Un monde parfait
© Paul Klee
Il grêle dans le magasin de porcelaineTandis qu’il fait jour à minuit plus ou moins cinq
Ta nuit m’emprisonne dans une lumière diaphane
Le silence des oiseaux nous laisse entendre
Le murmure des plantes et le chant des arbres calcinés
La rivière remonte à sa fausse source oubliée
L’eau nous sèche la peau déjà bronzée
Par un soleil qui donne froid dans le dos
Notre sang s’est figé très compact fossilisé
Le regard des autres nous enveloppe
Sans que nous puissions les revoir vivants
Leurs yeux broient du noir
Nous n’articulons que des silences splendides
Si bien pensés qu’ils valent leur pesant d’air
Enveloppés dans la combustion des corps
L’opacité des vitres nous laisse pourtant
Admirer la chute vertigineuse des montagnes
Pendant que les nuages se nichent dans les mines de plomb
Les femmes me sont repoussantes comme des insectes
La douleur s’est faite un réel plaisir
À l’heure où je me tais le temps me hurle
Et la mort se fait consentante pourtant elle me fuit
Je plonge pour m’envoler vers un stade en dessous de la vie
Pour me figer dans l’accéléré d’un bonheur angoissant
Qui jaillit d’une éternité dépassée depuis longtemps
© Paul Klee
Ils me parlent encore pour me détruirePour t’aimer il me suffit de t’oublier à jamais
Ma mémoire n’a plus rien à boire des hommes
Je rampe pour m’élever jamais moins bas
Et entreprendre un voyage entre le marteau et l’enclume
Je te caresse pour me punir de m’avoir quitté
Et mieux revenir à reculons d’avant-hier à aujourd’hui
La diversité de ce monde devient monotone
Les odeurs rivalisent d’angoisse en voyant les sons les pénétrer
La fin et le commencement ne font que trois sans plus
Pour naviguer il faudra prouver sa faim légendaire
Car dormir ne sera plus de tout repos
Nos rêves sont déjà une espèce en voie d’extinction
Les feux d’artifice écriront désormais notre histoire
Et il faudra beaucoup de patience pour les odeurs éteintes
Mon écho voit venir de près la magicienne nue
Mais ne nous laissons pas distraire de ce monde parfait
© Albert Anor


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