
Oui, des blessés
dans des "lits vides", comme le constate le reporter, Patrick Fandio, qui n’a eu
d’autre choix que de dire la vérité sur ces tentes inoccupées et des lits qui
n’ont jamais reçu le moindre blessé. C’est dire combien sur ce coup-là, la
propagande a donc foiré. Pas un mot de la part du "ministre humanitaire" en
revanche sur des massacres et autres actes inhumains commis par les "pauvres
révolutionnaires", "insurgés", "rebelles" (on ne sait plus quel vocabulaire
adopté face à une horde de djihadistes armés pour la cause par les USA, la
France, la Grande-Bretagne par l’intermédiaire des territoires mercenaires de la
Turquie, du Qatar, de l’Arabie Saoudite et de la Jordanie) qui, pendant la même
semaine, jetaient depuis des immeubles de plusieurs étages des personnes et
égorgeaient publiquement d’autres dans les rues syriennes.
Comme on a pu le voir sur ces images de TF1, un des plus grands outils de la
propagande française, il y a des milliers de blessés, se tordant de douleur mais
opérés par de braves français ayant abandonné pays et familles pour LA "cause
humanitaire" du moment : sauver les victimes d’Al Assad, le nouveau méchant que
la croisade occidentale pourchasse "diplomatiquement". Ces milliers de blessés
imaginaires sous les tentes françaises vus par Laurent Fabius sont déchiquetés
par les bombes de l’armée nationale syrienne renommée "l’armée d’Al-Assad". Ne
les voyez-vous pas, vous ? Seriez-vous aveugles ? Regardez-là, là, làààà, sous
les tentes. Vooooilààààà ! vous les voyez maintenant ? Les victimes de "l’oeuvre
de mort de Bachar Al-Assad" ? Voilààà, c’est rassurant ! Sinon il devenait
inquiétant de constater que vous ne voyiez pas ces civiles blessés malgré leur
présence manifeste sous les tentes françaises.
Comme ces blessés et ces victimes du "bourreau, du massacreur" de Syrie,
selon les mots mêmes de Fabius, sont innombrables et comme la Russie et la Chine
n’entendent en rien céder aux chantages ni aux arguments mensongers dont les
Occidentaux ont le secret en pareilles circonstances, Fabius ira dire en
Turquie, un des canaux de transmission d’armes aux
"rebelles-révolutionnaires-insurgés" syriens qu’au vu de l’hécatombe, "
Bachar Al-Assad ne mérite pas d’être sur terre ". Quelle belle
sentence après avoir vu des blessés occupant des lits vides ! Une telle
déclaration est un appel clair et net au meurtre. Mais qui condamne ces propos ?
Personne. Pas même la fameuse opposition incarnée par l’UMP, si prompte à taper
sur les socialistes tombeurs de Sarkozy qui trouve d’ailleurs que la France de
Hollande n’en fait pas assez sur la Syrie. Bien au contraire, tout le monde
salue la fermeté du ministre. Dans les médias amoureux fous de "la guerre
humanitaire" inventée par l’Occident, "la diplomatie française se donne enfin
des dents" comme le souhaitait Dominique de Villepin sur Europe1 récemment. Sur
France Inter le 17 août 2012, Frédéric Encel, intraitable idéologue se
présentant malgré tout comme un universitaire enseignant de géopolitique
prévenait ceux qui seraient tentés de juger Fabius de Talleyrand qui disait que
tout ce qui est excessif est insignifiant, que l’excès verbal dont a fait preuve
le sosie d’Alain Juppé en la personne de Laurent Fabius était "
parfaitement justifié ", puisque ajoute-t-il, " des
18 mois d’une répression féroce accablant en priorité des civiles avec toute la
panoplie de tortures et humiliations si un haut représentant d’une authentique
démocratie n’emploie pas le terme de bourreau, alors jamais celui-ci ne
s’imposera...Ces propos de notre ministre ne sont pas si virulents que
cela. " Voilà qui est tranché !
