jeudi 11 juin 2009

Retour sur les élections européennes

par Jean Dornac


« On a beau dire, on a beau faire »… (Merci Jacques Brel), un politicien reste un politicien ! Ce qui est également vrai de nombreux journalistes de nos médias les plus en vue…


Cette fois, je parle surtout pour le cas de l’UMP. La plupart des intervenants, au soir de l’élection, sont restés étonnamment modestes. Il est vrai qu’il n’y avait pas de quoi pavoiser, hormis pour la formation toute fraîche menée par Daniel Cohen-Bendit, Eva Joly et José Bové.

Mais, les cris de victoire des représentants de l’UMP avaient quelque chose d’odieux à mes yeux. Du plus modeste militant jusqu’aux plus hauts gradés de ce parti, tous ont proclamé, sans guère de modestie, leur « victoire ».

4 798 921 voix sur un total de 44 282 679 d’inscrits pour l’UMP, il faut être stupide ou d’une mauvaise foi himalayenne pour oser crier victoire ! Cela représente à peine plus de 10% des Français en âge de voter ! Illustre « victoire », non ?

Je prends ces cris de victoire comme la dernière farce (de mauvais goût) ou la dernière consolation pour le parti du président, qui, évidemment, n’est pas le Président de tous les Français mais seulement de ceux qui votent pour lui ou qui le soutiennent avec son parti politique personnel. Il ne faut pas chercher ailleurs, sans doute, les exclamations qui frisent l’imbécillité lorsque tel ou tel futur ancien ministre affirme que « les Français » ont voté pour Sarkozy ou pour ses propositions. Ah cette tendance politicienne à faire d’un score pourtant mauvais le choix de tout le peuple ! Ici, comment ne pas s’en rendre compte : Le ridicule le dispute à la mauvaise foi !

Passons, ça n’a pas plus d’importance qu’un banal fait divers…

Aspect tragique et inquiétant de cette élection

Ce qui me semble tragique, au niveau européen, c’est le maintien, voire l’augmentation du nombre d’élus de droite, une droite européenne, et la Française ne fait pas exception, de plus en plus dure, de plus en plus raide dans ses convictions idéologiques néo ou ultralibérale. Et ce qui est inquiétant, c’est que, parfois, l’extrême droite a réussi à obtenir quelques sièges.

Dans la conjoncture sociale et économique actuelle, c’est exactement le genre de mentalité politique nécessaire pour nous mener tout droit à des guerres, civiles ou généralisées, si l’occasion se présente. Car, pour ces gens-là, n’existent que les intérêts des particuliers riches comme des pays riches. On vient de voir ce que cette mentalité donne au Pérou ! Le représentant néolibéral, grand défenseur des classes aisées et riches, Alan Garcia, n’a pas hésité à provoquer un bain de sang. Or, dans un contexte de pauvreté, pour ne pas dire de misère qui gagne nombre de familles européennes, comment imaginer qu’en cas de révolte sérieuse, de routes barrées, comme au Pérou, les élus de droite hésiteraient longtemps à réagir comme Garcia, eux qui sont des adorateurs de « l’ordre », le leur ? Pour ma part, je ne me fais nulle illusion.

Vainqueur véritable, l’abstention ! Pourquoi ?

Même si, bien entendu, la volonté exprimée par les abstentionnistes n’est jamais prise en compte par les politiciens, le message délivré dimanche passé, de façon très puissante par ceux qui ont refusés de participer à ce vote, est très clair :
Beaucoup d’entre nous, que nous nous soyons abstenus, ou que nous ayons voté « blanc ou nul » (781 480 personnes tout de même) souhaitent l’Europe, notamment comme facteur de paix dans le monde, mais aussi de justice, de vie sociale et culturelle digne de ce nom.

Qu’exprimons-nous par notre abstention ou notre vote blanc ?

Nous refusons, non pas l’Europe, mais ce « machin » au service exclusif des financiers et marchands à la mentalité dépravée, inacceptable pour tout humaniste. Ce que ces politiciens construisent depuis plusieurs années, ce n’est pas l’Europe, c’est un marché, mais un marché de dupes, un marché inutile aux peuples, pire même, nuisible pour les peuples. Alors, qu’on ne vienne pas nous reprocher de refuser de voter pour leur « truc », cette chose qui ne sert que les intérêts mineurs, puisque privés.

Et puis, nous sommes nombreux à n’avoir pas digéré le « coup de Jarnac » infligé par Sarkozy aux 54% de français qui ont dit non au traité constitutionnel en 2005 par la ratification d’un traité identique dans son sens ; ratification proposée uniquement à des élus très réceptifs aux intérêts de multinationales et aux « sirènes » néolibérales. Avec ce déni du vote de 54% de Français, une vraie majorité pour une véritable victoire, le monde de la finance pouvait à nouveau dormir tranquille, sûr de pouvoir continuer à piller, et à grande échelle, les peuples européens et le reste du monde.

