Ghaza

par Abderrahmane Zakad


Ghaza

Ghaza : longueur cinquante km, largeur dix.
Age : l’éternité.

© Alexandre Seron peinture murale Belem Brésil

La seule route entre la mer et la mère de sable
Ici les combats sont sinueux, la paix instable
Entre la veillée et deux cuillères de Kouchari,
Dans un doux silence on tue des innocents.

Ghaza dort sans rêves sans livre et sans histoire
Les massacres qui effacent le temps et l’espoir
En entendant siffler des oiseaux monotones
Dans le petit matin trempé de 100.000 morts.

Les armées ont planté des Croix de David
Et des Croix vaticanes de baïonnettes avides
La terre en a perdu son destin national
Les troupeaux abattus, tout dort dans le Sinaï
Le vent, toujours le vent vient balayer les dates
Celles du calendrier et celles des palmiers.
Ghaza qui meurt la nuit en des assassinats nazis
Etalage de stratégie, mitraille dans l’hérésie
Des Onu des Otan et autant d’euro-dollars
Où des soldats venus tôt ou dans le tard
Par de durables passions calmement ancrées
Entre les murs de béton et d’épaisses marées
Qui ramènent au grand jour leurs jours mal oubliés.

Ici dort un peuple universel et tendre
Qui n’avait rien d’ambigu au galop des années
Où il fallait sauver l’honneur dans le Comprendre
Et lui qui était né pour transmettre la terre
Et qui venait à peine à la lueur des trêves
De se verser confiant dans la lumière
Et crier la naissance de son âge de raison
Il dut, en ce pays choisi pour ses collines
Ses oiseaux migrateurs son odeur de moisson
S’allonger là dans les couleurs marines.

Soldats d’Israël qu’il est sordide votre passé
Guerriers perpétuels par la guerre plantée
Dans cette dérision de tant et tant mourir
Entends ceux qui veulent crier ton délire

Un peuple en jachère, facile à mutiler
Regardez ces hommes et n’oubliez rien
N’oubliez pas vos conquêtes peu épiques
Vous qui tirez au sort un abîme cynique

Ce sol où vous combattez sans gloire les Pousses
A pour chef lieu Ghaza relais d’une longue marche
Là dans les tombes violées ou l’herbe repousse
Un peuple renouvelé vous regarde dans l’Arche.

© Abderrahmane Zakad – Algérie