Faut-il rappeler que ce nouvel Edit de Fabius s’inscrit dans une longue série
de déclarations du nouveau Alain Juppé, celui qui s’était illustré dans la
chasse à Mouammar Kadhafi avec le mythique massacre des populations civiles
libyennes par le "fou" de Tripoli. Le samedi 21 juillet dernier, le même Fabius
lançait un appel à une non-identifiable opposition montée de toutes pièces en
affirmant que " Le moment est venu de préparer la transition et le
jour d’après. Nous sommes tous d’accord pour considérer que l’heure est venue
pour l’opposition de se mettre en ordre de marche afin de prendre les commandes
du pays. Nous souhaitons la formation rapide d’un gouvernement provisoire
". L’envie est donc immense pour la France et ses alliés d’en découdre
le plus tôt avec le gouvernement syrien et de le remplacer par des satrapes
totalement soumis. La Syrie sera redevenue ce qu’elle fut : un pays sous
"mandat" français comme elle l’avait été de 1919 à 1949. L’indépendance de la
Syrie ne sera reconnue par la France qu’après la guerre de 1946 que celle-ci
avait farouchement mené pour conserver sa tutelle sur le pays. Configuration
identique à la Libye post-Kadhafi qui est une reconstitution de la Libye
italienne après la défaite de Mussolini divisée en la Tripolitaine, la
Cyrénaïque et le Fezzan. Jusqu’au renversement par Kadhafi et ses compagnons du
roi Idriss en septembre 1969, l’Angleterre avait dirigé les deux premières
régions (la Tripolitaine et la Cyrénaïque), la France, quant à elle, avait
régenté le Fezzan et tout ceci avec leurs alliés les Etats-Unis d’Amérique.
Autant ces mêmes pays qui se sont coalisés 42 ans plus tard pour assassiner
Mouammar Kadhafi et reconstituer la Libye coloniale d’antan, autant les mêmes
agissent en Syrie pour remettre ce pays sous leur juron et, par ricochet, se
rapprocher davantage de l’Iran qu’ils ont ciblé depuis longtemps.
La Russie et la Chine, à l’aune de leurs propres intérêts géopolitiques, pour
le moment, n’entendent pas céder sur la Syrie contrairement à ce qu’ils avaient
fait sur la Libye. Ces deux pays avaient livré la Libye aux hyènes occidentales
qui l’ont détruite et mis la main sur ses richesses avec de petits satrapes
soigneusement recrutés à qui ils ont attribué l’exercice de la police locale.
Aussi, la Russie et la Chine ont-ils donné la clé aux Occidentaux de redessiner
tout le Sahara à partir de la Libye. "Qui possède Tripoli possède le
Soudan" (le Soudan entendu ici comme l’Afrique centrale, le coeur de
l’Afrique), énonçait en 1885, Gerhard Rohlfs, voyageur allemand qui parcourait
la région. Cette prédiction est en train de trouver son accomplissement sous
nous nos yeux. Le Mali découpé en est une preuve palpable avec la création du
fameux Azawad après la création du Sud Soudan, créatures dont la vocation est de
répondre aux préoccupations extérieures qu’on cache sous le manteau troué des
revendications indépendantistes locales.
Alain Juppé avec l’appui de Nicolas Sarkozy avait fait des agressions contre
le président laurent Gbagbo et contre Mouammar Kadhafi des affaires
personnelles. Laurent Fabius porté par François Hollande, moins bavard et moins
agité que son prédécesseur mais aussi résolu que lui, fait de la Syrie une
affaire personnelle, multipliant invectives, livraison d’armes et matraquage
verbal contre Bachar Al-Assad. C’est de bonne guerre, car ce qui caractérise
fondamentalement l’Occident c’est qu’il ne s’engage que s’il a procédé à un
calcul minutieux des pertes et profits. Lui dénier ce trait de caractère c’est
faire injure à son génie et à sa civilisation que ses enfants n’hésitent
d’ailleurs pas à présenter comme supérieure. Son histoire montre qu’il n’existe
de cause humanitaire dans laquelle l’Occident s’engage que tout ce qui va dans
le sens de sa puissance et du renforcement de sa domination sur les peuples.
Avec des conséquences aussi juteuses pour l’Occident et surtout pour ses
entreprises multinationales, la guerre humanitaire a de beaux jours devant elle.
À moins que les peuples victimes et potentiellement victimes à cause des
convoitises que suscitent leurs terres décident de se constituer en peuples
solides dotés aussi bien de dirigeants, de citoyens informés et animés de
patriotisme éclairé par l’histoire et les intérêts qui doivent être les leurs
que d’organisation, de discipline et de moyens de défense puissants.
Komla KPOGLI - 20 août 2012 -
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