Comme Sarkozy nous l’a démontré, magistralement, il faut bien l’avouer, le vote du peuple n’a aucune utilité ni avenir. Son seul but est et reste d’envoyer des politicards ou des affairistes imposer leurs propres lois, les voter et nous les imposer en nous ligotant toujours plus sûrement.

Vraiment, nos politiciens ne doivent pas, à présent, se lamenter sur le nombre d’abstentionnistes toujours plus important. C’est la réponse de la bergère au berger !

Quant aux médias…

Côté télé, les journalistes étaient plus intéressés par l’aspect « people » que par les questions de fond. En écoutant certains d’entre eux, dimanche soir, j’avais l’impression d’assister avant tout à la recherche de l’info sensationnelle : Martine Aubry va-t-elle rester à la tête de son parti ? François Bayrou pourra-t-il encore rester président du Modem ? Quid des questions bien plus cruciales sur l’avenir de l’Europe ? Quant à l’avenir des peuples, voilà une question qui n’a sans doute pas lieu d’être dans une enceinte télévisuelle… Les peuples, à ce moment-là, étaient réduits à des « voix » appartenant, visiblement dans l’esprit des journalistes, aux divers partis politiques. On a même entendu des présentateurs affirmer, sous forme de question que les Verts avaient « volé » des voix au Parti socialiste ! L’électeur qui continue à se déplacer en est réduit à être une sorte de munition pour partis politiques ! C’est tout le respect qui lui est accordé, semble-t-il…

Au fait, messieurs et mesdames les journalistes, savez-vous que le Pérou existe et qu’on y tue des indigènes considérés comme des êtres inférieurs par Alan Garcia ? Cela vous gênerait tant d’en parler, plutôt que d’imposer aux téléspectateurs la lamentable « cuisine électorale » à la française ? Peut-être que pour vous, ces indigènes n’ont-ils toujours pas d’âme comme au temps des conquistadors ?...

Ne serait-il pas temps, grand temps même, que vous vous occupiez un peu plus, un peu mieux, des peuples opprimés par leurs dirigeants ou par des pays colonisateurs : Le Pérou, oui, mais aussi la Palestine occupée, saignée, colonisée, pillée depuis tant de décennies ; mais encore tous ces peuples pillés par les multinationales dont certaines sont françaises.

Plutôt que de dire sur vos antennes que les abstentionnistes sont des gens qui n’ont pas le sens du devoir civique, vous feriez mieux de montrer la vraie misère humaine, celle dont nos dirigeants, tous ceux des pays riches plus un certain nombre de dirigeants de pays pauvres, lamentables complices, sont responsables. Comme il vous semble plaisant d’affirmer du haut de vos tribunes médiatiques que nous n’aimons pas l’Europe ! Mais qu’en savez-vous ? Pourquoi affirmez-vous de telles choses ? Pour plaire aux princes qui nous gouvernent ? Par conviction personnelle ? Après enquête ? Et auprès de qui, ces éventuelles enquêtes ?...

Qui sont les vainqueurs ? Qui sont les perdants ?

Des vainqueurs, il y en a peu.
- Les élus qui vont trouver ou retrouver une position bien confortable pendant cinq ans ;
- Les lobbyistes de tous ordres ;
- Le monde de la finance et quelques idéologues qui auront la satisfaction de voir leurs idées à l’œuvre, des gens incapables de reconnaître les dégâts que leurs théories causent ; des gens qui, de toute façon, n’ont rien à faire des peuples.

Les perdants, c’est nous, nous les peuples :
- Nous sommes perdant par l’impossibilité d’avoir confiance dans les politiciens.
- Nous sommes perdants par rapport au droit de vote qui n’a plus d’autre signification qu’un test semblable à un sondage grandeur nature pour plébisciter ces « messieurs-dames » de la politique !
- Nous sommes tous perdants, parce que l’Europe, celle des peuples, la seule qui ait un sens, n’existe toujours pas après soixante ans de manœuvres de toutes sortes.
- Nous sommes presque tous perdants puisqu’on nous a mis sous la coupe et la volonté de multinationales qui n’ont rien à faire de la vie, de notre vie comme de toute vie.

L’Europe de nos politiciens me fait penser à une de nos anciennes quincailleries où l’on trouve de tout pour les affairistes, mais rien pour la culture et l’humain. Ne parlons même pas de social, ce mot doit résonner comme une insulte aux oreilles de ces gens-là.

Continuez vos petits commerces, puisque nous n’avons pas le pouvoir de vous en empêcher rapidement, mais sans nous ! Basta et vive la désobéissance civile qui viendra, je n’en doute pas ! Tout vient à point à qui sait attendre… méditez ces paroles de Jean de la Fontaine !

En prime, pour montrer dans quel type de démocratie nous vivons sous l'actuel pouvoir, ce reportage de la TSR (télévision suisse romande) tant qu'elle est en ligne. Cela vaut le coup d'oeil...


Titre : Emission "Temps Présent" - Sarkozy, vampire des médias


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