La Côte d’Ivoire de 2011 serait-elle un pays immature au point de ne pouvoir rendre la justice ? La facilité avec laquelle le gouvernement de Ouattara dit vouloir s’en remettre à la Cour Pénale Internationale pour juger Gbagbo est un bien mauvais signe.
Le statut de Gbagbo a évolué. Assigné à résidence par mesure de sûreté, il vient d’être inculpé de crimes économiques et placé en détention. Le Procureur a fait état de poursuites pour « vol aggravé, atteinte à l`économie nationale, détournement de deniers publics, pillage ». Gbagbo devrait ouvrir une page facebook en commun avec Moubarak : le partage de l’expérience est toujours intéressant.
Après, les histoires risquent de diverger, car alors que la jeune Égypte de la Révolution a démarré le procès des dirigeants du pays, le déjà rouillé gouvernement de Côte d’Ivoire souhaite au plus vite refiler l’affaire à la Cour Pénale Internationale.
Transférer le procès à La Haye, c’est une solution de facilité. La procédure y est très respectueuse des droits de la défense. Le procès sera long, et ainsi éloigné du calendrier politique. Et quoi qu’il arrive ce sera l’affaire des juges de la Cour.
Ce transfert signerait l’abandon d’une tâche essentielle. La Côte d’Ivoire est indépendante depuis 1960 et il y a peu d’arguments pour dire que l’Etat n’est pas en mesure de tenir le procès.
La com’ est partie à tout va : c’est pour ne pas être accusé de jouer la justice des vainqueurs. Ouah le tout petit argument… Les règles du procès équitable sont universelles et bien connues, alors un peu d’effort. La Côte d'Ivoire ne manque pas de juristes de talent, et le pays avait connu une campagne électorale nickel. Alors, c'est quoi cette façon d'abandonner la justice?
Ces grands procès sont des défis, et toujours des mauvais moments, mais il faut se colter. Alors que l’Égypte, sortie de la dictature il y a six mois, essaie, la démission annoncée de la Cote d’Ivoire est un très mauvais signe, pour le pays, et pour le gouvernement.
Gilles Devers, avocat.
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