Mahmoud Darwich - Mohamed RouabhiMaison de la poésie, Paris, jusqu’au 22 novembre
http://www.maisondelapoesieparis.com/spip.php ?article529
du mercredi au samedi à 19 h, dimanche 17 h
Textes de Mahmoud Darwich
Traductions Elias Sanbar (pour Discours de l’Indien rouge),
Yves Gonzalez-Quijano et Farouk Mardam-Bey (pour Une mémoire pour l’oubli)
Mise en scène, scénographie et jeu Mohamed Rouabhi
Assistante à la mise en scène Jeanne Louvard
Lumière Nathalie Lerat
Voix Claire Lasne
Production compagnie Les acharnés‐Mohamed Rouabhi Avec le soutien de la DRAC Ile‐de‐France, du ministère de la Culture/DMDTS, du conseil général de Seine‐Saint‐Denis et de la région Ile‐de‐France
Site Les acharnes.com
Une mémoire pour l’oubli est paru aux éditions Actes Sud en 1994, et Discours de l’Indien rouge dans la Revue d’études palestiniennes, n°46, aux éditions de Minuit
J’avais rencontré Mahmud à de nombreuses reprises, à Paris mais principalement à Ramallah où j’ai passé presque quatre années à travailler dans des camps de réfugiés ou des prisons palestiniennes, de 1998 à 2001.
Je peux même dire qu’il y eut un temps où je le voyais régulièrement. Je savais son aversion pour les cérémonies, les protocoles, les hommages en tout genre, rendez-vous harassants et morbides où se mêlent aux sincères et muets témoignages de douleur et de peine, hypocrisie, goût de l’exhibition et spectacle d’une affliction mondaine. Je connaissais son amour du verbe, sa passion démesurée pour la musique des mots.
Et la musique.
Et les mots.
J’aimais à l’infini sa poignante solitude.
Celle du matin. Celle de la nuit. Celle du café.
J’aimais l’éclat soudain malicieux de ses yeux durs qui accompagnaient le verre de vin qu’il portait à ses lèvres.
J’aimais l’odeur de ses Gitanes filtres qui imprégnait ses costumes gris et le journal plié dans sa poche, ses doigts, ses cheveux épais.
J’aimais la nostalgie de cet homme délicat et rugueux, un homme de la terre et un homme de l’air, sa nostalgie des fruits et des aromates. J’aimais les femmes qu’il aimait et j’aimais les femmes qu’il écrivait.
Alors j’ai attendu d’en avoir fini avec les souvenirs du poète. Fini avec les paroles.
Fini avec ses silences dans son vaste bureau du Centre culturel Khalil-Sakakini à Ramallah. Fini avec sa respiration bruyante dans ce silence. Penché sur une édition du journal Le Monde en arabe. Ou sur un gros livre qu’il faut tenir à deux mains.
Parce que la poésie est une femme et nos deux mains ouvertes de chaque côté sont une invitation au regard et au désir de ce regard silencieux et pudique et nos deux mains ne suffisent pas à aimer la femme et le livre.
Avec la même avidité.
J’ai attendu la fin de tout cela.
J’ai attendu d’en avoir fini avec la mort du poète.
Pour enfin recommencer à lire le poète.
Comme une première fois.
Avec, comme une première fois, ce sentiment de beauté aveuglante mêlée à de la cendre encore chaude.
Mohamed Rouabhi.
Mahmoud Darwich (1941-2008), poète palestinien.
Figure primordiale de la littérature palestinienne, défenseur de son peuple et de la paix.
Parmi ses œuvres traduites en français citons :
Plus rares sont les roses, 1989
Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?, 1996
La Palestine comme métaphore, 1997
La terre nous est étroite, et autres poèmes, 2000
État de siège, 2004
Murale, 2003.
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7884

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