Me revoici. J’entre dans le flot de la toile comme on
entre dans la mer pour un bain. Je dois m’acclimater. Je reprends. Tout doux.
Rien ne me fera accélérer. Bien calé dans mon hamac je lis la pile des numéros
de « L’Humanité » que la factrice m’a livrée pendant mon absence. J’ai le
temps ! Je me cale sur un horizon de redémarrage effectif la semaine du 20 août
avec l’horizon du vendredi 24 août à Grenoble.
En effet le Parti de Gauche m’y
donne la parole pour un meeting public en conclusion de son « remue méninges ».
C’est juste la veille de l’ouverture, le lendemain, des « Estivales » de notre
Front de Gauche. En semaine, je m’exprimerai ici et là, où l’on me propose des
espaces sans pugilat ni traquenard. Bon. Voyons. Cette note fonctionne comme un
bavardage.
En tous cas c’est un étrange moment
que celui où l’on doit de nouveau s’impliquer dans une mêlée, que l’on a eu tant
de mal à quitter et davantage encore de mal à mettre à distance de soi. La cure
au loin a eu au moins un effet d’apaisement. Quand j’ai découvert, stupéfait, la
revue de presse des saletés publiées à mon sujet cet été, j’ai eu un temps de
cette drôle de nausée qui m’a serré la gorge tant de fois pendant cette dernière
semaine de campagne présidentielle où chaque jour commençait pour moi avec une
calomnie répandue sur le net et relayée par les moutons médiatiques. Mais ça ne
dura pas. Aucun des symptômes physiques de cet état ne se fixait. Je m’ébahis
seulement de la longévité des rancœurs que j’ai suscitées. Les plumitifs qui
s’indignent de mon agressivité et m’invitent à la tolérance se sont encore
lâchés cet été dans les outrances et les insultes. « Mais qu’est-ce que tu leur
as fait pour qu’ils te traitent comme ça », m’a demandé un ami très cher.
Qu’est-ce que je leur ai fait ? Conjugue au pluriel : nous leur avons fait peur,
camarade !
Ma pile du journal « L’Humanité » une fois
finie, j’ai lu les gazettes de la finance. Là, c’est autre
chose. La violence de mon indignation est intacte. Je crois même que ça s’est
aggravé. Je reviens d’une zone du monde en pleine ébullition où tout déborde de
projets et d’énergie. Le choc de la comparaison est sévère. Là-bas aussi ils ont
connu ça jusqu’à ce que commence la vague des révolutions démocratiques qui a
tout balayé. Maintenant les voilà dans les turbulences d’un monde en mouvement.
Ici, c’est : bonjour tristesse. Partout la peur. Partout la déprime. Il y a de
quoi. La politique stupide d’austérité généralisée est en train de provoquer une
récession générale sur le vieux continent. Ricanons en voyant que même ce
mégalithe de madame Merkel commence à payer le prix de la politique de rustre
qu’elle impose à toute l’Europe avec sa bonne conscience à front de bœuf ! Ce
n’est pas faute d’avoir expliqué combien ce désastre était prévisible et combien
il ne pouvait en être autrement. Mais à quoi bon ! Les très intelligents
continuent de pérorer dans les colonnes que je lis. Rien ne les arrêtera. Au
loin, on entend déjà le bruit de la grande chute d’eau qui va envoyer tout le
monde dans le vide. Mais tous pédalent avec ardeur : plus vite, plus fort ! La
Grèce a encore perdu six points d’activité économique ! Pourquoi changer une
politique qui ne marche pas ? L’Espagne est entrée à son tour dans la spirale
mortelle. Quelle surprise ! Lisez le texte de Sépulvéda dans « Le Monde
Diplomatique » de ce mois-ci, malicieusement titré « le chat de Zapatero ». Le
traité européen soi-disant «renégocié» par François Hollande va aggraver ce
chaos déjà automatiquement grandissant. La vérité c’est qu’il est inapplicable.
Qui et comment dans une économie déjà en récession va encore atteindre un
déficit désormais limité à 0,5 % ? Qui est capable de provoquer un tel choc de
contraction de la dépense publique ? Fumisterie ! Mais on peut compter sur
l’armée des « béni oui-oui », en rangs serrés comme d’habitude, médiacrâtes,
« responsables » politiques et compagnie pour assurer un escamotage complet du
débat formel prévu à l’Assemblée pour la ratification du nouveau traité.
La
réalité et la résistance devront donc trouver d’autres chemins.
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Jean-Luc Mélenchon
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