vendredi 25 mars 2011

Panique nucléaire au Japon : La peur du « syndrome chinois »

Mémoire des luttes

Survenue après l’effroyable tremblement de terre du 11 mars dernier (de niveau 9 sur l’échelle de Richter, l’un des plus intenses de l’histoire sismique récente du monde) et surtout après le terrible tsunami qui s’est abattu sur la zone une heure après le séisme et qui a entraîné une panne du système auxiliaire de réfrigération, l’explosion du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fukushima 1 au Japon sème la panique dans l’ensemble de la région. Le monde retient son souffle.

Tokyo la capitale et ses 35 millions d’habitants ne se trouvent qu’à 240 kilomètres de la centrale... Et le réacteur n° 3 risque également d’exploser. Si les coeurs des deux réacteurs venaient à fondre - ce que nul ne peut exclure pour l’instant - on se retrouverait en présence d’une catastrophe nucléaire civile inédite par son ampleur et par l’importance colossale de ses dégâts humains potentiels.

Pour l’heure, il s’agit déjà, selon les experts, du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl, survenu en 1986, qui était de niveau 7 sur l’échelle l’INES (de l’anglais International Nuclear Event Scale, soit Échelle internationale des événements nucléaires) établie par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et graduée de 0 à 7.

Au stade actuel, l’accident nucléaire de Fukushima est déjà classé de niveau 4 et s’apparente à celui qui s’est produit le 28 mars 1979 à la centrale de Three Miles Island (Pennsylvanie, États-Unis) lorsque, à la suite d’une chaîne d’évènements accidentels, le cœur du réacteur de type réacteur à eau pressurisée, appelé TMI-2, a en partie fondu. Cet accident a été classé au niveau 5 sur l’échelle de l’INES.

À cet égard, il n’est pas inintéressant de revoir un film américain de James Bridges intitulé : Le Syndrome chinois (The China Syndrome). Sorti quinze jours à peine avant l’accident de Three Mile Island lorsqu’une partie du cœur du réacteur a fondu. Ce film eut un retentissement médiatique énorme et un écho considérable dans l’opinion. Il alimenta le mouvement contre l’énergie nucléaire aux États-Unis et contribua à faire stopper pendant des décennies le programme nucléaire civil américain.

En voici le synopsis

"Kimberley Wells, journaliste à la télévision, filme en secret au cours d’un documentaire un incident à la centrale nucléaire de Ventana alors que la commission de sûreté tente d’étouffer l’affaire. Son caméraman le montre à un ingénieur nucléaire qui confirme la réalité de l’accident et son caractère potentiellement dangereux. C’est à ce moment qu’est évoquée la notion de « syndrome chinois ».

En effet, le film est basé sur un scénario qui envisage la possibilité d’un emballement du réacteur nucléaire de la centrale (résultant de lacunes volontaires dans le contrôle des principaux composants de la centrale au moment de sa construction) conduisant celui-ci à percer la cuve, faire fondre son enceinte de confinement et à traverser le sol (puisque le poids atomique de l’uranium 235 est le plus lourd) ; en théorie jusqu’au centre de la Terre (et non jusqu’en Chine comme le laisse supposer le titre du film). Un expert en sécurité affirmait littéralement dans le film que « pareille fusion nucléaire pouvait contaminer une surface grande comme la Pennsylvanie et la rendre inhabitable à jamais ».

Juste après la sortie du film, les représentants de l’industrie nucléaire défendirent leur secteur. Ils prétendirent que le film était un moyen irresponsable de la gauche antinucléaire pour attiser la peur du grand public face à l’énergie nucléaire. Les critiques n’auraient pourtant jamais osé imaginer que quinze jours plus tard, la réalité dépasserait la fiction. Même si l’accident de Three Mile Island prouva que la cuve du réacteur et le bâtiment résistaient aux conditions extrêmes d’une fusion du coeur du réacteur. Il existe également des preuves scientifiques et techniques que « le syndrome chinois » ne peut pas se produire dans la réalité. Malgré tout, l’idée est restée ancrée dans la conscience collective. Et on voit revenir cette panique avec le grave accident nucléaire en cours au Japon.

Lire la critique du film Le Syndrome chinois proposée par : Christian Boisvert

Film "China Syndrome (The)" : Les dangers du nucléaire !


"En fin des années 1970, la crainte d’accidents dans les centrales nucléaires est omniprésente. Ce film arrive à point... pour alimenter l’inquiétude ! Une journaliste (excellente Jane Fonda) fait un reportage sur une centrale nucléaire. Pendant le tournage, un incident se produit. Les dirigeants de la centrale minimisent le tout. Mais l’un des employés, joué par Jack Lemmon, très convainquant, comprend qu’on a frôlé la catastrophe. Il décide d’en parler à la journaliste et à son caméraman, le tout jeune Michael Douglas. Mais diverses contraintes politiques empêchent tout ce beau monde de prévenir le public. Il ne reste plus qu’une dernière chose à faire, pour le technicien de la centrale : prendre le centre de contrôle d’assaut et, à la pointe d’une arme à feu, forcer les dirigeants à faire venir la journaliste et son équipe pour un reportage en direct. Tout se met en place, pendant que les dirigeants travaillent fébrilement à investir la salle de contrôle et tuer le technicien. Arriveront-ils avant que ne débute le reportage en direct ?

Ce sont des histoires comme celles-ci, combinées à des accidents comme celui de Three Miles Island qui auront sensibilisé le public aux dangers du nucléaire. En ce sens, ce film est non seulement intéressant mais essentiel. Il prouve bien que le cinéma peut réussir à influencer les gens d’une façon plus efficace que les politiciens ou les associations de défense.

Le film est très bien construit, avec une progression lente mais certaine des éléments de tension. On pourra critiquer l’utilisation de termes trop techniques qui égarent rapidement le spectateur. Mais cela a aussi le bon côté de démontrer, à tort ou à raison, que les réalisateurs du film connaissaient bien leur sujet. C’est un excellent film qui vieillit très bien !"

Medelu

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