dimanche 27 mai 2012

Je marche, camarade !

Jean-Luc Mélenchon  


Voici une note bien trop longue. Mais les jours passant, chaque morceau étant écrit, mon attention et les faits me tiraient encore à hue et à dia. Ce que je publie va de même. Une part de la suite est déjà écrite. Mais durera-t-elle assez pour valoir la peine ? Ici il est question de notre fabuleux rassemblement sur la place de la mairie à Strasbourg, puis de la venue d’Alexis Tsipras, du sommet du G8 et de divers autres sujets qui me sont venus au clavier en courant tout seul.

À cette place je vous donne une information qui peut intéresser quelques-uns de mes lecteurs. Sachez que le dimanche 3 juin prochain j’organise une marche « l’Humain d’abord » dans le Pas-de-Calais. Nous partirons de la commune de Montigny en Gohelle dans la très disputée 11ème circonscription du Pas-de-Calais. On démarre à 15h30 du Puits Dahomey, rue de la Libération. En chemin, il y a deux haltes. Puis on arrive à 17h aux Grands bureaux des mines sur la commune de Billy-Montigny. D’où vient l’idée ? D’un fait historique. En 1941, en pleine occupation nazie, Emilienne Mopty organise des marches de femmes en soutien aux mineurs grévistes qui défient les nazis. Les femmes du bassin minier, épouses, mères, filles, travailleuses, résisteront aux côtés des 100.000 mineurs qui refusent l’exploitation barbare de l’envahisseur. A l’image de cet esprit de résistance et de fraternité, nous marcherons ce dimanche 3 juin pour nos revendications et pour montrer notre détermination à faire vivre la fraternité et la solidarité entre tous. Vu ? Vient qui veut. Seul ou en cortège. Couleur rouge de rigueur en drapeau ou en habit. Fanfares et instruments appréciés.

Je peux dire que c’était un événement. Un vrai. La place Broglie à Strasbourg pleine de monde et de drapeaux rouges ce mardi soir! Quel moment ! Strasbourg ! Ma candidature y a recueilli 11 % des suffrages, à la moyenne nationale. Et nous avons obtenu plus de sept pour cent dans le département. Convoqué en cinq jours, le rassemblement du Front de Gauche a été un succès total. Et, disons-le, aussi un peu imprévu. En effet personne n’a jamais fait cela depuis De Gaulle en 1947 ! Et le football en 1979. Ce mardi, notre rassemblement fut donc davantage qu’une réunion réussie dans une campagne électorale. C’est un évènement en soi. Notre Front de Gauche est passé, ici aussi, à une autre échelle. Il est devenu un fait de la société alsacienne, intimement lié à sa nouvelle réalité, bigarrée et socialement plus avancée que ne le pensaient maints observateurs. Le jeune Parti de Gauche y joue un rôle central et moteur que personne ne pense à discuter. Si j’en parle c’est parce que j’ai pu ensuite faire la connaissance des cadres de cette organisation. J’ai été frappé par leur jeunesse et par leur mixité. Ages, métiers, origines géographiques, la diversité des recrutements saute aux yeux. Le lien des générations aussi. De même que les traditions naissantes d’organisation très méthodique que je constate avec bonheur. A mes yeux, les amis qui s’organisent méthodiquement et pratiquent entre eux cette discipline d’action qui les unit librement, font preuve d’un haut niveau de conscience politique. Car c’est la façon la plus nette et la plus claire de prendre au sérieux nos propres diagnostics historiques. Comment peut-on autrement se dire conscient de l’arrivée de la saison des tempêtes et agir à la va comme je te pousse sans ordre dans le travail à accomplir ni méthode. Un camarade qui travaille de nuit m’a dit « j’ai trop peu de temps libre pour le gaspiller ». Je pense de même. Je vais plus loin. Je crois que la liberté individuelle est le plus puissant moteur d’action et d’implication personnelle. C’est pourquoi il est si important de ne jamais attendre les consignes pour agir. Et pour prendre l’initiative par petits groupes d’affinités où que l’on se trouve. Cette façon de faire est toujours économe de moyens, de temps et d’énergie, je l’ai constaté maintes fois. De plus elle enracine notre mouvement. Je veux dire qu’elle le libère du poids toujours nivelant que donne la personnalisation de la politique médiatisée. Le rassemblement de Strasbourg a été une magnifique confirmation du meilleur de ce que nous sommes capables de faire avec ces méthodes simples mais si efficaces lorsqu’elles combinent la motivation individuelle et l’action collective.
Autre rendez-vous extraordinaire lundi à Paris ! À l’initiative du Parti de la Gauche Européenne et de son président Pierre Laurent, nous recevions Alexis Tsipras. Je ne le présente pas. Bon, si. Il le faut bien, pour respecter les conventions d’écriture. Celles-ci imposent qu’on définisse et situe tout ce dont on parle par respect pour le lecteur. Alors faisons juste quelques mots. Alexis Tsipras est le premier de cordée de la coalition Syriza. Syriza peut être comparée au Front de Gauche. À ceci près, entre autre chose, qu’un parti communiste sur deux que compte le pays n’en est pas membre et qu’une scission a eu lieu qui en a vu partir un groupe qui penchait pour un accord avec le Pasok. Le Pasok est le parti socialiste grec. Personne ne parle du Pasok en Grèce comme d’un parti de gauche. Ni même lui. Même si son chef est bien le président en exercice de l’internationale socialiste. Ce parti-là est plutôt tribal et propriété personnelle de quelques familles où l’on se succède de père en fils. C’est le cas de Georges Papandréou, fils de Andréas Papandréou et petit-fils de Georges Papandréou, trois générations de Papandréou ayant été Premiers ministres de leur pays. Sexy, n’est-ce pas ? En Grèce, la gauche c’est Syriza. Hors des frontières grecques Syriza devient « d’extrême-gauche », de « gauche radicale » et même « d’ultra gauche » selon le degré de malveillance ou d’ignorance du commentateur. La coalition Syriza recueillait 4,6% des voix en 2009. Aux dernières élections elle a recueilli 18% des suffrages. Aux prochaines en juin prochain elle est créditée de 28% des intentions de vote. Donc elle est annoncée comme la première force politique en Grèce. Alexis devrait donc gouverner son pays dans un mois. Cette nouvelle est un cauchemar pour les gouvernements autoritaires. Toute l’Europe du fric est tétanisée. Mais que va faire cet homme qui refuse absolument le mémorandum ? Croit-il réellement ce qu’il dit ?

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