mardi 16 octobre 2012

Quand Albert Einstein réglait ses comptes avec Dieu

Mélanie Mendelewitsch                                   

La fameuse lettre manuscrite d’Albert Einstein à Eric B. Gutkind du 3 janvier 1954 est en vente sur eBay depuis lundi. Et Dieu est mécontent…
 
Le 3 janvier 1954, Albert Einstein qui résidait alors à Princeton, a envoyé un courrier manuscrit au philosophe Eric Gutkind pour le remercier de lui avoir fait parvenir son livre « Choisir la vie : l’appel biblique à la révolte » (édité en 1952 par H. Schuman). 

Albert aux enchères

Ce document, dont l’authenticité ne fait aucun doute, a déjà fait l’objet d’une transaction plutôt sympathique en 2008. Un collectionneur fan de physique l’avait acheté dans une vente aux enchères à Londres pour 404 000 dollars : soit 25 fois son estimation. Depuis, elle a été précieusement conservée dans un lieu où l’humidité et la lumière sont soigneusement contrôlées. Elle est mise aux enchères depuis lundi au prix de départ de 3 millions de dollars avec l’enveloppe originale timbrée et oblitérée.

Lorsque deux juifs un tant soit peu cultivés échangent en allemand leurs points de vue sur la religion, (qui plus est lorsque l’un d’entre eux, après s’être forgé une jolie petite notoriété mondiale, s’exprime un an avant sa mort), ça présente forcément un certain intérêt historique. En particulier lorsque Einstein livre à Gutkind, le fond de sa pensée sur Dieu et son peuple présumé "élu" :
« …Le mot Dieu n’est pour moi rien de plus que l’expression et le produit des faiblesses humaines, et la Bible un recueil de légendes certes honorables, mais primitives et qui sont assez puériles. Pour moi, aucune interprétation aussi subtile soit-elle ne peut changer cela. Les interprétations subtiles, très torturées, n’ont souvent presque rien à voir avec le texte original. Pour moi, la religion juive comme toutes les autres religions est une incarnation de la plupart de ces superstitions puériles. Le peuple juif, auquel j’appartiens volontiers et dont j’apprécie profondément la mentalité, ne présente pas pour moi de qualités différentes des autres personnes. A en juger par mon expérience, il n’est pas meilleur que d’autres groupes humains encore qu’il soit protégé contre le pire cancer, la guerre, du fait de son manque de puissance. Je ne vois donc rien « d’élu » à son sujet….
Maintenant que je vous ai fait part tout à fait ouvertement des différences dans nos convictions intellectuelles, il me semble clair que nous sommes très proches l’un de l’autre sur l’essentiel des choses, c’est à dire dans notre appréciation du comportement humain. Nous ne sommes séparés que par des ‘accessoires’ intellectuels et la notion de ‘rationalisation’ au sens Freudien. Par conséquent je pense que nous nous comprendrions parfaitement si nous parlions de choses concrètes. Avec d’aimables remerciements et mes meilleurs vœux »

Un mensonge répété systématiquement

Deux mois plus tard, dans une lettre du 24 mars, ce cher Albert remettra le couvert : « Ce que vous avez lu sur mes convictions est bien entendu un mensonge. Un mensonge répété systématiquement. Je ne crois pas en un Dieu personnifié et je ne l’ai jamais nié et au contraire exprimé clairement. S’il y a en moi quelque chose de religieux, alors c’est mon admiration sans borne pour la structure du monde pour autant que la science puisse nous la révéler… »
Bizarrement, on a vu fleurir ces dernières années, notamment en mars dernier, une masse de documents concernant Albert Einstein, rendus publics par les archives de l’Université hébraïque de Jérusalem et au titre du projet de publication des documents Einstein mené par l’Institut Californien de Technologie. 

À l’heure où la religion persiste à tenir une place de choix dans les misères du monde, il n’est pas sans intérêt de connaître le genre de relation qu’entretenait le visionnaire échevelé avec Dieu ; quant à casquer 3 millions de dollars pour en conserver la preuve dans son coffre, c’est une toute autre histoire…. 

Source : bakchich

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