Tout le monde connait l’expression deux poids deux mesures. Elle a
rarement aussi bien pris son sens que dans le traitement politique et
médiatique des Français détenus/retenus à l’étranger.
L’orgie médiatique autour du cas de Florence Cassez vient nous
rappeler que beaucoup d’autres français sont retenus à l’étranger et que
ni Sarkozy ni Hollande ne peuvent affirmer accorder le même soutien à
tous.
On a évoqué à plusieurs reprises le cas de Salah Hamouri, pour lequel les autorités françaises ont assuré moins que le service minimum.
Aujourd’hui, le cas d’une autre Française vient illustrer ce traitement différencié, qui vire au discriminatoire.
Sevil Sevimli, vous connaissez ? Je m’en doutais un peu. C’est juste
une étudiante franco-turque qui a été arrêtée en Turquie en mai 2012 et
qui, depuis, a l’interdiction de quitter le territoire pour rejoindre sa
famille installée dans la région lyonnaise.
On l’accuse d’appartenance à un groupe terroriste, en clair le
Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). Parti
pro-kurde, en guerre avec le régime d’Ankara.
Pour les autorités turques, être de gauche c’est déjà être un terroriste potentiel.
Le dossier de Sevim, est vide, tout comme l’était celui de Salah. La
jeune femme a pourtant effectué 3 mois de détention préventive avant
d’être libérée en août, mais flanquée d’une interdiction de quitter le
territoire.
Ce qu’elle risque ? Pas grand chose : 15 à 32 ans de prison.
Côté médias, quelques articles et dépêches. Mais rien comparé au
déferlement médiatique qu’ont connu d’autres personnes retenues à
l’étranger, comme Florence Cassez ou Gilad Shalit. Tant mieux pour eux.
En attendant d’autres n’ont pas cette chance.
Côté partis politiques, le PCF a pris position. Je n’ai rien vu d’autre……..
J’entends déjà : « Oui mais Gilad était otage du Hamas ». Oui mais Gilad servait dans une armée d’occupation, c’était un soldat.
Quant à Florence, elle a toujours clamé son innocence. Sevim aussi.
Tous ont des parents, des familles, mais tous n’ont pas la chance d’être reçus à l’Elysée.
Le traitement est évidemment disproportionné. Dans le cas de Gilad,
ses attachés de presse du CRIF et l’Ambassade d’Israël ont fait leur
boulot pour ériger Gilad en cause nationale.
Pour Florence Cassez, l’attaché de presse désigné s’appelle Nicolas Sarkozy.
Qui s’est bougé pour Sevim ? Sa famille, ses amis étudiants, l’UNEF, le Président de la fac où elle étudiait, Lyon 2.
Côté autorités françaises, on raconte que le cas de Sevil Sevimli a
été l’un des sujets de débat de la récente rencontre à Ankara entre le
ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son
homologue turc Ahmet Davutoglu. La belle affaire.
Récemment, un très bon reportage dans Le Supplément, sur Canal+, est
venu rappeler avec acuité l’injustice que constitue le maintien de Sevim
en Turquie, loin de ses proches.
L’inaction du gouvernement, le silence du Président Hollande et du
Parti socialiste est pour le moins inacceptable quand, à Roissy,
tous étaient présents pour accueillir une autre française, qui elle, il
est vrai a un prénom bien gaulois, qui figure dans le calendrier.
Jusqu’à preuve du contraire, ni Salah, ni Sevim ne sont des enfants de la République.
Il est tristement indéniable que les origines de nos compatriotes
jouent en leur défaveur et se cacher derrière les problèmes politiques
qu’ils sont censés poser ne suffit plus.
Salah et Sevim sont des musulmans d’apparence, qui ont des sympathies
avouées envers les peuples palestinien et kurde. Ils en paient le prix
deux fois, accusés en Israël et en Turquie, et lâchement abandonnés ici.
Un récent sondage vient nous dire qu’une majorité de français voient
l’islam comme une menace. Tout est lié. Le climat islamophobe dans le
pays vient confirmer cette thèse : il ne fait pas bon être basané dans
la République française.


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