C’est pourtant au nom du devoir d’assistance humanitaire que l’OTAN intervient en Libye...
Les tragédies humaines en mer dont les malheureuses victimes sont des migrants clandestins ne se comptent plus. Celle qui s’est jouée ces derniers jours au large de l’île italienne de Lampedusa concerne une centaine de migrants clandestins ayant quitté la côte libyenne à bord d’une embarcation vétuste. Ils auraient tous péri, soit morts exténués des suites des privations endurées, soient noyés après que l’embarcation eut coulé.
Leur atroce fin est connue parce qu’elle a eu pour témoins impuissants d’autres migrants clandestins dont l’embarcation a été arraisonnée par les gardes-côtes italiens. Cet énième drame aurait pu, semble-t-il, être évité, selon les autorités italiennes, si l’OTAN, dont les navires croisent au large, le long de la côte libyenne, avait donné suite à leur demande d’intervention.
Le ministre des Affaires étrangères de Rome a en effet catégoriquement affirmé qu’il était possible de secourir les malheureuses victimes si l’un des navires de l’OTAN, proche du lieu de la tragédie, s’y était rendu comme l’ont demandé les autorités italiennes. L’OTAN, ce qu’elle récuse, aurait, selon le ministre, refusé de faire ce geste humanitaire, qui a qualifié son refus de crime de «non-assistance à personnes en danger».
C’est pourtant au nom du devoir d’assistance humanitaire que l’OTAN intervient en Libye. Sa mission est, nous semble-t-il, de protéger la population de ce pays. Les passagers de l’embarcation qui a coulé non loin de ses navires avaient embarqué de la côte libyenne, fuyant ou les exactions des belligérants ou les bombardements effectués par l’armada aérienne de cette OTAN. L’OTAN, dont les États membres se targuent d’avoir des valeurs civilisationnelles et humanistes, aurait dû par conséquent prendre en compte par obligation morale la demande d’intervention de secours que lui ont formulée les autorités italiennes, dont le pays est l’un de ses membres.
L’attitude de l’OTAN, s’agissant de migrants fuyant un pays où son engagement militaire contribue au chaos dans il est la proie, ne lui est pas exclusive. Les États européens, dont les forces militaires participent sous sa bannière à l’intervention en Libye, se désintéressent eux aussi du sort des fuyards quittant la Libye. La France par exemple, qui justifie son acharnement dans la crise libyenne par la défense de la population, ferme ses frontières à ceux parmi celle-ci qui ont tenté l’aventure de quitter, à leurs risques et périls, la Libye pour trouver chez elle refuge contre les dangers encourus par eux dans leur pays.
La fausseté de la raison humanitariste de l’intervention occidentale en Libye se révèle dans tout son cynisme par le comportement qu’ont les États concernés à l’égard de la migration provoquée par le conflit qui se déroule dans ce pays. Ils n’expriment de compassion et de sollicitude pour le drame des gens touchés par le conflit que pour faire accepter par l’opinion internationale une intervention qui s’est transformée en ingérence tout court. Le sort des fuyards et réfugiés victimes du conflit leur est complètement égal.
Pour des raisons qui ne ressortent nullement de l’indignation humanitariste, le ministre italien des Affaires étrangères a porté une accusation de la plus haute gravité contre l’OTAN. Tout ce que prétendra apporter celle-ci pour sa défense ne contrebalancera pas l’effet ravageur de cette accusation sur les principes de droit et de morale dont elle se prévaut pour son action en Libye.
Le Quotidien d'Oran
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