimori llenó un vacío en mi corazón y fue él quien me salvó espiritualmente. Él me brindó cariño y calor humano», dijo la japonesa, sobre su peruano-japonés.


Ahora Kataoka ve a Fujimori como un Cristo que está siendo sacrificado, y al juez y al fiscal como demonios.

Demonio «Chinochet»:
La madre de sus hijos fue vendada, encapuchada, sometida a electroshock y torturada hasta casi morir.
—«Cuando estemos lejos, si se siente solo, que se lleve a mi perro», había reído la japonesa.


Hoy nadie ladra en la prisión del Drácula del Perú, pero la justicia universal clama por escuchar el aullido enjaulado de Alan García Pérez, para que Nunca Más.



*Cristina Castello es poeta y periodista, bilingüe (español-francés) y vive entre Buenos Aires y París.

* Este artículo es de libre de reproducción, a condición de respetar su integralidad y de mencionar a la autora y a la fuente.


Mañana, en este Blog, artículo sobre ALAN GARCÍA PÉREZ.

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