On ne deviendra que ce que l’on mérite de devenir. En clair, tu nais arabe ou
noir dans la misère, tu deviendras soit arabe ou noir pauvre, soit arabe ou noir
voleur voire dealer ou mieux, les deux à la fois.
On ne cesse de nous le répéter : voisins, conseillers d’orientation, Brice
Hortefeux…
Du coup, pour celle et ceux qui s’acharnent à vouloir s’émanciper,
s’affranchir de leur condition sociale, c’est la double peine.
D’une part, on leur met des bâtons dans les roues en leur rappelant qu’ils
vont devoir en faire dix fois plus pour y arriver.
D’autre part, on les renvoie toujours à leur condition sociale, à
leurs origines et à leur religion, qu’ils soient ouvriers ou avocats.
La tentation est grande, afin de ne pas se voir reléguer au rang de bougnoule
ou de nègre, de jouer -justement- l’arabe ou le noir de service.
L’arabe ou le noir de service est celui ou celle qui acceptera toutes les
compromissions à condition de se voir garantir l’accès à un certain standing, de
se voir reconnu socialement par ses pairs, fussent-ils racistes et
réactionnaires. Ainsi, triés sur le volet ces personnes seront les cautions
visibles, les mascottes qu’on sortira de temps à autre pour justifier une loi ou
un propos raciste.
Les arabes et les noirs, les « minorités les plus visibles » -notamment
depuis que Nicolas Sarkozy les a qualifié de " musulmans d’apparence " – brillent
paradoxalement par leur absence.
À l’époque déjà, dans une tribune, nous alertions sur le scandale de la non
représentativité des institutions. En l’occurrence, le
Sénat.
Certains s’essaient malgré tout à l’intégration politique. Pari hautement
risqué.
Rachida Dati, pour ne citer qu’elle – on pourrait citer son pendant masculin
au PS, Malek Boutih – a on le sait, avalé beaucoup de couleuvres depuis qu’elle
est à l’UMP.
Elle a permis à ce parti ultra droitier de prétendre ne pas être raciste, la
preuve étant que Rachida Dati – nom à consonance exotique - était députée
européenne.
L’UMP à juste oublié de préciser que son dernier organigramme témoigne d’un
passage au karcher impitoyable. Aucune
personne dite issue des minorités n’y figure désormais.
Récemment, Claude Goasguen, connu entre autres gourmandises, pour avoir été
membre du groupuscule raciste et fasciste Occident, est revenu l’espace de
quelques instants, à ses premières amours d’extrême droite.
Il a dit à Rachida Dati qu’elle pouvait retourner dans le 9-3 et qu’il
n’était pas question qu’elle importe ses moeurs à Paris et encore moins dans le
très populaire 16 ème arrondissement.
Par moeurs, sans doute voulait-il parler d’excision, de burqa, du halal, des
moutons égorgés dans la baignoire, des prières de rue..
Nonobstant le fait que cette sortie est insultante une fois de plus pour
les quartiers populaires, celle-ci a le mérite de montrer le vrai visage de
l’UMP, celui qui se cache derrière un autre voile, celui de la prétendue droite
républicaine.
Il n’est pas question -vous l’aurez compris- pour l’UMP, qu’une arabe soit
candidate à la Mairie de Paris.
Le cauchemar suprême : une arabe maire de Paris.
Ceci, est déclinable à l’envie pour Lyon, Marseille, Lille, toutes les villes
dont on dit qu’elles «comptent».
C’est aussi valable pour les présidences de région. En fait c’est valable
partout où il y a des responsabilités.
Et c’est valable aussi pour beaucoup d’autres formations politiques, pour ne
pas dire toutes.
Certains y verront de la victimisation, j’appellerai plutôt ça un constat, et
pas à l’amiable.
Depuis 30 ans, les partis politiques ont appliqué à merveille la recette de
la reproduction sociale, du copinage, de l’entre soi, une sorte
de consanguinité qui a favorisé l’exclusion de celles et ceux qui ne venaient
pas du même monde, qui ne se fondaient pas dans le même moule.
Résultat, une défiance jamais atteinte envers les élus et les partis
politiques et la multiplication des initiatives locales plus ou moins heureuses,
bien souvent sur des bases communautaires et identitaires.
Parce que les partis politiques ont sciemment échoué et se sont
volontairement désengagés des quartiers, les prochaines échéances électorales
seront celles du repli communautaire et social ou ne seront pas.
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