Janus,
divinité romaine, dieu des « commencements et des fins », des « choix et des
portes » était honoré comme « dieu introducteur ». Il était à la fois la «porte
ouvrante» et la «porte fermante» de la religion romaine. Il est représenté avec deux visages,
l'un tourné vers le passé et l'autre tourné vers le
futur.
Remplacez « Janus » par écologistes et « religion romaine » par
politique politicienne… et vous avez
une troublante similitude.
Quand le mouvement écologique apparaît, dans les
années 70, il a tout pour plaire, tout pour convaincre. Non seulement il pose
une question essentielle sur les dégâts occasionnés par l’activité de l’Homme
sur la planète, mais il pose aussi une problématique globale, critique,
transcendant les systèmes en place, le capitalisme à l’Ouest et le
«socialisme» à l’Est. Héritier plus ou moins direct des mouvements
contestataires, et anti autoritaires de la fin des années soixante, il pose
aussi la question du politique, du
pouvoir et de son exercice, de manière
nouvelle et tout à fait originale.
Après s’être gavé de tout et n’importe quoi durant
les « trente glorieuses », gaspillé à outrance et sans compter les ressources
naturelles,… on va petit à petit s’interroger sur la qualité de ce que l’on
consomme et sur les conséquences de ce que l’on fait.
Nombre de celles et ceux qui ont participé aux
évènements de cette époque, s’ils n’adhèrent pas directement au mouvement, s’en
inspirent dans leurs pratiques quotidiennes mais aussi militantes… rappelons-nous le Larzac, Plogoff, Lip… ! ! ! !
Le sérieux incontestable des analyses et les premiers
résultats des observations de l’empreinte humaine sur l’environnement séduisent
et alertent une opinion publique désireuse de renouveau dans le champ lexical du
discours politique. L’écologie donne alors un souffle printanier à la nature
morte de la politique.
Et puis, lentement, la situation se dégrade. Les
formations politiques traditionnelles, se saisissent, plus par intérêt que par
conviction, de ce nouvel eldorado
idéologique qui séduit les foules. Elles
« repeignent en vert » des politiques économiques traditionnelles qui
demeurent inchangées : croissance, spéculation, compétitivité, concurrence…
L’écologie, devient un mouvement,
tiraillé entre les partis politiques traditionnels en manque de modernité et un
désir d’autonomie. Débauchage par les partis traditionnels, volonté
d’indépendance et ambitions personnelles de nouveaux militants en manque
d’insertion sociale et de reconnaissance publique font exploser ce mouvement qui
entre alors dans ce qu’il avait, à l’origine formellement dénoncé, la politique
politicienne traditionnelle.
Aujourd’hui l’écologie est devenue l’otage autant des
partis traditionnels qui la dénaturent (si l’on ose dire), que de bureaucrates
carriéristes (des noms ?) aux dents longues qui ont trouvé en elle le moyen de
faire une carrière politique délaissant les verts pâturages pour les moelleuses
moquettes des palais de la République et/ou de l’Europe.
Double face et double discours
Si les problèmes soulevés par l’écologie sont
toujours d’actualité, les messages portés par celles et ceux qui se considèrent
– nommé/es par qui au fait ? - les porteurs de la pensée écologique sont loin
d’avoir la transparence de l’eau pure dont ils font la
promotion.
L’argument fallacieux qui consiste à se justifier en
disant « Il vaut mieux être dans le
gouvernement ça permet de faire évoluer les choses », est un argument qui a
justifié, partout et à toutes les époques les pires trahisons collaborations,
démissions, capitulations, « retournement
de vestes »… L’exemple, dans le passé des « communistes » est là pour le confirmer.
Non seulement il n’a pas permis de poser les vrais problèmes, mais au contraire
de justifier toutes les compromissions…et de semer la confusion dans les
esprits et les consciences (des exemples ?).
Les gouvernements de droite comme de gauche ont
largement eu recours à des «écologistes» de complaisance (des noms ?) pour
justifier leurs politiques industrielles et agricoles et permettre, avec quelques brefs coups de
pinceau de couleur verte, de valider
écologiquement la gestion d’un système qui se moque de l’environnement comme
d’une guigne….
Ces pseudo écologistes, seulement capables de coups
médiatiques, qui sur le fond étaient certes intéressants, mais qu’ils ont su
largement exploiter pour lancer leur carrière politique, ont ainsi contribué à la dilution de la
conscience écologique dans un système aux capacités de digestion
exceptionnelles. De l’extrême droite, à l’extrême gauche tout le monde est
écologiste… et quand un parti se dit officiellement « écologiste » il concentre
à lui seul toutes les ambiguïtés, surtout quand transparaît les ambitions
politiques de ses membres (des noms ?).
La pratique politique, le discours politique
écologiste sont devenus des exemples même d’ambivalence, de sous entendus, de
rhétorique à double détente qui n’ont rien à envier aux organisations
traditionnelles qui originellement étaient, à juste titre, dans le collimateur
des défenseurs de l’environnement.
Qui peut aujourd’hui prendre au sérieux l’attitude et
les discours de prétendus écologistes qui, d’une part participent à un
gouvernement social libéral, qui fait
de la croissance sa religion, et d’autre part appellent à la contestation contre
des projets de ce même gouvernement ?
Qui peut aujourd’hui prendre au sérieux des hommes et
des femmes qui appartiennent désormais à une classe politique dont ils ont jadis
dénoncé les pratiques, les privilèges et le train de vie bien peu écologique,…
et qui se sont « pliés » sans trop de problèmes de conscience à ces pratiques ?
Double discours, double face, double visage qui
ménagent « la chèvre et le chou »…
même le PCF, qui a pourtant avalé pas mal de couleuvres en son temps, n’a jamais
osé aller aussi loin dans l’ambiguïté et la compromission.
Ce n’est certainement pas à partir de ces personnages
que progressera la pensée écologique, sans parler des pratiques. Une fois encore
nous faisons l’expérience du caractère déterminant des pratiques alternatives
issues de la base qui, sans être immédiatement et globalement opérationnelles,
n’en constituent pas moins l’essence de ce qui sera demain la défense et la
préservation de l’environnement et de la qualité de nos vies.
Patrick Mignard

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