La question de la dette publique n’est pas enfouie sous en tas de poussière.
Alors que la France emprunte à des taux d’intérêt exceptionnellement bas, répit
accordé par les zinzins(4) aux dents longues, elle reste prête à resurgir.
Les prestations sociales sont sous le feu de la montée du
chômage.
Depuis 1945, nos prestations sociales sont financées à la fois par le
versement des cotisations sociales et par les contributions de l’État. À
l’œuvre : les retraites, les remboursements maladies, le chômage (1). À l’heure
des injonctions politiques et médiatiques concernant le déficit des institutions
de protection sociale, l’urgence est de faire le point sur son mécanisme de
financement. En effet, entre l’affirmation de Michel Sapin « qu’un système
d’indemnisation chômage soit déficitaire dans une période de gros chômage, c’est
la nature des choses » et de conclure qu’il faut « prendre des mesures
sur le régime des indemnités » (2) ou encore, concernant « la réforme
nécessaire du régime des retraites »(3), les intentions du gouvernement de
revoir le calcul de ses montants, la question se pose de la sauvegarde de nos
acquis sociaux. Information cruciale : la sécurité sociale n’a pas de budget.
Comment ses institutions peuvent-elles donc être déficitaires ? Parce qu’elles
tiennent bien des comptes qui permettent de suivre leurs besoins de financement.
Le lien entre la situation de l’emploi et le financement de la sécurité sociale
est inéluctable. 1% de baisse de la masse salariale, c’est 2.5 Milliards d’euros
perdus pour la Sécurité Sociale. D’après l’Acoss (4), l’agence chargée de
répartir les cotisations et les contributions aux différents services (URSSAF,
collectivités, État), la gestion de la trésorerie va s’avérer difficile. Mais ce
qu’il n’est pas opportun de préciser à l’heure des engagements de réduction des
déficits de l’État (mais sans compter le paiement des intérêts de la dette),
c’est qu’elle ne serait pas déficitaire si l’État faisait face à ses obligations
de la financer (5).
Et ce n’est pas le répit accordé par les créanciers de la France qui
leur font la part belle.
Touché ! Le financement de la sécurité sociale ne repose donc pas seulement
sur les cotisations sociales, mais aussi sur les contributions de l’État.
Coulé ! Le gouvernement fait le choix entre ses obligations sociales, le
remboursement des intérêts de la dette (83 milliards d’euros en 2010 : son
premier poste de dépenses) et ses engagements pris à la signature du Pacte
budgétaire de ramener son déficit à O,5% du PIB. L’erreur dans le diagnostic
plonge le malade dans le coma. Alors que les exonérations fiscales accordées aux
entreprises, les allègements de cotisations patronales et sociales lui ont déjà
coûté pas moins de 88 milliards d’euros (6), assurer désormais qu’il incombe aux
citoyens d’admettre une réduction des prestations sociales sous prétexte que la
croissance est nulle est une position sévère. Relancer la croissance, c’est
plutôt nous donner les conditions de consommer à nouveau.
Qui sauvera la vie de la Sécu ?
À ce jour, les orientations du gouvernement relatives à l’accord de
« sécurisation de l’emploi » pour la réforme des retraites et ses
déclarations sur le coût des prestations sociales ne montrent pas de
perspectives honnêtes quant à ses obligations envers la sécurité sociale.
Les parlementaires et le gouvernement qui votent les budgets doivent être
saisis de la volonté des citoyens de mettre à jour les finances publiques et de
participer à leurs adoptions. Déjà, un audit citoyen de la dette est lancé.
L’argent cotisé doit être attribué de manière démocratique et non plus au profit
des créanciers de la dette publique qui ne participent en rien à la création de
la richesse nationale et qui n’ont aucun droit à participer à la casse de notre
sécurité sociale (7).
Charlotte Géhin
Notes
(1) : Alors que les risques vieillesse représentent 46,3% des prestations
sociales, le risque santé en représente 35,9%, le risque emploi (chômage), 7,1%
et l’exclusion sociale, dont le RSA, n’en représente que 1,9%.
(2) : Cf article Le Monde du 22 Janvier Sapin : "Il faudra prendre des mesures sur le régime chômage"
(3) : Interview de Michel Sapin dur RTL. Les négociations devraient avoir lieu dès le mois d’Avril.
(4) : l’ACOSS (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale)
(5) : Selon CSS Article L131-7 et Article L131-8 La compensation financière des exonérations de charges sociales donne lieu à compensation intégrale aux régimes concernés par le budget de l’Etat
(6) : Les allègements des charges patronales et sociales ont permis d’augmenter les revenus des capitaux et ont creusé la dette. (barème de l’impôt sur le revenu : moins 15 milliards d’euros, niches fiscales, moins 73 milliards + 75 milliards qui ne seraient pas dans les listes, le régime des filiales moins 34 milliards, la loi TEPA (heures sup) moins 4 milliards, IS moins 28 milliards, IRPP moins 5 milliards.
(7) : Les détenteurs des titres de la dette sont répartis comme suit : 71% de la dette français est détenue par des non-résidents, parmi les 29% résidents, 23% des titres est détenue par les sociétés d’assurance, 15% par les établissements financiers, 3% par des OPCVM. Ils Sont appelés les zinzins. Tous organismes privés qui bénéficient des avantages fiscaux sur le territoire.
Le Grand Soir
(2) : Cf article Le Monde du 22 Janvier Sapin : "Il faudra prendre des mesures sur le régime chômage"
(3) : Interview de Michel Sapin dur RTL. Les négociations devraient avoir lieu dès le mois d’Avril.
(4) : l’ACOSS (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale)
(5) : Selon CSS Article L131-7 et Article L131-8 La compensation financière des exonérations de charges sociales donne lieu à compensation intégrale aux régimes concernés par le budget de l’Etat
(6) : Les allègements des charges patronales et sociales ont permis d’augmenter les revenus des capitaux et ont creusé la dette. (barème de l’impôt sur le revenu : moins 15 milliards d’euros, niches fiscales, moins 73 milliards + 75 milliards qui ne seraient pas dans les listes, le régime des filiales moins 34 milliards, la loi TEPA (heures sup) moins 4 milliards, IS moins 28 milliards, IRPP moins 5 milliards.
(7) : Les détenteurs des titres de la dette sont répartis comme suit : 71% de la dette français est détenue par des non-résidents, parmi les 29% résidents, 23% des titres est détenue par les sociétés d’assurance, 15% par les établissements financiers, 3% par des OPCVM. Ils Sont appelés les zinzins. Tous organismes privés qui bénéficient des avantages fiscaux sur le territoire.
Le Grand Soir

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire