vendredi 22 juillet 2011

Les Arabes... des cultures et des peuples La littérature (12/30)

Al-Loufok

Il y a comparativement peu de fiction en prose dans la littérature arabe, bien que de nombreuses œuvres non-fictionnelles contiennent de courtes histoires. Une large proportion de celles-ci ont probablement été inventées de toutes pièces ou embellies. L’absence d’œuvres fictionnelles complètes est en partie due à la distinction entre a-fusha, la langue érudite, et al-ammiyyah, la langue populaire.

Quelques écrivains se sont efforcés d’écrire des œuvres en langue populaire, mais il a été ressentit que cette littérature devait s’améliorer et présenter des objectifs plus précis, c’est-à-dire être davantage instructive plutôt que d’avoir simplement un objectif divertissant. Ce point de vue n’a cependant pas mis fin au rôle traditionnel des « hakawati » ou conteurs d’histoires qui ont continué à raconter les épisodes distrayants des œuvres éducatives ainsi que les nombreuses fables et contes populaires qui n’étaient pas habituellement consignés par écrit.

Les contes des Mille et Une Nuits, qui sont parmi les plus connus de la littérature arabe et qui ont toujours un impact important sur les idées que les non-Arabes ont de la culture arabe, constituent cependant une exception notable à l’absence de fiction. Bien que considérés comme d’origine arabe, ils furent en fait développés à partir d’œuvres persanes, et les histoires elle-même ont peut-être des racines en Inde. Les histoires d‘Aladin et la lampe merveilleuse et d‘Ali Baba et les quarante voleurs constituent de bons exemples de l’absence de prose fictionnelle populaire en arabe. Habituellement considérées comme des épisodes des Mille et Une Nuits, elles ne font en fait pas partie des contes originaux. Elles y furent incluses pour la première fois dans la traduction française des contes par Antoine Galland, qui les avaient entendus de la bouche d’un conteur traditionnel. Auparavant elles n’existaient que dans des manuscrits arabes incomplets. L’autre personnage haut en couleur de la littérature arabe fictionnelle, Sinbad, provient bien, lui, des Mille et Une Nuits.

Les Mille et Une Nuits sont généralement rangées dans le genre de la littérature arabe épique, au côté de nombreuses autres œuvres. Ce sont habituellement des collections de courtes histoires ou d’épisodes enfilés ensemble dans un long conte unique. Les versions étendues furent consignées par écrit, la plupart du temps assez tardivement, après le XIVe siècle, quoique nombre d’entre elles fussent indubitablement collectées plus tôt et que plusieurs des histoires originelles remontent probablement à l’époque pré-islamique. Dans ces collections on peut trouver de nombreux types d’histoires différentes telles que : des fables animales, des proverbes, des histoires sur le jihad et la propagation de la foi, des contes humoristiques, des contes moraux, et même des contes traitant de personnages caractéristiques comme l’escroc rusé Ali Zaybaq ou le farceur Joha.

Le genre maqâmat, une forme intermédiaire de prose rimée, ne dépasse pas seulement l’opposition entre prose et poésie : elle est aussi une voie intermédiaire entre les genres fictionnel et non fictionnel. En dehors des séries de courts récits qui sont des fictions tirées de situations de la vie réelle, d’autres thèmes sont envisagés. Un exemple célèbre est le Maqâma sur le musc, qui se présente comme une comparaison des caractéristiques de différents parfums, mais qui est en fait une satire politique masquée faisant la comparaison entre plusieurs souverains concurrents. Le maqâmat fait également usage de la doctrine du « badi » qui consiste en l’addition délibérée de tournures littéraires complexes destinées à montrer la dextérité langagière de l’écrivain. Al-hamadhani est considéré comme le fondateur du genre maqâmat et ses travaux furent repris par Abu Muhammad al-Qasim al-Hariri, rédacteur d’un maqâmat qui constitue une étude des travaux d’Al-Hamadhani lui-même. Le maqâmat fut un genre incroyablement populaire de la littérature arabe. Il fut l’une des rares formes que l’on continua à utiliser durant le déclin de la littérature arabe au XVIIe et XVIIIe siècle et que Gibran Khalil Gibran a réinvesti au XXe siècle.

Photo : Une version arabe des Mille et Une Nuits (Kitab alf layla wa layla)

Al-Loufok

Aucun commentaire: